Après avoir regardé le discours de François Bayrou ce matin, je me dis que l’homme est habile.
En conservant l’UDF, membre fondateur du Mouvement Démocrate, il empêche toute utilisation de cette étiquette par les députés sarkozistes. Ceux-ci se retrouvent donc sans étiquette et sans parti. Pour certains, cette position sera difficile à défendre.
Il a aussi indiqué les conditions posées par l’UMP pour que ces députés UDF pro-sarkozystes soient assurés de ne pas avoir de candidats face à eux :
Si deux conditions sont sans doute acceptables par la plupart, celles de voter la confiance au nouveau gouvernement et de ne pas voter la censure, deux autres sont en revanche inacceptables pour la majorité d’entre-eux : accepter de voter tous les budgets du gouvernement et de la sécurité sociale ! Or, les députés UDF avaient fait campagne pour la maîtrise des dépenses... Difficile à concilier. Des informations convergentes indiquent que cette pilule serait difficile à avaler pour certains...
Il a ensuite habilement réfuté toute alliance ou discussion avec le PS, ce qui en avait effrayé plus d’un en son parti, et tout accord souterrain. Cela rassurera de nombreux électeurs adeptes de la transparence, et les sympathisants de droite modérée du parti.
En revanche, il a aussi indiqué que des accords locaux, voire nationaux, pourraient avoir lieu de façon ouverte, avec les deux bords. Cela permettrait de sauver bien des élus locaux qui travaillent en bonne intelligence dans la gestion quotidienne des communes avec l’UMP, voire d’en gagner dans des communes plus à gauche.
Ce mélange d’ouverture, de droiture et de pragmatisme pourrait lui permettre de sauver la plupart de ses élus, tandis qu’affluent les nouveaux militants, qui font pour la première fois d’un parti central un parti populaire.
Si le pari n’est pas gagné, François Bayrou a su remarquablement manoeuvrer dans le peu d’espace qui lui restait, et place maintenant dans l’embarras ses députés partants. Chapeau !