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Commentaire de stephanemot

sur Un candidat qui rétrécit au lavage


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stephanemot stephanemot 4 mai 2007 16:30

J’apprécie votre franchise, votre sincérité, votre honnêteté et votre clarté, autant d’éléments qui ont cruellement manqué à Ségo mardi soir.

Royal a tout misé sur la forme dans ce débat, et les 3 points que vous citez l’illustrent chacun à leur manière.

1) Faute de pouvoir / vouloir rentrer dans le détail de son programme (soit je me mets à dos la gauche de la gauche, soit je me mets à dos la gauche du centre), elle a joué la carte de l’anecdotique et d’exemples particulièrement marquants pour l’auditeur lambda (le double viol, le chèque de 8M d’euros). Si elle s’en était tenu là ça pouvait passer mais elle se laisse comme toujours emporter par sa propre dynamique de fuite en avant par accumulation de propositions : le raccompagnement des femmes flics est effectivement incroyablement farfelu mais on n’était pas en meeting et il n’y avait pas une foule acquise à sa cause en face d’elle. Sarko n’a pas loupé l’occasion de relever l’énormité.

2) Sur la forme, elle a effectivement réussi son grand numéro sur les handicapés. C’est là où elle a gagné des points en combativité et en pugnacité. Mais dans le fond personne n’est dupe :

* Ségo avait clairement annoncé qu’elle allait mordre, Sarko était prévenu, la seule question était de savoir où et quand

* Sarko avait déjà fait le même topo larmoyant en prime time, quelques jours auparavant, avec les mêmes termes et devant la même Arlette Chabot. Ségo a revu et rerevu tous les débats et n’a donc rien découvert le soir même.

* Elle a donc choisi de frapper ici et avec cette forme-ci, de décocher à cet instant précis la formule « tout n’est pas possible ».

C’etait donc une stratégie mûrement préparée et un choix pas nécessairement mauvais. Elle a été plus crédible sur la forme que Sarko, dont le numéro larmoyant ne trompe effectivement personne. Elle était d’autant plus crédible que pour une fois, elle s’appuyait sur un fond, mettant le doigt sur sa plus noble réalisation. En revanche et sur le fond toujours, la réalité est moins noire que ce qu’elle décrit (des progrès ont été réalisés sous Jospin comme sous Raffarin, et beaucoup reste à faire) et surtout Sarko n’est en rien responsable du sujet.

Je crois d’ailleurs qu’il était hors sujet, dans des figures imposées. ça s’était déjà vu avec Chabot, Ségolène a fort judicieusement choisi ce défaut dans la cuirasse par ailleurs inattaquable pour frapper.

En tout état de cause, sa « colère saine » n’avait rien de spontané.

3) Si Sarkozy a été « écrasé », c’est par le poids du monologue, pas par le choc des idées. Le discours de Royal n’a ni queue ni tête et ça s’est encore vérifié hier soir à Lille : réécoutez le long délire surréaliste précédant son « osez osez osez osez », c’est proprement hallucinant, je ne crois pas qu’un responsable politique puisse parler comme ça dans une grande démocratie de nos jours, j’étais embarrassé pour les Delors & co du premier rang. Ses débats à Science Po, elle a du tous les gagner à l’usure, il y en a comme ça... smiley. Sarko est effectivement un avocat plus convainquant, et ses effets de manche font un peu moins automate.

Enfin, je pense que tous les deux ont une façon bien à eux de négocier. Chacun s’appuie sur un certain charme, un certain culot, et un certain égo. 3 ingrédients sans lesquels personne ne peut arriver au second tour d’une présidentielle.


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