• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile


Commentaire de Pierre Arrighi

sur Un candidat qui rétrécit au lavage


Voir l'intégralité des commentaires de cet article

Pierre Arrighi Pierre Arrighi 5 mai 2007 19:03

Bonjour Manu, merci pour votre commentaire. Dans le fond, vous décrivez très bien ce que j’appelle le rétrécissement au lavage et qui se traduit par une extinction de la personnalité : l’homme politique du début du débat s’est éteint face à la femme politique qu’est devenue progressivement Royal. Il s’est éteint et a été remplacé par un produit de commerce politique. Or, je ne crois pas que Sarkozy le souhaitait à ce point. Il voulait, c’est normal, se montrer comme le meilleur politique du moment. Il me semble que son comportement est un aveu. Il a, certainement, bien géré sa défaite, bien compensé dans l’immédiat.

Vous pointez un aspect crucial : la force de la « communication » qui fabrique certains hommes politiques aujourd’hui. Je suis d’accord. Plus encore : je crois que Sarkozy ne contrôle en rien les médias, c’est les médias et les patrons des médias, entre autres, qui l’ont fait et qui le contrôlent. Ils tiennent là un superproduit.

Dans cette campagne, il y a eu l’affrontement d’idées contre des slogans de communicant. Les idées perdront peut-être. On verra. La disparition de l’homme politique derrière le produit de marketing politique n’est pas une évolution inéluctable de la politique, pas une fatalité. Je crois, au contraire, que c’est le propre d’une situation où la société est écartée, passive, peu productive du lien social apte à produire et à porter des idées. Et c’est dans ce sens que je m’inscris, dans le sens de l’homme (ou de la femme) politique plus grand(e) que le produit politique. Convaincre plus que conquérir des parts de marché.

Un homme politique qui cesse de l’être pour se replier sur son rôle de produit de communication est un homme politique médiocre. Au contraire, un homme ou une femme politique qui prend des risques « de communication », qui nuit à sa communication pour défendre son point de vue, y compris contre l’opinion, contre sa victoire électorale immédiate, se grandit, ne cesse de grandir, d’ouvrir des voies.

Dans ce sens, certes subjectif puisque pariant sur la politique que j’aime, celle de la pensée et de l’honneur, de l’élégance et du respect, on pourrait dire que Royal a été plus grande politiquement, et que Sarkozy plus grand en tant que produit de marketing politique. Qu’elle s’inscrit déjà dans un autre champ que lui, dans une autre perspective historique que lui, au delà de cette échéance immédiate et dans la perspective de chantiers plus cruciaux. J’espère qu’elle ne restera pas, trop longtemps, aussi seule. et que les bonshommes qui ont bénéficié de son audace auront la droiture de se montrer plutôt que de pointer constamment ses erreurs.

Cordialement, Pierre


Voir ce commentaire dans son contexte





Palmarès