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Commentaire de g.jacquin

sur La complexité justifie-t-elle le simplisme ?


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g.jacquin (---.---.12.93) 25 août 2006 19:38

Il me semble que ce débat soit clos.... pourtant il y a tant à dire.

C’est vrai qu’il n’y a pas de recette miracle. Les éoliennes ne régleront jamais le problème du manque d’énergie en France, de même que les panneaux photovoltaïques ne produiront pas la nuit et ont peut aussi parler du nucléaire et de ses déchets ou encore, des centrales thermiques gaz, fioul et leurs pollutions excessives. Difficile d’y voir clair. Pourtant il y a des discours qui doivent nous interpeller.

Concernant les éoliennes de grande puissance, il faut garder à l’esprit ceci : le vent est aléatoire donc l’énergie éolienne est aléatoire. Si on considère les principaux gisements de vent en France (Languedoc, Manche, Bretagne, un peu l’est de la France), on peut admettre que par foisonnement, on arrive un peu à optimiser la production éolienne (là encore, qui peut dire de quelle valeur) mais que l’on arrête de nous dire que l’éolien est indispensable et qu’il faut installer 17 Gw (dont 4 en off shore) pour être « confortable »...

Pourquoi ?

Pour des raisons techniques :

-  Le réseau français représente environ 63 Gw électrique installé. Il est entièrement interconnecté (moins bien du coté du sud est...) Il est également connecté avec les pays limitrophes (Allemagne, Italie, Espagne...) A quoi ça sert ? Tout simplement lorsqu’une machine tombe en panne (tranche de nucléaire, thermique, un incident de ligne...), grâce à l’interconnexion, les centrales les plus proches augmentent leur production pour compenser.

Facile me direz vous ? Hé bien non ! Pas facile du tout. En réalité que ce passe t’il ?

a) Perte d’un alternateur (par exemple)

b) Instantanément, augmentation de l’intensité (les consommateurs consomment)

c) Les centrales les plus proches analysent cette augmentation d’intensité par leur régulation

d) Pendant le temps de l’analyse et de traitement, baisse de la tension et de la fréquence

e) Enfin remise à 50Hz et à la bonne tension après un temps X (suivant l’état du réseau) par augmentation de la production des autres centrales.

En clair, on à perdu une puissance qu’il à fallu redispacher sur d’autres producteurs disponibles et cela ne se fait pas dans la demi alternance (le plus lent, le nucléaire à 50Mw /mn et le plus rapide l’hydraulique en fonction de la vitesse d’ouverture de la vanne ou de la courbe de charge du constructeur (il ne s’agit pas, en plus, de casser le matériel ! )).

Je ne parle même pas des modèles d’optimisation qui permettent le minimum de perte en ligne (un électron produit doit parcourir le plus court chemin) et agissent sur le transfert de l’énergie d’une centrale vers l’autre.

Pourtant il ne s’est rien passé de particulier, les consommateurs ont continués de consommer sans problèmes ...

Tout simplement parce que les ingé. d’EDF et de RTE on calculé l’interconnexion entre les différents producteurs pour que dans le cas de perte de l’un d’eux, le réseau absorbe cette perte (baisse tension et fréquence) sans arriver au seuil de déclenchement (ouverture des disjoncteurs de couplages, de lignes et autres). Soyons clair, la perte d’un producteur arrive de temps en temps. C’est pourquoi, dans son cahier des charges, RTE (réseau de transport électrique, filiale EDF) doit cette réserve de sécurité.

Il est noté dans le rapport RTE 2004 sur la sécurité, qu’un problème important à failli survenir dans l’est de la France, du fait de l’interconnexion avec l’Allemagne. Ce pays à eu des problèmes de perte d’éolien. Ce qui à sollicité l’ensemble des réseaux. Le seuil de déclenchement en fréquence basse à été évité de justesse à quelques millièmes d’Hertz.

Que va t’il se passer lorsqu’un gisement éolien va être en manque de vent ou au contraire (et c’est pire) lorsqu’il y aura trop de vent. L’ensemble des champs éoliens d’une région va arrêter de produire. C’est simple ! Si la puissance perdue par l’éolien est supérieure à la réserve de sécurité, on ouvrira les disjoncteurs de ligne pour protéger le matériel. En clair, les consommateurs ne pourront plus consommer faute d’électricité.

Que l’on ne nous dise pas que le manque de vent ou les vents violents, c’est rare. Il suffit de voir les cartes de vent de météo France pour s’en convaincre.

Un autre problème technique voit le jour.

Si, par chance, les incessantes coupures d’énergies éolienne n’entrainent pas de coupures de courant, ce n’est pas pour autant anodin... Nous vivons dans l’ère informatique, c’est normal et ont y fait même plus attention pourtant, nos laves vaisselle, laves linge, micro-ondes et autres réfrigérateurs ou fours en sont pourvus, que dire de nos ordi, et de nos homes cinéma et autres... Sauf que tout ce matériel est alimenté, pour leur majorité, par des alim. à découpage et qu’elles supportent mal des variations de fréquences ou de tensions. Rassurez vous, elles ne lâcheront pas instantanément sur le premier arrêt d’un parc éolien, (quoi que !!!) mais on peut être sur que le temps ou on gardait un téléviseur 15 ans est révolu.

Il ne faut pas oublier que si les éoliennes sont pilotées par le dispatch HT, elles sont raccordées aux réseaux 20Kv. Soit au « plus près » des consommateurs...

On à le choix : soit on remplace, soit on met un onduleur... dans les 2 cas on paye.

Pour des raisons économiques :

Quel est le problème d’EDF. En gros l’augmentation de notre consommation est de 8 à 9 TW/h/ans. Ce qui revient à disposer d’une puissance électrique supplémentaire de 1GW/an. On a exporté environ 63 TW/h en 2005, ce qui représente une puissance électrique (théorique) de 7 Gw. Le problème c’est la répartition dans le temps. Il ne faut pas oublier les heures de pointes qui nécessitent plus de puissance électrique. Donc les 63 TW/h exportés sont issus des heures creuses. L’argument qui consiste à dire : on a 7 GW elec. de disponible, utilisons-les plutôt que de construire des éoliennes, tombe.

Oui mais, pour autant, règle t’on le problème avec les éoliennes ? Non ! bien sur et pour les même raisons :

Au lieu de construire des producteurs qui utilisent de l’énergie primaire instantanée, il faut au contraire, construire des producteurs qui utilisent de l’energie primaire stockée (type barrages hydro électriques) et c’est là ou se pose le problème économique.

Pourquoi :

Si on regarde les graphes de conso. fournit par RTE, on s’aperçoit que la valeur des pics de conso. en heure de pointe peut dépasser les 20 Gw. Construire 17 Gw d’éoliennes comme prévu dans le PPI (plan pluriannuel d’investissement de RTE) est inutile, couteux, ne règle rien les jours sans vents etc... ce plan permet tout juste de vendre un peu plus d’électricité à nos voisins en heure creuse.

Si au contraire, on ce donne les moyens de stocker l’énergie, c’est gagné car le seul objectif que doit avoir EDF est d’assumer la conso. en heure de pointe.

Comment :

a) Il faut construire des barrages.

b) Il faut construire des champs d’éoliennes pour alimenter les turbines qui amènent l’eau dans ces barrages (dans le plus mauvais des cas on utilise le nucléaire la nuit (comme la Suisse).

c) Aux heures de pointes, on turbine cette eau pour produire de l’électricité.

Et si on a été prévoyant, on turbine l’eau vers un lac inferieur, ce qui évite de perdre cette eau (cela s’appelle faire du Step (enfin en France parce qu’en Suisse ou en écosse, il ne l’appelle pas, mais ils l’ont fait et ça fonctionne)) .

Construire des parcs éoliens de 20 Mw est à la portée de beaucoup de monde (surtout avide de faire de l’argent), construire un parc éolien de plusieurs centaines de Mw pour alimenter des turbines qui remplissent un barrage, c’est uniquement à la portée de gens compétents et financièrement, c’est très lourd (donc pas à la portée des Sarl de promoteurs d’eoliennes).

Cela devient d’utilité publique donc EDF serait le maitre d’œuvre.

Voilà un projet cohérent qui répond à un vrai besoin, celui d’avoir un stock d’énergie.

4 projets de 3 Gw électrique répartis sur le territoire, régleraient définitivement le manque d’énergie en France pendant les heures de pointes. Ces projet pourraient contribuer à limiter les inondations due aux pluies d’automne (Vallée de l’Hérault par exemple, les Cévennes ne sont pas très loin et une des vallées pourrait être équipée).

Fini la gabegie avec les sociétés privées qui plantent des éoliennes par-ci par-là avec comme seul objectif la marge (d’ailleurs financée par subvention, donc avec notre argent).

Voilà un moyen de stocker l’energie du vent...Il est vrai que le montant d’un tel chantier devient conséquent. Avec 2 milliards de dette, la France pourrait enfin ce décider à investir dans des projets économiquement crédibles plutôt que de jeter notre argent par les fenêtres.

Mais est-ce si cher ?

Une éolienne de 1Mw coute au français 1 million d’€ (environ). Sachant que l’indice de fonctionnement d’une éolienne est d’environ 25% , 1 Gw électrique éolien utile revient donc à environs 4 milliard d’€ en n’oubliant pas l’essentiel, c’est que cela reste de l’énergie aléatoire. (pour comparaison, Je crois que l’EPR est facturé à 3 milliard d’€ pour 1.6 Gw (utile) !!!)

L’autre alternative.

Il existe une autre solution qui est celle de la production individuelle. Son avantage, c’est de pouvoir stocker et donc également, effacer un maximum les conso. en heures de pointes EDF. Certes, elle est loin d’être économique mais elle est fiable et règle le problème de l’énergie en France du moins pour quelques années. Et la je ne vais pas réécrire tout ce qui à été dit sur le photovoltaïque ou sur le petit éolien.

Oui ! mais,

Cout du Kw/crête photovoltaïque installé = environ 10 000€ soit ramené au Mw = 10 millions € soit proportionnellement, 2.5 fois plus cher que le grand éolien.

Décidément, voilà un débat qui est loin d’être clos...


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