Article fort intéressant mais qui, à mon sens, ne prend pas suffisament en compte le côté commercial d’un média. Peut importe l’info pourvu qu’elle fasse vendre. On met de l’huile sur le feu, on crée artificiellement des polémiques le temps d’un cycle qui se révèle de plus en plus court... et on passe à autre chose parce que l’intérêt du public s’émousse vite (Biafra, Ethiopie, Darfour, que sont devenues ces régions sinistrées ?). Il n’est qu’à voir comment on propulse des envoyés « spéciaux » sur le terrain d’un pays dont ils ne parlent pas la langue, dont ils ignoraient les problèmes deux jours avant, pour réaliser les abîmes dans lesquels l’information tombe souvent. Se pose le problème de la profession journalistique (on ne peut pas tout connaître en effet) et de la confisquation de la parole par des professionnels de l’écriture qui sont rarement des spécialistes des sujets traités. La solution ? Je pensais que « Le Monde Diplomatique » l’avait trouvé en insérant, non pas des journalistes, mais de vrais spécialistes des sujets proposés. Se pose également le problème du rapport entre l’intérêt constaté et le sujet traité. Mais qui fait la poule et qui fait l’oeuf ? Le public ne se lasse-t-il pas d’un sujet quand il est habitué à en changer aussi souvent, quand il est formaté à ne jamais trop l’approfondir ? Et, de plus, il n’a pas le choix ! Quand on sait ce que contiennent les dépêches d’agence, il est édifiant de constater que la presse traite exactement les mêmes sujets au mêmes moments en délaissant les mêmes autres sujets. Comme si les journaux se mettaient d’accord entre eux, ou encore possédaient des espions chez les concurrents pour leur souffler les infos qui feront la une. Alors, pas de place pour une presse différente ? Je n’en suis pas si sûr mais il faut oser, en prenant un risque financier (on en revient toujours là).