Monsieur, (ou bovin ?...)La bio le laisse supposer.
Cet article est absolument scandaleux et révoltant. Vous y faites référence à la loi de 2005 et il se trouve encore des gens pour vous applaudir pour votre article « documenté ». Encore faut - il que la documentation en question soit lisible pour le commun des mortel et que l’on en vérifie l’application sur le terrain. Or, visiblement, vous n’êtes ni juriste, ni acteur de terrain, sinon vous sauriez que l’obligation d’INSCRIPTION dans l’école de son quartier ne vaut pas SCOLARISATION dans cette même école, que les enseignants doivent bâtir des projets d’intégration par l’intermédiaire d’un enseignant référent en définissant les moyens (matériels et humains ) nécessaires à cette scolarisation en milieu ordinaire, et comme les moyens n’y sont pas (les emplois jeunes ont été supprimés et remplacés-partiellement- par des personnels auxiliaires sous qualifiés et souvent eux-mêmes en difficulté sociale !) , les enfants n’y sont pas plus scolarisés qu’avant !
Ils peuvent parfaitement être INSCRITS, c’est même la loi qui les y oblige, mais ne pas fréquenter ces écoles, rester chez eux ou continuer d’être scolarisés dans le spécialisé, l’école « ordinaire » n’étant qu’une école de référence. Il ne manquerait plus que l’on ferme tous les établissements spécialisés sous prétexte que les enfants handicapés n’en ont plus besoin puisqu’ils sont INSCRITS dans leur école de quartier ! Pour ma part, je travaille dans l’enseignement spécialisé et j’accueille dans ma classe ces populations « border line », enfants déficients qui ne le seraient pas s’ils étaient nés chez vous ou moi. Dans l’établissement, depuis cinq ans, ils arrivent de plus en plus jeunes, de plus en plus démolis, issus de familles de plus en plus détruites, dépossédées, humiliées...
Si j’en avais le temps, j’écrirais un article, bien carré, bien « documenté », mais j’ai trop de travail pour préparer ma classe, écrire le journal qui raconte notre vie, ce que nous créons, cherchons, apprenons ensemble, et qu’ils attendent chaque jour pour apprendre à lire, parce que ça, ça les intéresse.
Alors Monsieur, se faire mousser sur un forum avec de la « documentation »... Je connais bien cette loi dont vous parlez, je la trouve très bien « dans l’esprit », je suis absolument convaincue des bienfaits de l’intégration, j’ai voulu y travailler, je suis passée devant la commission chargée de tester mes connaissances législatives avec succès, et j’y ai renoncé après avoir parlé avec les personnels de terrain , car en l’état actuel des moyens, le job de ces enseignants d’intégration se trouve résumé dans cette phrase du regretté Coluche : « Dites-moi de quoi vous avez besoin et je vous expliquerai comment vous en passer ».
Je crois décidément que demain, je laisserai tomber mes enfants, mon mari, mon ménage et mon chien pour écrire un article, et que je me lèverai lundi à 4 heures du matin pour que mes élèves ne soient pas déçus une fois de plus par ce monde d’adultes, et tout ça pour rien : ni heures sup’, ni reconnaissance sociale- nous sommes des « planqués », c’est connu, ni convocation pour être acclamé dans un meeting...
Cet article est proprement écœurant, et j’invite l’auteur, sous réserve que ma hiérarchie l’accepte, à passer une semaine dans ma classe où je lui donnerai pleins pouvoirs, à la condition qu’il accepte d’être filmé.
Bonsoir à tous
Laurence