J’aime bien ton article car il sonne vrai. Ce n’est pas un discours de rancoeur contre le troisième âge mais un constat lucide et compréhensif.
Outre le problème des retraites, je me suis souvent demandé les conséquences que pourrait avoir le vieillissement général de la France. Et bien, lors de cette élection j’ai pu avoir un bout de réponse. Mettons les choses au clair, je ne fait pas partie de ceux qui pensent que les personnes âgées ne devraient pas avoir le droit de vote, mais je crois que l’on peut se poser des questions sur certains faits : ce sont des électeurs nés au début du siècle dernier qui ont sacré le nouveau président. Le problème c’est que la société humaine n’a jamais tant changé en un laps de temps aussi court... Pensez-donc que pour les plus anciens posséder un téléphone, une voiture, l’eau courante ou une télévision était un luxe. N’oublions pas l’éducation très orientée de l’époque. Il suffit de jeter un coup d’oeil sur les anciens livres d’histoire pour s’en apercevoir : un regard complètement subjectif, basé sur une morale patriotique nauséabonde, sur de grands « héros » français, sur la puissance et la gloire d’un empire colonial venant en aide aux pays sous-développés. La guerre d’Algérie est venu fracasser ce beau rêve, en traumatisant plus d’un au passage, n’ayant jamais compris les causes de ce rejet de la politique coloniale française. Il faut dire que sur cette partie de l’Histoire, la France s’est toujours montrée assez discrète.
Alors quand un Saroumane enjôleur vient rouvrir les vieux manuels d’histoire, les caresser dans le sens du poil en leur expliquant que non, la France, n’a rien a se reprocher, que les français ont toujours été les gentils de l’histoire, qu’il n’y a eu que de grands hommes sur notre sol, et que nous n’avons pas a avoir honte. Difficile compte tenu de leur éducation et de leur vécu de ne pas se jeter dans les bras du Grand Falsificateur.
Du temps de mes grands-parents on pouvait aussi grimper facilement l’échelle sociale, après le certif’, on allait bosser et le salaire augmentait au fil des années. On pouvait recevoir des promotions et gagner des postes à responsabilité sans diplôme et en quelques années. Les employés pouvaient même faire jouer la concurrence et menacer leur patron de partir pour avoir une augmentation. Au bout du compte, on était certain de finir sa carrière avec un salaire beaucoup plus élevé que quand on était entré. Comment, en ayant vécu dans ces conditions, nos anciens peuvent-ils comprendre la situation dans laquelle se trouve les jeunes actuellement ? Payés au SMIC malgré leurs diplômes pour les plus chanceux, au chômage car mal orientés pour les plus malchanceux, obligé de mendier l’aide des parents pour se loger et surtout sans espoir de voir leur condition s’améliorer, bien au contraire : ils savent qu’ils n’auront pas de retraite, qu’il seront virés à cinquante ans, et s’ils sont un peu foncés de peau, ben là c’est encore plus compliqué. Mais les anciens ne saisissent pas la détresse de leurs petits enfants, car les choses étaient tellement différentes à leur époque. Forcément, si on ne travaille pas c’est que l’on est fainéant...
Comment leur en vouloir ? Les personnes âgés vivent dans le passé, ils se remémorent sans cesse le « bon vieux temps », se complaisant dans le souvenirs - toujours glorieux - de leur propre histoire. D’ailleurs le présent, le vrai, les intéresse-t-il ? Je n’en ai pas l’impression : c’est tellement rassurant un candidat qui, par ses idée leur rappelle le temps de leur jeunesse et promet de les protéger. Non, je n’en veux pas aux personnes âgées. J’en veux au marionnettiste qui a su tirer sur les bonnes ficelles, y compris les plus répugnantes...