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Commentaire de libnanews

sur le désarmement du Hezbollah, un défi pour le Liban


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libnanews (---.---.230.176) 24 août 2006 00:13

les chiffres les plus « concrets » sont ceux de la CIA (pas ceux du word factbook mais de certaines analyses publiées.dans certains de leur articles ou encore de l association hayyabina pour la laicité au liban dont l’une des fondatrices est d ailleurs une amie qui avait fait un excellent travail l’année derniere sur la repartition des communautés religieuses au liban lien pour hayyabina : www.hayyabina.org le chiffre sur lequel je me base personellement en fait est celui du nombre de votants dans les circonscriptions chiites par rapport aux votes chiites, donc celui qui est le plus proche des listes electorales libanaises , comme hayyabina, comme une autre ONG américaine il faut savoir que le systeme libanais est confessionel, cad que le nombre de representants est sous forme de quota et l armée en est un exemple, l’administration libanaise en est un autre, 30% de chiites dans l armée constitue donc une approximation plus juste qui se regroupe avec les autres approximations par rapport aux chiffres de l administration etc..., prenant en compte leur demographie galonpante on peut dire que ces chiffres sont meme sous estimés. je me souviens cette année d’un fait divers d ailleurs au sud liban, un pere de famille tué pour certaine raison ... pere de 40 enfants !!! il etait chiite juste pour demontrer les taux de natalité élevés. pour des raisons politiques du au caractere confessionel de la repartition des pouvoirs, il faut savoir qu il n y a pas eu au liban de recensement depuis 1932

wikipédia généralement etant open source a de grosses lacunes vu qu on peut modifier les infos dans le sens que l on désire, de plus les populations chiites ne sont pas uniformes, certains par exemple prennent

par ailleurs je ne resiste pas a copier paster l excellent article de michel touma membre de la rédaction de l orient le jour sur l emergence du hezbollah qui demontre sans le dire l essor de la communauté chiite qui dependait avant vu son nombre restreint de la communauté sunnite avant de s emanciper, le nombre aidant

ÉTUDE L’émergence du Hezbollah, aboutissement d’un lent processus de maturation sociopolitique L’étude réalisée par Michel HAJJI GEORGIOU et Michel TOUMA

Quelle que soit l’issue du conflit actuel qui secoue le pays, un vaste débat sera sans doute ouvert sur l’avenir politique du Hezbollah et la nature de ses rapports futurs avec les autres composantes du tissu social libanais. D’ores et déjà, certaines questions sont sur toutes les lèvres. Les décisions politiques du Hezbollah sont-elles, oui ou non et dans quelle mesure, tributaires de la raison d’État iranienne ? Le Hezbollah est-il motivé par des considérations strictement communautaires qui dépassent le cadre du Liban et qui s’inscrivent dans un schéma régional plus large ? Comment expliquer la rapide montée en puissance de cette formation chiite ? Dans une série de trois articles, Michel Hajji Georgiou et Michel Touma analysent les différents facteurs historiques, sociologiques, doctrinaux et politiques qui constituent l’ossature et les fondements du Hezbollah. Le premier article expose le lent processus historique et sociopolitique qui a pavé la voie à la naissance du parti, au début des années 80. Le deuxième article aborde les circonstances qui ont marqué la création du Hezbollah, ainsi que les racines et les grandes lignes directrices qui sont à la base de son action politique. Enfin, les questions sociologiques et doctrinales, sous l’angle de la philosophie politique, sont analysées dans le dernier article. Ces trois articles sont tirés d’une étude complète sur le sujet publiée par les auteurs dans le numéro 77 de la revue Travaux et jours de l’Université Saint-Joseph. L’émergence du Hezbollah sur la scène politique libanaise au début des années 80 est en quelque sorte le couronnement d’une longue maturation de l’affirmation de la présence et de l’identité des chiites en tant que communauté sociopolitique sur l’échiquier local. Afin de cerner les conditions objectives qui ont pavé progressivement la voie à la rapide implantation du Hezbollah dans le pays, il serait d’abord utile de se livrer à un rapide survol de la situation peu enviable à laquelle cette communauté a été confrontée à travers l’histoire contemporaine du Liban. Sous l’Empire ottoman, les droits des chiites n’étaient pas reconnus, comme le démontre la formation au XIXe siècle, conformément au règlement dit de Chékib Effendi, d’un conseil consultatif dans chacun des deux caïmacamats créés au Mont-Liban au milieu du siècle. À la suite du déclenchement, en 1845, de troubles confessionnels dans la montagne, les grandes puissances de l’époque engagèrent des pourparlers avec les autorités ottomanes afin de mettre un terme aux affrontements. Du fait de ces démarches internationales, le ministre turc des Affaires étrangères, Chékib Effendi, décida de créer au sein de chacun des deux caïmacamats de la montagne un conseil mixte regroupant - à raison d’un délégué par communauté - des juges représentant les maronites, les grecs-catholiques, les grecs-othodoxes, les sunnites et les druzes. Le juge sunnite était ainsi chargé de représenter en même temps les chiites1. Cette discrimination se poursuivra jusqu’à la chute de l’Empire ottoman et il faudra attendre pratiquement jusqu’en 1926 pour que l’existence de la communauté chiite, en tant qu’entité, soit officiellement reconnue2. Cette reconnaissance est dans une certaine mesure l’une des conséquences de la proclamation du Grand Liban, en 1920. Mais parallèlement à cette retombée à caractère politique, le rattachement de régions périphériques au Petit Liban (formé essentiellement de la montagne) aura aussi des effets considérables sur la structure socioéconomique de la nouvelle entité du Grand Liban. En raison de la large autonomie dont il bénéficiait dans le cadre de l’Empire ottoman, le Petit Liban avait connu au fil des années un développement substantiel tant au niveau de l’infrastructure de base que sur le double plan culturel et pédagogique. La prolifération d’écoles privées relevant des missions religieuses étrangères ainsi que la fondation de deux grands établissements universitaires occidentaux (l’Université Saint-Joseph et l’Université américaine), de même que l’ouverture, d’une manière générale, sur la culture occidentale ont fait du Petit Liban un phare pédagogique et culturel privilégié dans la région. Dans le même temps, les infrastructures de base se sont sensiblement développées, non seulement au Mont-Liban, mais également à Beyrouth qui s’est peu à peu imposée de facto comme la capitale de l’entité libanaise restreinte. Le Petit Liban et avec lui Beyrouth ont bénéficié du développement du réseau routier, du port, de la voie ferroviaire reliant le littoral à Damas, en passant par la montagne, sans compter l’infrastructure hospitalière et médicale en pleine expansion, l’extension des moyens de transport public et, surtout, la création d’un grand nombre d’entreprises commerciales et industrielles, notamment à Beyrouth3. Le rattachement, en 1920, des villes de Tripoli et Saïda, et des régions du Sud, de la Békaa et du Nord au Petit Liban a donné naissance à une entité caractérisée, globalement, par un profond clivage - sur le plan des niveaux de vie culturels, pédagogiques et socioéconomiques - entre le « centre » (Beyrouth et la montagne, en l’occurrence le Petit Liban) et la « périphérie » (les régions nouvellement rattachées au Petit Liban, qui dépendaient directement de « l’hinterland » ottoman et qui n’avaient donc pas bénéficié de l’essor enregistré au Mont-Liban du fait de l’autonomie dont jouissait cette région)4. Ce fossé socioéconomique s’est maintenu longtemps après l’indépendance de 1943. Il a constitué les germes de la situation sociale peu enviable dans laquelle a été maintenue la communauté chiite qui représentait pratiquement le gros de la population des régions périphériques défavorisées rattachées au Petit Liban. Le caractère essentiellement maronito-sunnite du pacte national de 1943 et du partage de pouvoir instauré après l’indépendance a contribué à ajouter un aspect politique à la marginalisation socioéconomique des chiites, d’autant que la classe politique chiite de la période postindépendance était formée principalement de leaders féodaux traditionnels qui se sont avérés être déconnectés, dans une large mesure, des réalités populaires de leur communauté. Si bien que le pouvoir central n’avait aucun scrupule à négliger, en termes de politique de développement global (dans les différents domaines), les régions périphériques (principalement chiites).

L’action des ulémas et de Moussa Sadr La situation de la population chiite s’est davantage dégradée à la fin des années 60 et au début des années 70 avec l’implantation des organisations armées palestiniennes au Liban-Sud, la recrudescence des opérations menées par les Fedayine contre Israël à partir du Arkoub et les représailles israéliennes qui visaient la région méridionale, donc des zones à forte densité populaire chiite. Il en a résulté un mouvement d’exode progressif, mais soutenu, de ces populations en direction des banlieues de la capitale. Ces Sudistes forcés à l’exode sont venus grossir ainsi les rangs d’un sous-prolétariat chiite qui constituait déjà autour de la capitale une « ceinture de misère ». C’est dans un tel contexte potentiellement explosif qu’ont débarqué à Beyrouth dans le courant des années 60 un certain nombre d’ulémas chiites qui venaient d’achever leur formation religieuse à Qom ou à Najaf. Trois d’entre eux, l’imam Moussa Sadr, cheikh Mohammad Mehdi Chamseddine et cheikh Mohammad Hussein Fadlallah, se sont rapidement distingués par leur charisme, leur vaste culture religieuse et leur vision claire de la voie qui devrait être suivie pour sortir les chiites de leur situation de population déshéritée. Tout en adoptant, au départ, un profil bas, ils ont multiplié les conférences, les rencontres et les débats au sein des clubs, des lieux de culte et des associations sociales, chacun dans une zone à forte implantation chiite5. L’imam Moussa Sadr s’est avéré être, sans tarder, le plus politisé des ulémas. Mettant parfaitement à profit un charisme peu commun, il sillonnait le pays et multipliait les conférences. Vers la fin des années 60, il s’était déjà imposé comme un pôle d’influence politico-communautaire dont l’étoile ne cessait de monter. En 1967, il réussit à obtenir du pouvoir central la formation du Conseil supérieur chiite, dotant ainsi la communauté d’une institution censée affirmer l’identité et la présence sociopolitique des chiites. Mal perçu par les politiciens traditionnels, qui voyaient en cette instance une sérieuse menace pour eux, le CSC a vu son rôle réduit à un simple regroupement de notabilités et de responsables qui tentaient tant bien que mal d’accorder leurs violons au sujet des questions politiques et nationales qui étaient au centre de l’actualité. Moussa Sadr s’est alors attelé à la création d’un mouvement populaire, le Mouvement des déshérités, ayant pour mission de répondre aux aspirations politiques et sociales de la communauté chiite, notamment sur le plan de la lutte contre le sous-développement socioéconomique dans lequel se débattaient les régions chiites au Liban-Sud, dans la Békaa et dans les banlieues de Beyrouth. L’un des objectifs sous-jacents de ce mouvement était aussi de soustraire les milieux populaires chiites à l’influence grandissante des partis arabisants ou de gauche, et des organisations palestiniennes armées, mais aussi de créer un substitut aux leaders féodaux traditionnels qui maintenaient la communauté dans un état de léthargie chronique. Définissant la ligne directrice de son action, Moussa Sadr prononce le 18 février 1974 un discours qui sera considéré par certains comme l’acte de naissance du chiisme libanais, sa première expression politique en tant que telle : « Notre nom n’est pas “metwali”. Notre nom est celui du refus (“rafezun”), celui de la vengeance, celui de ceux qui se révoltent contre toute tyrannie. Même si nous devons le payer de notre sang, de notre vie ... Nous ne voulons plus de beaux sentiments, mais de l’action. Nous sommes las des mots, des états d’âme, des discours ... J’ai fait plus de discours que quiconque. Et je suis celui qui a le plus appelé au calme. J’ai assez lancé d’appels au calme. À partir d’aujourd’hui, je ne me tairai plus. Si vous restez inertes, moi non ... »6 Le Mouvement des déshérités a constitué ainsi la première structure sociopolitique dont avaient pu se doter les chiites du pays depuis l’époque de l’Empire ottoman. Face à l’implantation des organisations palestiniennes armées dans le Arkoub et sous l’effet de l’escalade militaire qui s’est ensuivie, l’imam Sadr a créé secrètement, au début des années 70, une milice armée, le mouvement Amal, encadrée et entraînée par le Fateh. L’existence de cette milice - devenue la nouvelle façade du Mouvement des déshérités - a éclaté au grand jour en 1974 à la suite d’une explosion meurtrière survenue lors d’un entraînement militaire organisé dans la Békaa. L’apparition du mouvement Amal sous l’impulsion de Moussa Sadr a permis ainsi de canaliser au sein d’une structure communautaire le sous-prolétariat chiite qui, en l’absence d’une telle structure, avait été attiré et phagocyté par des partis laïcisants ou de gauche, tels que le Parti communiste, l’Organisation de l’action communiste (OACL) ou le Baas. Cette action politique et militaire menée par l’imam Sadr ainsi que l’ensemble de la situation politico-socio-économique désastreuse dans laquelle se débattaient les chiites depuis de nombreuses années - et dont les racines remontaient à 1920 - ont constitué le terreau qui favorisera l’émergence et le rapide renforcement du Hezbollah dans le courant des années 80. Pour certains observateurs, la culture politique que Moussa Sadr a contribué à enraciner et qu’il a puisée dans les valeurs du chiisme, ainsi que l’éveil communautaire qu’il a suscité ont frayé la voie à la création du Hezbollah7.


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