L’ÉNA a été créée en 1945 (pas en 1958). C’est un détail.
Placer M Thorez comme le fondateur de l’ENA, c’est assez ridicule. Franchement, c’est plutôt une idée à Debré et Capitant. M Thorez a joué un rôle important dans la création du statut de la fonction publique, et à travers sa fonction ministérielle il a été le responsable officiel de la création de l’ENA. Soit, mais pas plus.
C’est idiot de dire que l’ENA est fondamentalement mauvaise. Ce qui est mauvais, c’est l’élitisme peu démocratique dans son principe et que tant d’élus politiques proviennent de cette école d’administration. On a des exploitants de la démocratie qui distribuent les cabinets ministèriels, les fonctions de ministre elles-mêmes, les circonscriptions... Dans la République française, l’appareil étatique centralisateur élitiste en diable reste en concurrence avec la démocratie.
Il y a une montée très importante de la technocratie. Y compris dans les collectivités locales. J’en sais qq chose, j’y travaille actuellement et j’ai fait aussi beaucoup de formation d’élus municipaux. Je suis tout à fait d’accord avec l’importance d’avoir des choix publics compréhensibles par les citoyens.
La formation des élus locaux, ça ne marche pas très bien. En fait, les élus sont peu demandeurs. La réalité, c’est que les cadres territoriaux, en particulier les directeurs des services municipaux, sont les formateurs des nouveaux élus. Cela pousse d’ailleurs au système des dépouilles : les élus n’ont pas intérêt à être trop dépendants des fonctionnaires, ils ont besoin d’avoir confiance et donc ils redoutent les fonctionnaires qui ont le bras plus long qu’eux.
Quand on parle de citoyen, on évoque une exigence plus grande que celle de l’opinion. Il faut effectivement pas mal de vertu aujourd’hui pour faire l’effort d’expliquer, de rendre plus transparent. Tout effort ou presque est maintenant immédiatement récompensé par des bordées poujadistes comme on peut en lire ici même.
Le plus important est de clarifier les niveaux institutionnels territoriaux pour que les élus soient en situation de rendre compte. Ce n’est pas vraiment le cas aujourd’hui. Je souhaite que les élus apprennent à mobiliser l’opinion pour faire valoir cette nécessité.