@ kosmalib
« Doctrine libérale versus islamisme »
Vous présentez dans votre plaidoyer la doctrine libérale comme totalement incompatible avec l’islamisme.. ce que les faits démentent.
Dans un pays que vous citez en exemple dès le début de votre article, la Turquie de Tayip Erdogan, il semblerait que, dans la crise politique actuelle, les marchés financiers placeraient plutôt leurs espérances du côté de l’AKP religieux que du camp laïque.
Citation : (La tribune)
« Gül a confirmé que si, comme on s’y attend, le gouvernement ne parvenait toujours pas à réunir le quorum de 367 députés requis pour le scrutin, des élections législatives anticipées seraient organisées.
Ce scénario est celui qui aurait la faveur des marchés financiers, persuadés que l’AKP obtiendrait une nouvelle majorité parlementaire et poursuivrait des réformes économiques et politiques censées préparer la Turquie à une adhésion à l’Union européenne. Les marchés financiers turcs avaient enregistré lundi leurs plus grosses pertes depuis un an. La Bourse d’Istanbul et la livre turque sont restées à la baisse mardi, moyennant une légère reprise après la décision de la Cour.
Dans le climat de tension entourant l’élection présidentielle, la police a arrêté mardi 700 personnes qui manifestaient à Istanbul à l’occasion du 1er mai. L’opposition soupçonne Erdogan et Gül de vouloir remettre en cause les fondements laïques de la Turquie moderne fondée au siècle dernier par Mustafa Kemal Atatürk, ce qu’ils contestent.
Fin de citation
Il se trouve que, pour ne pas correspondre à votre vision binaire, les islamistes de l’AKP ont une vision économique totalement libérale et sont, demême, résolument atlantistes. De l’autre côté, il faut savoir que le kémalisme, outre son intransigeance à l’égard de la laïcité, a une vision dirigiste de l’économie et est partisan d’une certaine indépendance nationale.
Les évènements actuels en Turquie ne sont pas sans analogie avec ce qui a précédé le coup d’état de 1960. L’armée se trouve engagée dans un bras de fer avec un gouvernement Erdogan/Gül libéral-islamiste comme celui qui l’opposan à celui de Bayar/Menderes en 1960. Acette époque et depuis 1950, le Demokrat Partisi était aux commandes en Turquie avec la bénédiction de Washington. On lui doit :
- La réintroduction de l’arabe à la mosquée et lors de l’appel à la prière
- L’autorisation du port du voile dans l’espace public
- L’ouverture du marché turc aux produits américains.
- L’envoi d’un corps expéditionnaire turc en Corée
- Etc..
C’est de cette époque que datent les taxis collectifs (De Soto, Chevrolet, Dodge..) qui sillonnèrent Istanbul jusqu’en 1998. La junte militaire qui renversa le gouvernement légalement élu comportait des éléments d’extrème droite (dont le colonel Türkes, fondateur des Loups Gris) et des éléments de gauche.
Quelles analogies ? Un simple point de détail : au sein de la manifestation d’un million de personnes pour la défense de la laïcité la semaine dernière fleurissaient les pancartes portant ce slogan :
« Ni Europe, ni Etats-Unis, Turquie indépendante. »
Les faits sont têtus.
GAZi bORAt