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Commentaire de Bernard Dugué

sur Radicalisme révolutionnaire, la nouvelle opposition ?


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Bernard Dugué Bernard Dugué 21 mai 2007 22:10

Perdu pour perdu, autant rester philosophe et écrire. Mon analyse n’est pas si idiote, pour preuve cette tribune sur le centre radical publiée dans Marianne

L’impératif de la République : le Centre républicain radical Par Stéphane Baumont, ancien premier vice-président du Parti Radical, Gérard Benhamou, ancien secrétaire national du Parti Radical, et Alexandre Dorna, ancien secrétaire national du Parti Radical de Gauche.

L’existence du Centre est une pièce indispensable au bon fonctionnement de la République. On peut en voir la preuve du « manque de Centre » à travers l’envie de le faire exister qui est partagée aussi bien par Nicolas Sarkozy pour sa majorité présidentielle que par les responsables socialistes les plus enclins à moderniser leur propre parti et ses alliances.

Pour autant, la question de l’existence du Centre reste une énigme non résolue dont la solution est pourtant simple puisque arithmétique ; mais la question de sa nature se pose simultanément et elle exige de la clarté et du courage. On le voit quand François Bayrou réunit 18 % au premier tour présidentiel qui reste inutile ; en effet une légitimité d’expression momentanée reste morte sans élus pour faire vivre une force politique dans la durée. On le voit aussi quand Jean-Michel Baylet, Président des Radicaux de Gauche, appelle, à la sortie d’un entretien avec Nicolas Sarkozy, à la réunification des deux familles radicales mais ne peut maintenir sa proposition sous peine de perdre à gauche ses élus comme Bayrou a perdu les siens à droite.

Il faut que la question de la nature du Centre soit clairement établie. Au fil des années, la démocratie chrétienne s’est localisée sur son aile droite par des aménagements raisonnés de ses valeurs. Aujourd’hui, une partie des successeurs du socialisme sont prêts à recréer l’aile du centre gauche en rompant avec l’alibi d’un humanitaire mondialiste qui restera le refuge des idéologues archaïques ou des révolutionnaires de salon. Mais au Centre, c’est la volonté du radicalisme par des lois prospectives et leur pédagogie, qui a fait de la République une utopie pragmatique et qui a réalisé la société républicaine. On le voit quand, à chaque élection, les grands candidats vont puiser leurs références dans ce gisement d’idéaux moteurs d’actions. Cet acteur et médiateur manque encore et le Centre sera donc aussi Radical ou ne sera pas, faute de quoi il abandonnerait à tous les populismes des principes devenus seulement cosmétiques. Mais la famille radicale, divisée par le vieux prétexte de l’alliance désormais obsolète avec les communistes, a deux appareils partisans qui ont déjà semé tant d’orphelins entre leurs deux routes et qui, empêtrés dans leurs marchandages, ont démontré pendant trente ans leur incapacité à réussir ce qu’ils appellent la « réunification ». C’est donc par les militantismes de base que les républicains radicaux en appellent à la création de « Comités de Réunion », partout où c’est possible, pour réincarner leur famille, selon ce que le philosophe Alain appelait « le citoyen contre les pouvoirs ».

Il ne reste alors que la question de l’arithmétique. On l’a vu, le premier tour de la présidentielle ne sert à rien le lendemain ; il ne donne que l’illusion de l’expression proportionnelle de toutes les opinions des Français et le deuxième tour passe à la trappe celles qui ne se prêtent pas à l’addition forcée sur deux noms. Il en sera de même au lendemain du premier tour des élections législatives immédiates. Une fois de plus, le premier tour laissera la Chambre des Députés incomplète et le deuxième tour donnera deux tiers des sièges à un tiers des voix, laissant à des millions d’électeurs désormais sans députés, au mieux l’amertume de la sous représentation, au pire celle de la non représentation.

Présidentiel ou législatif, il n’y a pas de scrutin national qui rende toute leur expression aux Français. Au nom de la stabilité ce mal est donné pour nécessaire mais dangereusement, il évacue le droit au contre pouvoir du débat politique légitime vers l’irrationnel des médias et de la rue ; la république aboutie recule devant la démocratie simplifiée. Cependant, dans sa lente avancée vers une république pour tous, la France dispose déjà de scrutins où les voix ont un sens et un résultat proportionnel à leur nombre : les élections municipales, régionales, européennes. Dans ces élections, les candidats ne peuvent exister que grâce à des listes liées avec les électeurs par des contrats d’idées et non en solitaires, otages capables de changer de postures pour une assurance contre l’angoisse de leur devenir. En attendant des élections législatives modernisées, c’est donc par là qu’il faut commencer pour unir les Républicains Radicaux et faire exister un Centre libre de ses alliances sur des programmes précis. C’est cette méthode qui fera reconnaître la nécessité d’un scrutin législatif ultérieur ouvert par la proportionnelle et conduira à une expression d’un Centre digne et volontaire dans une Assemblée Nationale qui réduise enfin l’écart « entre le Pays légal et le Pays réel ».

Républicains radicaux -valoisiens, de gauche, orphelins du radicalisme- la longue marche doit commencer pour la Réunion ; elle ne durera pas cinq ans.


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