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Commentaire de malaparte

sur La tentation obscurantiste


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malaparte (---.---.190.13) 25 août 2006 06:51

Le péril perse K. Selim

Des dirigeants arabes au Moyen-Orient sont hantés, paraît-il, par le spectre de l’Iran. Il n’y a aucun hasard à ce que soit aussi le souci numéro un de Washington et des Think-tanks de l’Empire. Et l’on découvre sans surprise que même au niveau onirique, ces dirigeants arabes sont incapables d’avoir des cauchemars qui leur seraient propres. Comme par exemple l’analphabétisme qui fait encore des ravages et qui fait le lit des charlatans et des faussaires. Allons donc, agitons la menace perse et Ehud Olmert deviendra notre ami, notre frère presque. Du côté saoudien, on a déjà sauté le pas sans vergogne. Ce qui ont lu, hier, Al Qods Al Arabi ont dû avoir, à nouveau, la nausée. Un charlatan du nom de Salah Ellahidane, président de haute cour et membre de l’institution des grands « savants » d’Arabie Saoudite, a ainsi édicté une fatwa contre les chiites en général et le Hizb-Allah en particulier. Qu’en penser ? D’abord que des fatwas médiévales, où l’inculture le dispute à l’indignité, s’insèrent parfaitement, ô opportun miracle, dans la politique étasunienne. Mais avertissons l’Empire, ces oulémas de la sorcellerie, qui n’arrivent même pas à convaincre leurs multiples épouses, ne seront d’aucune utilité dans les rounds qui arrivent. Rien ne peut nous faire adhérer à l’idée d’une menace perse, surtout pas le fait que les savants iraniens cassent le monopole du savoir nucléaire. Faudrait-il mourir idiot pour complaire aux Américains et à Israël. Comment pourrait-on considérer comme un péril les sublimes poèmes de Saadi, de Hafiz ? Comment pouvons-nous ne pas ressentir une fraternité avec une civilisation aussi immense ? Comment ne pas aimer Firdawssi qui a dit que « l’arbre dont les racines sont irriguées de sang porte un fruit qui s’appelle la vengeance ». Les dirigeants arabes hantés par la frayeur perse auront beau mobiliser leurs oulémas maquignons, leurs « sujets » n’oublieront pas l’évidence qu’on veut empêcher les Iraniens d’acquérir une technologie essentielle alors qu’Israël possède déjà ses bombes. Remarquez que certains de ces « savants » de cour ont continué, jusqu’à récemment, à proclamer que la terre est plate. On ne peut donc s’attendre à ce qu’ils comprennent quelque chose à l’énergie nucléaire ou encore à l’apport magistral de la civilisation iranienne. La corde de leur arc chétif est usée. Tout comme celle de l’impérialisme qui, dans la cosmogonie guerrière du capitalisme, décrète qu’il doit toujours y avoir un diable à combattre. On a ainsi connu le péril jaune, le péril rouge, ce fameux bolchevik au couteau entre les dents, bien sûr on se souvient du péril des fellagas et désormais nous voilà dans l’ère du péril vert. Et apparemment, selon les orientations du politburo de l’Empire, la nuance la plus dangereusement verte c’est le péril perse. La propagande ne se renouvelle pas, le scénario est éculé... En guise de réponse, il suffit d’un quatrain de l’immense Omar Khayam :

Mon fils, vois-tu ces deux ou trois imbéciles qui tiennent le monde entre leurs mains Et, qui, dans leur extrême suffisance, se croient au-dessus de tous ? N’en tiens pas compte ; dans leur candide ignorance Ils appellent hérétiques tous ceux qui ne sont pas des ânes.

in Le Quotidien d’Oran du 24 Aout 2006


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