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Commentaire de poetiste

sur La campagne des présidentielles de 2007 : rénovation de la vie politique ou simulacre de modernisation ?


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poetiste poetiste 20 mai 2007 23:59

Intentions anxiogènes

La politique, c’est inquiétant. Pourquoi ? Parce que chaque citoyen n’est pas en prise directe avec ses propres intérêts à court et long terme aussi bien sur un plan individuel que sur un plan collectif, les deux devant pour le mieux se rejoindre dans le long terme. Si c’était le cas, la République serait adulte, il n’y aurait pas de manipulation possible, de politique politicienne. La politique plutôt que d’être une gestion bien partagée des problèmes de tous, opère, de son côté le plus pervers, une captation des éléments les moins bien informés en usant d’une démagogie systématique. Ceci laisse libre champ à des ambitions qui n’ont pas nécessairement le souci d’une responsabilité pour le bien de tous. C’est donc à une lutte d’influence à laquelle on assiste et c’est ce caractère aléatoire dû au manque d’informations et de formation de la majorité des gens qui est inquiétant. La méconnaissance est exploitée par les plus politiquement incorrects, le clivage gauche droite, dans la compétition, accentuant la propension à cette incorrection. Le nivellement des masses par le bas permet aux plus politiciens de parvenir à leurs fins. On a entendu, dans cette campagne ce qui pouvait rendre le citoyen plus éclairé, plus responsable, plus citoyen, du côté de Madame Royal. C’était une idée intéressante mais qui arrivait trop tôt pour qu’elle fût comprise par une majorité. La France n’est pas sortie de cet esprit d’assistanat, de revendications, concomitant au désintéressement de la chose politique, à la délégation de ses propres responsabilités. La France plaignante vote pour la concentration du pouvoir alors qu’une France responsable est censée voter pour plus de démocratie, avoir confiance en des responsabilités partagées. On pourrait attendre de politiques de gauche qu’ils n’entrent pas dans la problématique de la compétition de gagner pour gagner mais sachent envisager une victoire à long terme en travaillant à la prévention. S’il y a des dissensions au sein de la gauche, des culpabilisations par rapport à une défaite, c’est bien regrettable. La prévention est mille fois plus difficile que la répression pour plusieurs raisons ; elle demande une grande mobilisation et elle n’opère pas de séduction auprès des personnes plaignantes et pusillanimes, celles que l’on manipule par la peur. L’esprit de répression est gagnant mais jusqu’à quand ? Jusqu’à ce que le peuple français, qui a voté massivement, se rende compte qu’une passion ne peut être que passagère et que les vrais problèmes ne se règlent pas en un jour par un vote à droite ou à gauche. Le pays a une véritable introspection collective à faire, suivie d’un effort soutenu pour un changement positif des comportements. Nous-nous sommes laissés dépasser par l’insoutenable, l’exécrable exclusion, oubliant complètement notre devise inscrite aux frontons des mairies. Si des Français sont abandonnés à ce qui est contraire à cette devise de liberté égalité fraternité, comment voulez-vous qu’ils se reconnaissent Français ? Cette identité doit retrouver son sens dans le partage sinon, on ne règlera rien du tout. Quel homme politique de droite ou de gauche peut comprendre sans la vivre, l’angoisse de ne pas pouvoir subvenir aux besoins des siens quotidiennement ? La politique spectacle fait oublier le devoir de solidarité ; les joutes oratoires ne donnent pas l’exemple du partage. La sacro-sainte propriété privée cimente toute dynamique de partage. Peut-on imaginer un politique usant de toutes les ficelles de la démagogie pour parvenir au pouvoir et se transformant comme par miracle en bon samaritain une fois sur le trône ? Au bas de l’échelle il y a une phrase qui revient souvent : « on n’y croit pas ». C’est bien d’angoisse qu’il s’agit, de l’impossibilité de vivre, de participer à son propre destin. On peut décourager des personnes abattues mais décourager des personnes qui ont repris espoir, c’est beaucoup plus inquiétant. Une politique participative suppose des biens partagés. Après le vote massif, je compte sur un réveil massif des consciences. Un mendiant assis sur le trottoir faisant la manche ; un jeune de banlieue oisif qui me dit : « c’est la mort, ici », tout cela me dit la température de la politique de notre pays. Il y a des maux dans la générosité qui transforment ce mot en gênée morosité. En sortir, c’est partager ; tout le reste est littérature. Il y a des évidences à retrouver.


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