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Commentaire de

sur La partie ou le tout ?


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19 mai 2007 10:56

M. Bilger

Je reviens de nouveau vers vous parce que votre texte est vraiment très intéressant. Et plutôt que de louer ses qualités (ce que je fais en mon for intérieur), je préfère critiquer certains passages.

Je comprends que la repentance et l’autopunition vous exaspèrent, comme elle ont exaspéré nombre de nos compatriotes. De même, le contemporain ne peut juger l’Histoire ; il ne peut que constater. Il n’en demeure pas moins qu’on ne peut ignorer les méfaits de certaines conceptions, qui perdurent encore aujourd’hui. La France a un devoir de mémoire qu’elle ne peut dissimuler, et s’honorerait de reconnaître symboliquement, une fois pour toutes, les errements de son passé. C’est une des clefs de son avenir.

Peut-on appréhender globalement le Réel ? L’intelligence humaine procède par analyse comme par synthèse, mais il est impossible d’exercer conjointement ces deux mouvements de la pensée humaine. Autrement dit, l’homme sera toujours sot, même le brillant d’entre eux. Et l’addition des intelligences humaines ne saurait restituer l’appréhension de la réalité car la synthèse « globale » n’est pas l’addition d’analyses ou de synthèses individuelles. Il est donc impossible d’appréhender une vision globale de la réalité.

Sarkozy aspire certes à la plénitude et a semble-t-il, cru très tôt à une destinée. Cette particularité n’est pas incompatible avec le calcul, et on ne saurait ignorer qu’il est impossible de parvenir à son niveau sans machination. L’agneau, même s’il est plus brillant que le loup, n’a aucune chance de réussir son entreprise.

Vous dites que « la pratique classique, en politique comme ailleurs, consiste à adapter son esprit au rôle qui vous a été assigné ». Tout dépend à quand vous remontez la pratique classique. De Gaulle, Mitterand et d’autres avant eux n’ont pas pratiqué la politique de la manière que vous dénoncez justement. Sarkozy sera-t-il l’un de leurs pairs en la matière ? Peut-être. Peut-être pas. En effet, notre nouveau président semble avoir bien compris (comme Bayrou) l’aspiration des Français à dépasser le clivage gauche/droite. Pour autant, la sincérité de l’action demeure inconnue d’autant que celle-ci reste tributaire de la volonté des hommes à appliquer les directives données. Or tout groupe humain, qu’il soit ou non conduit par une direction légitime et puissante, n’applique pas le message directif dans sa totalité. D’où les nombreux rappels à la règle.

Sarkozy peut certes « aller chercher la réalité partout où elle se trouve », mais il peut également répondre fictivement aux appels des Français, les suborner pour mieux transformer le pays à son image, qui ne serait pas forcément celle qu’attendaient les Français.

Sarkozy ne choisit pas mais cumule. Il s’agit là d’un réel problème qui se posera bientôt dans ses propres rangs et pourrait conduire à la mauvaise gouvernance. Un homme politique, un dirigeant, doit faire des choix clairs. Il ne peut réunir la chèvre et le choux sous peine de n’avoir ni l’une ni l’autre ou de tromper l’une ou l’autre.

Vous êtes indubitablement honnête et brillant. Mais ce sont là deux qualités qui peuvent vous tromper dans l’appréhension d’autrui et la capacité de l’humain à dissimuler sa sincérité. Il est possible de tromper un psychiatre comme il est possible de tromper un polygraphe. Cela ne passe pas forcément par le discours.

Je termine en rappelant que « gouverner c’est prévoir » et proposer un projet clair de société. Un homme politique qui se respecte ne doit pas répondre aux attentes de ses électeurs mais il doit être pédagogue et leur ouvrir la voie vers une société nouvelle. Je crains que Sarkozy ne soit trop prisonnier d’une vision « pipolesque » de la politique, comme semblent le montrer ses rapports avec les nouveaux « conseillers politiques » que sont Johnny Halliday et Doc Ginéco !

Bonne journée


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