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Commentaire de jc durbant

sur La violence des images : une continuité historique


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jc durbant 19 mai 2007 05:25

« Faut-il rappeler que la civilisation chrétienne s’enracine dans la représentation d’un supplicié ? Et quel supplice ! Que penser aujourd’hui de cette image de torture offerte à tous les regards depuis vingt siècles à travers l’Occident chrétien ? »

Beau contresens de Ford apparemment (contexte ?) sur le fait, central et décisif pour nos sociétés occidentales, du dévoilement de la violence que, comme l’a montré René Girard, seul produit le judéo-christianisme alors que le mythe lui la maquille toujours.

De même que, contre le point de vue des persécuteurs du mythe, seul le judéo-christianisme prend systmatiquement le parti des victimes.

Ce qui, bien sûr, n’exclut pas par la suite des dérives de ce dévoilement originel ...

Voir la réponse de Michel Serres à René Girard :

"la première vraie nouvelle vint d’Abraham, notre ancêtre, au moins adoptif, qui, appelé par l’ange du Seigneur (Genèse, XXII, 10-13), arrêta son poing au moment où il allait égorger Isaac, son fils. Cela montre, mieux encore, qu’Agamemnon et Jephté avaient sacrifié leur fille de gaieté de coeur et cachaient cette abomination sous le prétexte du hasard et du premier venu, comme d’autres ailleurs, le dissimulaient dans la nuit, à l’occasion d’un orage. La pitié, la piété monothéistes consistent, nouvellement, en l’arrêt du sacrifice humain, remplacé par la vicariance d’une victime animale. L’éclair de la violence bifurque et, miséricordieusement, épargne l’enfant.

La deuxième vint de la Passion de Jésus-Christ ; à l’agonie, celui-ci dit : Père, pardonnez-leur, car ils ne savent ce qu’ils font. Ici, la bonne nouvelle porte sur l’innocence de la victime, l’horreur du sacrifice et le dessillement des bourreaux aveugles.

Vous dites aussi que le dévoilement du mécanisme victimaire en a usé le remède. De fait, nous ne disposons plus de rituels pour tuer des hommes. Sauf sur nos écrans, tous les jours ; sauf sur nos routes, souvent ; sauf dans nos stades et nos rings de boxe, quelquefois. Mais, j’y pense, cette loi souveraine qui nous fit passer du meurtre à la boucherie, cette loi, dis-je, qui dérive notre fureur de la victime humaine à la bête, notre violence ne la dérive-t-elle pas, aujourd’hui, sur ces objets dont je viens de dire qu’ils sortent, justement, de nos corps, par un processus copié de votre mimétisme ? Voici quelques semaines, nous connûmes en France, pour la seconde fois, des révoltes sans morts, des violences déchaînées sans victimes humaines. (...) la violence collective passa, jadis, de l’homme à l’animal et, maintenant, de la bête, absente de nos villes, à des objets techniques. Parmi ces révoltes fument des chevaux-vapeur."

http://jcdurbant.blog.lemonde.fr/2005/12/25/2005_12_ren_girard_un_n/


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