Contrairement à certains je suis assez d’accord avec cet article, même si son titre me laisse songeur. Une « revanche », certes, mais sur qui ? Sur les carences du PS lui-même sans doute. En effet, personne n’a obligé les caciques du parti socialiste à se confondre dans une guerre de succession qui dure maintenant depuis 1988. C’est peut-être ce qui est le plus éclatant dans ces campagnes (investiture et présidentielle), aujourd’hui les fameux courants ne représentent plus rien ou presque, y compris au sein même du PS.
Revenons un peu en arrière pour expliciter cela. Madame Royal, même si elle compte des relais efficaces dans l’appareil, est arrivée à se faire investir sans avoir à proprement parlé de courant. On connait l’antienne voulant qu’elle ait pris le PS par l’extérieur mais cette thèse n’est là que pour conforter un fonctionnement qui finalement est rejeté par une grande partie des militants du PS. Mitterrand n’avait pas lui-même de véritable courant. De fait, nous avons pu constaté que deux des courants les mieux structurés du partie socialiste ne représentent pas plus de 40% des militants et gageons que celui de François Hollande doit avant tout à un réflexe légitimiste que suscite sa position de secrétaire général.
Autre élément : le jeu pernicieux de ces courants durant la campagne présidentielle en elle-même ne peut que renforcer la défiance à leur égard. Il faut bien constater la trahison de la « jospinie » envers le PS avec les Allègre, Védrine (qui aujourd’hui éructe sur le fait que Sarkozy veut un ministère des affaires étrangères faible parce que ce n’est pas lui le ministre) ou encore l’ineffable Besson. Mais les autres ne sont guère mieux lotis quand on se souvient de l’attitude ambiguë de DSK quand Bayrou lui faisait des appels du pied ou encore l’absence de Fabius durant cette campagne. Ce dernier est certainement le moins condamnable.
Se rajoute à ce passif récent, le fait que ces courants sont à la source même du fait que le PS ne travaille plus vraiment depuis le début du 2ème septennat de Mitterrand, date à laquelle s’est déclenchée une guerre de succession qui a aujourd’hui pratiquement 20 ans.
Le résultat et la situation dans laquelle se trouve le parti socialiste leur est autrement plus imputable qu’à Royal. Il n’est un mystère pour personne qu’elle n’a jamais vraiment su se faire une place dans ce fonctionnement. On la dit trop « individualiste » pour cela. En ce sens, il apparait évident, en plus de la légitimité qu’elle tire de cette campagne, qu’elle est aujourd’hui la plus à même de mener cette refondation. Il me semble qu’elle a compris que c’est la condition sine canon pour l’emporter. Il faut ajouter qu’elle n’est pas celle qui refusera un combat à l’issue de laquelle les perdants n’auront qu’une alternative : se soumettre ou se démettre et donc de faire preuve de responsabilité politique.