En 1985, les choses se présentaient très mal pour le PS en vue des élections de 1986, avec la « politique de rigueur » de 1982 suivie de celle d’ « austérité » de 1984.
Une partie de l’électorat de 1981 était perdue et Mitterrand ne pouvait pas se permettre, sur le plan électoral, un affrontement ouvert avec les antinucléaires et les écologistes. C’est ce qui a fini par se produire, à cause de l’imprévu de l’arrestation des « époux Turenge ».
Mitterrand était en passe d’établir un véritable record quant au nombre d’essais nucléaires, mais en même temps son électorat se rétrécissait déjà à cause de sa politique sociale. Que des gens de son entourage aient pu chercher à embobiner écologistes et antinucléaires, et à leur faire croire qu’ « il y avait un espoir » coté Mitterrand et PS, ça paraît très logique.
On peut donc raisonnablement penser qu’une chargée de mission de Mitterrand qui envisageait, ou disait envisager, de se rendre à Mururoa à côté des manifestants avait de fortes chances d’être en service commandé de l’Elysée.
En ce qui concerne Ségolène Royal, elle était d’après sa biographie chargée de mission de l’Elysée depuis TROIS ANS au moment de l’incident du Rainbow Warrior. Elle ne pouvait donc pas ignorer quelles étaient la « doctrine » et la « tactique » de l’Elysée par rapport à cette affaire. Tout ce qu’elle pouvait ignorer, c’est dans le concret ce qui se préparait au niveau des services secrets. Pour le reste, elle en savait nécessairement pas mal sur le jeu de Mitterrand et sa mission était d’y aider. L’explication naturelle à donner à l’info de l’Express semble bien être qu’elle faisait elle-même partie de ce jeu, même si logiquement elle n’en savait pas tout car on ne dit jamais tout aux sous-fifres.