Je voulais seulement dire qu’il y a d’autres forces que l’opinion publique qui sont à l’oeuvre et qui façonnent l’Histoire des Hommes, qu’on s’en felicite ou qu’on s’en désole. C’est une vision un peu marxiste, je le reconnais !
L’entrée, ou l’association sous une forme quelconque, de la Turquie dans l’Europe ne se décidera pas à l’issue d’un débat démocratique, et, qui plus est, à l’issue d’un débat démocratique franco-français.
De plus, la France ne pourrait pas non plus s’y opposer éternellement contre la volonté de ses partenaires européen. Quelles que soient les modalités de décision à l’intérieur de notre communauté. Car ce serait accorder à notre pays un droit de véto qu’il n’a pas le poids économique ou politique de s’arroger et de soutenir en face de l’Allemagne ou de la Grande Bretagne, surtout si ces dernières s’accordent ensemble.
Ce qui comptera davantage dans la décision finale consiste à savoir si l’entrée de la Turquie a du sens sur le plan économique et politique. Or elle en a, elle en a même beaucoup, suffisamment pour que cette décision s’impose, et je dis bien : s’impose, d’une manière ou d’une autre.
Vous me dites que celà pourrait provoquer en France des « frustrations » ?
Quelle importance ? Il sera de notre devoir de savoir supporter les frustrations et de savoir réclamer quelques compensations à nos partenaires en récompense de notre « abnégation ». Et nous avalerons la couleuvre, si couleuvre il y a.
Pardon si je vous parais trop cynique ! J’ajouterais que l’entrée des anciens pays communistes d’europe centrale a dejà déplacé le centre de gravité de l’europe en direction de l’Est. Ce centre de gravité était autrefois situé quelque part entre la France et l’Allemagne, ce n’est plus le cas. Ce sera encore moins le cas dans le futur, où il ira se situer quelque part entre l’Allemagne et les steppes d’Asie Centrale, c’est à dire entre l’Allemagne et la Russie et les pays turcophones qui s’étendent du Bosphore à la frontière chinoise.
Ne pas le voir, c’est à mon sens aller contre le cours de l’Histoire, ce qui me parait décidemment un travers bien français d’aujourd’hui. Malheureusement pour nous. Je dirais presque que c’est un symptome qui se manifeste à bien des propos.