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Commentaire de Cédric

sur La vérité est ailleurs...


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Cédric (---.---.172.149) 24 août 2006 17:05

(1) ECLAIRCISSEMENT :

C’est un dénommé Bulu (IP:xxx.x29.1.39) qui, le premier, a mentionné les séismogrammes du 11 septembre (9/11 pour faire le branché parlant l’anglais !). Je demandais donc à ce moment de qui, de quoi les séismogrammes pouvaient montrer de concret dans une histoire de tours qui tombent... Mis à part que les tours tombent et que des effondrements locaux et/ou explosions préalables peuvent avoir été enregistrés.

Si l’utilisation des séismogrammes ne peut remettre en cause l’effondrement (filmé par ailleurs... On va encore me taxer de « Sein d’Thomas », moi !), on ne peut cependant pas déterminer quelle est l’origine de ce dernier. Dans tous les cas, le crash de l’avion est en effet potentiellement identifiable, des effondrements locaux ainsi que des explosions peuvent être enregistrés (dès lors qu’ils soient suffisamment importants pour être enregistrés au Lamont... puisque nous parlons des enregistrements du Lamont). Tout ceci correspondra alors aux pics « moyens » (amplitude proportionnelle à l’intensité dégagée). Et bien sur, il faut aussi rajouter l’effondrement final (qui correspond au merdier plein de grands pics sur les séismogrammes).

Autrement dit, l’utilisation des séismogrammes du Lamont Doherty, enregistré le 11 septembre 2001, ne peuvent déterminer si la tour a été piégée préalablement... Signifiant que des bombes ont explosées juste après le crash...Tout cela pour en fin de compte arriver à l’effondrement final des deux tours.

Je ne vous attaque donc pas personnellement sur cet argument. Je dis juste que l’utilisation de tels séismogrammes ne permet en rien de dire quel est la réelle origine de l’effondrement des tours. Une thèse qui revient de temps en temps (y compris dans certains posts écrits dans cet article) est le potentiel piégeage préalable des Twin Towers, enregistré « plus ou moins scientifiquement »... Les séismogrammes rentrent dans cette hypothèse, mais ils y rentrent dangereusement en pratiquant une totale désinformation...

... un peu comme Raël qui prétend avoir la preuve scientifique que les hommes sont des descendants d’extraterrestres. C’est toujours tellement bien de mettre des arguments scientifiques à la noix !

Autrement les séismographes ne permettent de dire quelque chose de franchement concret là dessus, donc il faut les oublier ! D’où mes commentaires ci-dessus...

(2) COMPARAISON TWIN TOWERS / DESTRUCTION D’IMMEUBLE :

D’autre part, vous posez une question simple et fort pertinente : « Et en conséquence j’ai suggéré qu’il serait intéressant de trouver des sismogrammes pris lors de la démolition d’un immeuble, pour voir si cela ressemble mieux. »

Je n’ai malheureusement pas de séismogrammes similaires à vous montrer, mais je suis sur que nous pouvons en trouver en ligne. Je peux cependant vous décrire ce à quoi nous devons nous attendre (je dis bien « devons »)...

La comparaison avec un séismogramme enregistré lors de la destruction d’un immeuble donnerait un merdier (presque) tout à fait similaire : un bruit de fond avant l’explosion, l’explosion (potentiellement identifiable suivant l’instrumentation utilisée) et l’effondrement de la tour dans l’instant suivant (c’est-à-dire quelques millièmes de secondes) puis un retour « progressif » à un bruit de fond.

Ou si vous préférez, des tous petits pics irréguliers, puis des tous grands pics, puis un retour progressif à des tous petits pics irréguliers. Le bruit de fond est du au passage, par exemple, de véhicules proches du séismographe (ou séismomètre... le matériel enregistreur si vous préférez), de l’action du vent ou des vagues ou potentiellement de mouvements sous-terrains plus lointains (séismes ou éruptions volcaniques éventuellement, ou autres... Certains géologues travaillent par exemple sur l’enregistrement des mouvements d’aquifères par enregistrement sismique).

Il existe cependant une différence dont l’origine est particulièrement simple. Cette unique différence résiderait dans le fait qu’il n’y aurait pas de pics plus ou moins importants dans l’enregistrement avant l’explosion et l’effondrement dans le cas d’un dynamitage d’immeuble. Simplement parce qu’il n’y a pas d’impact (car pas d’avion à venir se viander dans les tours) ni même d’explosions et/ou d’effondrement locaux après l’impact de ce potentiel avion.

(3) COMPARAISON TWIN TOWERS / SEISME :

Enfin, vous parlez de différence entre un séisme et l’effondrement des tours. La question plus géologique que vous avez reposée ce matin par ces mots : « Si d’après le manuel de Princeton, les manifestations observées ressemblent plus à une explosion d’origine humaine qu’à un séisme naturel, la question que l’on pourrait se poser est de savoir si un effondrement »passif« d’une tour suffirait à provoquer ces courbes de mouvement du sol, ou bien si une véritable explosion est nécessaire pour secouer le sol de cette manière (mouvements supérieurs à une séisme de magnitude 2 tout de même). »

Je vais essayer de faire simple.

Première chose... L’éclaircissement sur la magnitude... L’échelle de Richter permet de caractériser l’intensité d’un séisme à son foyer. Autrement dit, elle permet de donner de manière plus ou moins directe (par le calcul) une grandeur caractérisant l’intensité du séisme étudié à son foyer. C’est-à-dire à dire sa magnitude vraie.

L’échelle de Richter est donc une échelle physique qui permet d’exprimer la magnitude d’un séisme. Contrairement à une idée très répandue, l’échelle de Richter n’est pas fermée en valeurs supérieures, signifiant qu’un séisme de magnitude 100 est mathématiquement possible (cela est une autre histoire pour le côté naturel).

On considère bien évidemment qu’à magnitude 0, il n’y a pas de séisme. Et dans un région sismiquement stable (comme New York), les séismes peuvent avoisinés aisément la magnitude 4. Ca a par exemple été le cas pour le séisme d’Hennebont (Bretagne) le 30 septembre 2002 qui n’a fait que quelques dégâts mineurs.

Contrairement à ce que l’on pense, la magnitude ne veut pas dire grand-chose en terme d’impact, alors qu’elle mesure physiquement l’intensité dégagée par un séisme à son foyer. J’entends par là qu’un séisme de magnitude 6 peut faire énormément de dégât ou pas du tout. Ceci signifie qu’un séisme peut ne provoquer aucun dégât à 10km de l’épicentre, mais énormément à 20km de l’épicentre. Ceci est une question de sous-sol, autrement dit de réaction(s) du sol aux ondes sismiques... Le fameux « effet de résonance ».

Et le bâtiment étant lié au sous-sol, il peut lui aussi rentrer en résonance et se casser la gueule. A ce moment, les ondes les plus catastrophiques sont les ondes dites de cisaillement horizontal, qui emmènent le bâtiment de gauche à droite dans toutes les directions de l’espace plan. Une sorte de vacillement, si vous voulez. Ou encore un peu comme si vous vous trouviez dans une voiture, puis que vous aviez ensuite un choc frontal avec une autre voiture : vous êtes emmenés d’avant en arrière très brutalement.

Dans le cas d’un séisme, il faut penser à ce type de mouvement plusieurs fois et dans les trois directions de l’espace, les deux directions horizontales (c’est-à-dire à 360°) étant assurément les plus dangereuses.

Revenons maintenant aux Twin Towers. Nous savons donc que la magnitude est grossièrement une mesure de l’énergie dégagée par le séisme. Si la magnitude en elle-même ne veut pas dire énormément, un séisme de magnitude n’est cependant pas grand-chose (2 étant plus proche de 0 que de 6 par exemple, ce qui dans les cas communs commencent à faire des séismes importants).

Autrement dit, ici, il est inutile de parler de magnitude, fusse-t-elle mathématique, fusse-t-elle de Richter. Sauf à titre de comparaison. Ceci ne correspond pas même à l’échelle dite de Merkali (que je ne sais jamais écrire !), cette dernière mesurant l’intensité d’un séisme en fonction des dégâts engendrés. De plus, un séisme de magnitude 2 ne correspond à rien. Je m’explique...

Un séisme de magnitude 1 équivaut très grossièrement à ce qu’un très gros marteau piqueur industriel peut provoquer comme vibration : dans le cas d’un sous-sol composés essentiellement de sédiments, vous tremblerez un peu, dans le cas d’un granite vous ne ressentirez pas grand-chose. Un séisme de magnitude 2 est dix fois plus fort qu’un séisme de magnitude 1 (l’échelle de Richter étant une échelle logarithmique), mais cela reste peu important quand même (bien qu’enregistrable).

Après la théorie, la pratique maintenant...

Dans la pratique, l’enregistrement d’un séisme naturel est en général difficile à déchiffrer en raison de la nature hétérogène du sous-sol (réflexion et réfraction des ondes sismiques). Comme je l’ai dit précédemment, il existe un bruit de fond caractéristique (vent, vagues, eau, etc.). Lors de l’arrivée d’une secousse sismique, on peut alors distinguer trois types d’ondes qui se différencient par une arrivée à différents instants t... Ceci signifie deux choses : la distance est « favorable » à l’enregistrement du séisme et ce dernier n’est pas soudain, mais « prolongé » dans le temps. On a donc un affolement progressif sur le séismogramme, significatif du temps d’arrivée des ondes.

Dans le cas des Twin Towers maintenant.... La distance est plus que favorable pour pouvoir enregistrer le « séisme » (l’effondrement des tours) sur les stations sismiques du Lamont Doherty. Le Lamont Doherty est à... New York ! La distance est donc très petite. On aura donc une arrivée des différentes ondes plus rapprochée, impliquant l’analyse d’un merdier inévitable pour le séismologue. Des pics dans tous les sens, ne sachant pas forcément à quel type d’ondes chacun correspond.

(4) POUR CONCLURE :

Si vous êtes arrivé ici, c’est alors que vous n’avez pas décroché et que la géologie ne vous fait pas si peur ! La morale de cette histoire est (1) qu’il faut évoluer dans un monde à quatre dimensions : l’espace (3 dimensions) et le temps (la quatrième), et (2) qu’il faut savoir parler de ce que nous connaissons un peu.

Je pense donc, cher IP, que vous vous êtes fait prendre dans les mailles du filet méchant ! Là où les gens voulaient vous emmenés, relatant peut-être le contenu d’un article publié dans Nature ou Science, mais n’y ayant absolument rien compris ! (je parle pour les vendeurs d’intox).

Enfin, je ne connais pas de livres de géologie en ligne. Un très bon cependant, qui doit se trouver dans toute bonne bibliothèque municipale au rayon science : Eléments de Géologie (Editions Dunod - Masson Sciences - Pomerol C., Lagabrielle, Y. et Renard M. - je ne connais pas la date de la dernière édition). La théorie de ce que je viens de raconter est assurément expliquée, et bien plus clairement que ce que je viens de faire ici !

Bien à vous, Cédric


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