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Commentaire de Voltaire

sur Une leçon de démocratie pour un vote démocratique


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Voltaire Voltaire 2 mai 2007 10:24

Mes excuses pour cette réaction tardive, un long week-end à la campagne (sans internet...) en est responsable... J’en reviens donc avec quelques ampoules et un cerveau qui a pu un temps se resourcer hors média, même si j’ai quand même écouté ce débat samedi, à la radio.

Ma première remarque ira dans le sens de beaucoup de commentaires des médias : ce débat était utile, intéressant, démocratique. Les cris d’orfraie entendus de la part des sarkozystes m’ont esbaudi... Que n’a t-on entendu à propos de ce débat, qu’il pouvait même être anticonstitutionnel... tout cela pour un évènement sommes toute bien naturel dans une démocratie, qui ne méritait certainement pas le tapage médiatique que l’UMP a provoqué, mais qui pour les nombreux électeurs indécis, dont je fais parti, était utile.

Sur le fond, j’en ai retenu deux ou trois choses :

- Il persiste des différences profondes entre les visions de la société de Mme Royal et de Mr Bayrou, qui tournent principalement sur le rôle de l’Etat. Ce n’est pas une surprise, mais cela méritait d’être éclaircit, car le programme de Mme Royal a tendence à évoluer au fil des évènements. Néanmoins, pour répondre à certains commentaires, il existe aussi des différences profondes entre les propositions de Sarkozy et de Bayrou sur l’économie. Je qualifierait les propositions de Bayrou dans ce domaine comme plutôt proches de celles des gaullistes classiques, à la mode Juppé, mais très différentes de celles du libéral Sarkozy : par exemple, jamais Bayrou ne proposerait une exonération totale de droits de succession sur tous les patrimoines (il propose un plafond de 200.000€).

- Il existe en revanche des convergences tout aussi profondes sur leurs approches en ce qui concerne une série de problèmes graves qui touchent notre pays. J’ai retenu en particulier des analyses communes sur la justice, la sécurité, l’Etat impartial.

Sur d’autres sujets, l’Europe, l’Education par exemple, les différences existent mais pourraient faire l’objet de compromis.

La principale satisfaction de ce débat en a été la forme : qu’il ait pu se tenir, de façon cordiale mais explicite, est un élément positif pour la démocratie. C’est aussi, je pense, une certaine victoire pour la méthode préconisée par François Bayrou : en finir avec l’affrontement idéologique stérile, et aborder de façon constructves les problèmes.

Même si personne n’est dupe des objectifs recherchés par chacun, Ségolène Royal et François Bayrou sortent grandis de ce débat. En revanche, Nicolas Sarkozy en est le perdant. En s’obstinant à persévérer dans le rapport de force, plutôt que dans le dialogue, et en refusant de débattre avec Bayrou, il s’est certainement aliéné de nombreux électeurs centristes. Ceux-ci, mis à part ceux qui se sentent par essence de droite, hésitent entre le vote blanc (ou l’abstention), et le vote Royal. Mme Royal a certainement, par ce geste, fait un peu pencher la balance en sa faveur (c’est en tout cas la réaction de très nombreux électeurs de François Bayrou autour de moi), tandis que les débauchages aggressifs perpétués par l’UMP sont vécus de façon très négative. Le débat de ce soir sera sans doute déterminant.

Quant à la suite, une alliance PS-parti démocrate me semble toujours difficile, mais une alliance UMP-parti démocrate encore plus. Ce nouveau parti place le dialogue constructif en méthode principale de gouvernement, ce que réfute l’UMP, mais le PS de François Hollande demeure très dogmatique. Si Bayrou réussi son pari et obtien un groupe charnière conséquent lors des élections législatives, il pourra imposer cette méthode à ses deux partenaires. Autrement, je crains un quinquénat de confrontations, quelque soit le vainqueur.


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