On reprochait souvent aux hommes politiques d’être éloignés des problèmes concrets des Français, et lors de cette campagne, nous avons eu le droit, comme lors du débat, à des discussions et des projets sur des cas très particuliers. Évidemment, ça enlève un peu de grandeur à la fonction présidentielle et nous avons eu l’impression d’avoir écouté un débat local pour les municipales de Conches-en-ouche.
C’est vrai aussi, et cela explique certainement l’effacement des journalistes, que Ségolène Royal avait choisi d’emballer le débat dans une stratégie offensive et qui lui permettait d’éviter d’avoir à être précise sur beaucoup de sujets qu’elle ne maîtrise pas, comme nous l’avons vu lors des primaires du PS. Cette idée d’écoute et de laisser des débats participatifs donner leurs avis est une mauvaise excuse, car une élection ça se prépare et elle a déjà fait son brainstorming me semble-t-il, et ensuite des avis, des études, des rapports et des rapports sur les rapports sur tous les sujets possibles, ça existe et que sur de nombre de sujets, ce qui manque c’est plutôt le courage politique pour prendre une décision.
Il est manifeste également que la candidate ne joue que sur l’empathie et la mise en avant de sa féminité, pour lui donner cette image réconfortante et maternelle. Ses idées novatrices pour la gauche comme une très grande fermeté en matière de sécurité, l’abandon de l’assistanat, l’aménagement de la loi des 35h, etc., disparaissent pour ne pas heurter l’extrême-gauche mais du même coup, elle ne peut que rassembler son camp.
Idem pour Nicolas Sarkozy qui n’a pas changé ses thèmes qui ont fait sa force au 1er tour, même si lui peut profiter de l’avantage d’avoir longuement préparé sa campagne et d’avoir déjà débordé de son camp pour investir les thèmes du pouvoir d’achat, du passage à l’€, de la désindustrialisation, etc.
Alors peut-être qu’il a paru éteint, manquant de vigueur, cependant stratégiquement c’était la meilleur solution pour 2 raisons : tout d’abord, car il est face à une candidate inattaquable car elle n’a pas de bilan à défendre, c’est une pauvre femme victime du machisme, etc., ensuite c’est aussi pour illustrer son propos qu’il a changé et qu’il est devenu plus serein, plus posé.
Donc finalement les 2 candidats n’ont pas cherché à conquérir le centre, mais ont joué sur leurs atouts du 1er tour en campant sur la démarcation classique droite/gauche, bien que l’un et l’autre aient apporté de la nouveauté dans le champ politique en sachant dépasser les dogmes de leurs camps respectifs.