Réaction tardive, mais il n’est point de « premier mai » pour les mères de famille des classes laborieuses...
« Quand on paye 150 000 euros d’impôts, on a des revenus indécents... »
Sans doute est - il plus convenable d’aller vivre en en Suisse ou de devenir citoyen monégasque afin de ne pas avoir à payer d’impôts ?
Pourquoi une personne de droite pourrait-elle clamer haut et fort que si elle a de l’argent, c’est qu’elle la mérité, et ce tout en refusant de participer à la solidarité nationale, et une personne de gauche devrait en avoir honte et tout distribuer, vite , vite à ses petits copains dans le besoin et jouer à la « bonne dame patronnesse » ? Je ne sais pas comment Hunter gagne sa vie, (en tous les cas, il ne la « vole pas », sinon, il ne serait pas imposable), mais ne pas chercher à se soustraire à l’impôt est un gage de citoyenneté et de moralité. Au moins respecte- t il la loi sans se permettre de décider qui seront « ses pauvres » , ceux qui auront la chance de bénéficier de sa générosité parce qu’ils auront l’heur de lui plaire, et il vote, je le suppose, pour élire les responsables qui seront, selon lui, les mieux apte à dépenser son argent pour les choses qui lui paraissent importante. En cela, il me paraît éminemment plus décent que ceux qui se permettent de donner des leçons de civisme en usant et abusant de réseaux, privilèges et passe- droits , et le comble, qui viennent sur des plateaux de télé, la bouche en cœur et la larme à l’œil sur mascara water-proof, culpabiliser des vieilles dames à 640 euros de retraite par mois pour qu’elles se montrent généreuses envers l’association qu’ils parrainent, et ce tout en nous fourguant, mine de rien, leur dernière « œuvre », ostensiblement brandie par l’animateur/trice dégoulinant(e) de flagornerie pendant qu’ils rougissent comme des rosières en protestant qu’ils ne sont pas là pour ça... Ce n’est pas indécent ça ? Et encore, lorsqu’il s’agit d’artistes ou de sportifs, ont peut toujours objecter que s’ils gagnent autant, c’est qu’ils font gagner plus encore : on le sait, le libéralisme ne fait pas de cadeaux ... Et puis ils ne font de mal à personne (quoi que pour certains, leurs productions mériteraient que l’on en mesure l’impact sur la santé mentale...). Réfléchissez bien cher Torr-Ben : n’avez-vous jamais, jamais, jamais bénéficié de quoi que ce soit de public dans ce pays ? Sûr ? Même pas un lampadaire sur la voie publique pour chercher vos clefs dessous ? Jamais de médecin remboursé, jamais d’intervention chirurgicale, jamais d’école publique ? Pas la moindre petite allocation, bourse, exonération ? Non ? Vous avez de la chance. Si oui, en revanche, imaginez comment vous vous sentiriez si, au lieu d’envoyer votre feuille à la sécu ou de tendre votre carte vitale, vous deviez faire le tour des « généreux donateurs » pour pouvoir faire soigner votre carie ou votre ongle incarné, et ce sans garantie car, après tout, on pourrait parfaitement vous envoyer promener sous prétexte que l’on peut très bien vivre sans dents, et vous offrir un vieux mixer, ou tout simplement, votre tête ne revient pas, ou votre moralité est douteuse... « Je ne vous ai pas vu à l’office dimanche, mon brave... Allez, voilà 15 euros pour votre amalgame, mais n’y revenez pas ! ». Mais prêtez l’oreille à ceci :http://www.radiofrance.fr/franceinter/chro/linvitede/index.php?id=54759 Le 15 avril, madame Parisot, présidente déclarait qu’elle avait été « frappée de stupeur » par le montant du parachute doré offert à Mr. Forgeard suite à son échec à la tête du groupe Airbus, mais se dit par la suite « stupéfaite par le déferlement d’anathèmes, d’ignorance et de démagogie qui ont suivi ces révélations », car selon elle, « personne ne dispose des éléments qui permettent de dire si ces indemnités sont justifiées ou pas... personne ne le sait en dehors des membres du conseil d’administration et de l’assemblée générale des actionnaires ». 8, 6 millions d’ euros pour un échec ! A supposer que vous ayez la chance d’ avoir un emploi « moyen » (source http://www.insee.fr/fr/ffc/chifcle_fiche.asp?ref_id=NATFPS04101&tab_id=38) vous devriez travailler 361 ans et des brouettes pour gagner cette somme (et encore, si vous êtes un homme, sinon, ça passe à 448 ans ! Je sais que nous avons la chance d’être plus résistantes que nos chers compagnons et de leur survivre, hélas, quelques années, mais quand même, partir à la retraite 87 ans plus tard...). Bref, quelles que soient les « compétences exceptionnelles » et le « talent rare » que Madame Parisot prête aux grands dirigeants, et qui insiste encore sur la précarité de leurs emplois (figurez - vous qu’ils peuvent être virés du jour au lendemain ! On aura tout vu...) pour justifier l’énormité des indemnités, je ne pense pas, mon cher Torr-Ben, que vous soyez convaincu que l’échec d’un dirigeant vaille, à la louche, 7 de vos vies actives. Ce n’est pas indécent : c’est carrément obscène. Ce qui est indécent, ce n’est pas d’avoir de hauts revenus (j’en parle d’autant plus tranquillement que les miens ne le sont pas, se situant dans la moyenne malgré un bac + 6, je ne suis pas imposable car soutien de famille, et je ne me plains pas car c’est un choix. J’étais également très heureuse quand je payais des impôts ), ce qui est indécent, c’est de considérer que parce qu’on a de hauts revenus, on vaut plus que les autres, et que par conséquent, ça nous donne le droit de mépriser « la plèbe ». Quant à la valeur « travail », parlons en ! N’est il pas indécent qu’un médecin spécialiste qui s’est tapé 10 ans d’études en tirant la langue et en sacrifiant « l’insouciance de la jeunesse » , et ça fait déjà 10 ans de manque à gagner par rapport à celui qui n’a eu qu’à s’asseoir dans le fauteuil de papa, qui fait parfois vivre deux ou trois personnes (secrétaire, assistant /e(s), comptable, sans compter sa famille), qui paye des assurances pharamineuses, qui, étant donné la lourdeur des investissement que réclament certaines spécialités doit attendre le 18 du mois à 60 heures par semaine pour commencer à gagner sa croûte et celle de ses gosses, ne trouvez- vous pas indécent que cette personne paye plus d’impôts qu’un rentier qui s’enrichit à chaque plan de licenciement ou délocalisation ? Tiens, « rentier » :voilà un mot que l’on utilise plus... « Actionnaire » fait plus moderne. On entend « action », « actif », ça nous fait croire que ça bouge, ça travaille...C’est du muscle, du nerf, de la réactivité, du tonique... « Rentier » fait poussiéreux, gras, mou, vieux profiteur, bouillon... Beurk ! Les mots ne sont pas innocents : je préfère « rentier » ! Je ne sais pas si je suis de gauche, d’extrême gauche ou de centre gauche, ou même de droite, mais je crois en l’éducation, au dialogue, à l’échange. Je crois « naïvement » que personne ne sait tout, que l’on peut apprendre de chacun et que chacun est perfectible. Je suis heureuse de voir mes enfants grandir et s’affirmer, même si nous ne sommes pas toujours d’accord. Je n’ai pas peur de perdre du pouvoir, je n’ai pas peur que l’ « élève dépasse le maître » car si c’était le cas, ce serait un peu grâce à moi et tous auraient à y gagner, alors que tout est à perdre en se recroquevillant sur des certitudes ou en se bornant à constater « un état de fait », ce qui pour moi, n’est pas du réalisme mais de la résignation, du désenchantement, et bientôt de l’aigreur. J’ai une vision humaniste de la société. Utopique, si vous voulez, naïve, irréaliste... Mais cette vision n’a tout de même pas si mal fait son chemin puisque nous sommes sur ce forum en train de débattre au lieu de chasser le rhinocéros laineux (vous) , mijoter le ragout de mammouth en gardant la grotte (moi) -trépasser aux croisades (vous), brûler sur le bûcher pour avoir soigné ma voisine avec de la bave d’escargots (moi) -, trimer dans un champ de poireaux le ventre vide pour remplir le trésor pillé par les fastes de la cour et les guerres (vous), mettre bas mon 17ème enfant dont il ne reste que 5 vivants pour les mettre au boulot dès qu’ils tiennent debout et ne pas crever de faim (moi),- suffoquer 12 heures par jour dans une mine (vous) ou laisser « notre bon maître » exercer son droit de cuissage pour avoir droit aux restes du repas du dimanche (moi)-, se faire humilier par un petit chef sans broncher pour ne pas perdre son emploi (vous) ou se laisser planter une aiguille à tricoter dans l’utérus parce que mon mari ne serait pas content d’un quatrième maintenant vu qu’on a encore 12 traites pour la Dauphine (moi)-... Certes, cette petite fantaisie historique aurait pu être plus gaie si je m’étais rêvée en Cléopâtre, « belle dame du temps jadis » ou favorite du Roi Soleil, mais j’ai préféré faire référence à la majorité des gens dont j’imagine que vous êtes aussi. En espérant vous avoir fait sourire autant que réfléchir...
Laurence
PS : merci à tous ceux qui ont apprécié.
11/05 14:19 - InJustis1994
J’apprécie beaucoup Monsieur Bayrou (ainsi que notre collectif) qui est le seul à vouloir (...)
05/05 16:19 - hunter
Salut à tous, Juste quelques lignes pour remercier Laurence (toujours aussi agréable à lire), (...)
01/05 18:00 - Mango
Réaction tardive, mais il n’est point de « premier mai » pour les mères de famille des (...)
01/05 12:20 - L’accompte S
Tiens hier au soir j’ai pu me rendre compte de la valeur des porte-paroles de monsieur (...)
01/05 10:01 - jc durbant
En tout cas, on vous a pas beaucoup entendu, ni vous ni les indignés professionnels, quand le (...)
01/05 08:49 - chmoll
moi j’vais faire ça j’suis pas d’accord avec ça j’vais mettre dans mon (...)
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