De grâce, cher Monsieur, ne vous laissez pas abuser par la propagande de « Sortir du Nucléaire » et/ou de Greenpeace ! La réalité de ce prétendu pic d’uranium est la suivante.
Les réserves avérées d’uranium naturel sont de 4 à 6 millions de tonnes et les spéculatives de 16 à 20 millions de tonnes. Au taux de consommation des réacteurs existants dont le nombre ne croîtrait plus, mais que l’on renouvellerait systématiquement, ces réserves représentent 300 ans de consommation.
Une multiplication par 8 de leur nombre - un minimum pour faire face à l’accroissement prévisible de la consommation -, d’ici à 2050, épuiserait, en effet, ces réserves aux alentours de 2070.
Oui mais voilà, si l’on fait appel à la régénération pouvant indifféremment brûler de l’uranium et un thorium en très grande quantité sur la planète, ces réserves sont tout à coup multipliées par 200 et par un facteur beaucoup plus important si l’on fait appel à la surgénération. Parmi les réacteurs correspondants - classés dans une 4 ème génération de science fiction dans la conscience collective - il en est un que la France exploitait avec 30 ans d’avance : le surgénérateur SuperPhénix qu’un pouvoir politique éclairé a tout bonnement envoyé à la casse aux frais du contribuables... Facture finale proche de 20 milliards d’euros !
Une majoration du financement des 300 REP d’au moins 25 % pour démantèlement ? Vous avez probablement accès à des chiffres qu’EDF elle-même ne connaît pas encore. Mais, peu importe : même en y incluant ce supplément, il est incontestable que le prix de revient du kw.h nucléaire est le moins cher de tous ; et le provisionnement pour démantèlement est bel et bien inclus dans ce prix ! Alors je vous pose la question : si la capacité de production de ces 300 réacteurs s’avérait néanmoins requise, dans quel autre outil de production, forcément plus cher, proposez-vous à nos compatriotes d’investir ?
Pour le reste, la tonalité de votre discours me désole. Ce sont des considérations philosophiques que seuls les riches peuvent se payer, bien entendu, en ne les faisant suivre d’aucune résolution pratique concrète. Vous dites ne pas vous résigner et ne pas accepter le fatalisme. Soit. Qu’allez-vous faire concrètement... personnellement ?
Je vous propose de tenir votre discours aux Indonésiens, aux Indiens, aux Chinois et même aux Brésiliens.
Lorsque la guerre vous est déclarée, il ne sert plus à rien d’en déplorer le caractère ignoble : il faut la faire ou mourir. Et je ne veux pas que mes enfants et mes petits-enfants meurent, ni même qu’ils deviennent les vassaux d’un nouveau pouvoir économique mondial, asiatique.
André Pellen