« Dans la glorification du « travail », dans les infatigables discours sur la « bénédiction du travail », je vois la même arrière pensée que dans les louanges adressés aux actes impersonnels et utiles à tous : à savoir la peur de tout ce qui est individuel. Au fond, on sent aujourd’hui, à la vue du travail, on vise toujours sous ce nom le dur labeur du matin au soir, qu’un tel travail constitue la meilleure des polices, qu’il tient chacun en bride et s’entend à entraver puissamment le développement de la raison, des désirs, du goût de l’indépendance. Car il consume une extraordinaire quantité de force nerveuse et la soustrait à la réflexion, à la méditation, à la rêverie, aux soucis, à l’amour et à la haine, il présente constamment à la vue un but mesquin, et assure des satisfactions faciles et régulières. Ainsi, une société où l’on travail dur en permanence aura davantage de sécurité : et l’on adore aujourd’hui la sécurité comme la divinité suprême ... »
Nietzsche, 1881.