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Accueil du site > Tribune Libre > Radicalisme révolutionnaire, la nouvelle opposition ?

Radicalisme révolutionnaire, la nouvelle opposition ?

Actuellement, la vie politique et intellectuelle semble en panne de doctrine. Seul le pragmatisme semble tenir la corde parmi les politiciens, surtout ceux du camp des vainqueurs du 6 mai 2007. Comment définir cette doctrine ? Au risque de simplifier, le pragmatisme est la doctrine qui colle de près aux tendances d’un système mu par l’économie, le marché, la production, la technique, la satisfaction la plus efficace des désirs. Le pragmatisme explique ce qu’il faut faire ou, à défaut, explique ce qui a été décidé au nom de la gouvernance convenable. Le pragmatisme est-il plus de droite que de gauche ? Difficile de répondre. Mais une chose est sûre, Nicolas Sarkozy a emporté les élections présidentielles en se réclamant du pragmatisme tout en prononçant des discours franchement de droite. Si on admet que Tony Blair est de gauche, alors on conviendra qu’un pragmatisme de gauche est concevable. Mais honnêtement, je pense que le fond réunissant Blair et Sarkozy est bien plus substantiel que la teinte politique, si bien que la droite et la gauche semblent n’être qu’un habillage du pragmatisme, du moins, chez nous en France, si on considère la majorité actuelle et le PS entre relookage à la Royal et rénovation à la DSK-Rocard. Le cas du MoDem de Bayrou n’est pas classé puisque c’est une nouvelle formation construite sur une UDF elle aussi pragmatique. Qui n’est pas dans le pragmatisme ? Sans doute la gauche dogmatique.

Le véritable enjeu politique pour ces prochaines années se déterminera non pas sur la base des politiciens, programmes, partis, prestations médiatiques, mais sur un travail de la pensée. Il appartient aux intellectuels de clarifier le cours du monde, d’en expliciter les tendances et pas qu’en surface, carrément dans le champ métaphysique où apparaît la logique essentielle sous-tendant cette domination du pragmatisme. Quels sont les individus qui servent le système, ou s’en servent, alors que nombreux sont desservis ? Pourquoi cette évolution depuis trente ans ? Et la seule question qui vaille : il y a-t-il une alternative au pragmatisme qui ne relève pas du dogmatisme ? Il est sans doute acquis qu’en ces temps de crise idéologique, le dogmatisme n’est qu’une forme, les uns diront déviée, les autres d’opposition, de pragmatisme.

L’arrivée au pouvoir de Sarkozy s’est faite dans un contexte politique tendu où les lignes ont bougé. Il faudra attendre le résultat des législatives mais, d’ores et déjà, on pressent la crise interne au PS largué par Bernard Kouchner, la fragilité d’un MoDem qui devrait peiner à trouver sa place dans la campagne qui arrive. La fébrilité d’un Jean-Michel Baylet, responsable des Radicaux de gauche délestés de Bernard Tapie, traduit cette recomposition politique. Signe de retours historiques où le mur du temps se lézarde pour laisser ressurgir de vieille doctrines trouvant dans les secousses sismiques actuelles la brèche pour ressurgir. Quelle est l’actualité du radicalisme, mouvance politique prenant racine dans les siècles passés, dont les idées se retrouvent chez Voltaire et Condorcet ?

A ce stade de réflexion, d’aucuns feront remarquer que le pragmatisme n’est pas condamnable. On pourrait très bien concevoir un pragmatisme au service de la déconsommation et la décroissance. En vérité, le pragmatisme est une doctrine de l’efficace, du faire. Tout dépend ensuite pourquoi on veut faire, on veut agir, gouverner, vivre, travailler. Peut-on penser que des choix peuvent être proposés ? Entre le développement des puissances de travail supposant celles des formations techniques dans un contexte de pression économique et un développement des facultés humaines, spirituelles, liées aux savoirs non seulement techniques mais aussi philosophiques, littéraires, esthétiques ? La grande question anthropolitique est la suivante : Y a-t-il antagonisme entre le choix pragmatique actuel (incarné par Bush et Sarkozy) et le développement de l’humain dans un sens spirituel ?

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Un court détour sur l’histoire politique s’impose. Au moment où le centre a tenté de bouger les lignes, alors que le mouvement démocrate s’apprête à faire une fausse couche, soyons attentif aux signes, au positionnement, plus qu’aux partis. Le radicalisme a été à l’origine de pratiques politiques alliant le sens de l’initiative privée, la garantie de la propriété et la solidarité nationale. Il a construit un ensemble de dispositifs, notamment fiscaux, pour rééquilibrer la répartition des revenus et faire en sorte que celui qui donne à la société par son activité et ne reçoit pas assez puisse recevoir un peu plus, et inversement pour celui qui reçoit trop relativement à ce qu’il donne (c’est d’ailleurs la base du solidarisme de Bourgeois, alternative à la lutte des classes marxiste). Bien évidemment, ces préceptes peuvent sembler naïfs à notre époque où le marché régule le travail et les revenus. Pourtant, on peut y voir le principe d’une opposition face à la rudesse du pragmatisme qui arrive.

Sur le plan symbolique, on rappelle que Léon Bourgeois, président du Conseil en 1895, démissionna face à l’opposition du Sénat à son projet d’impôt sur le revenu, mesure emblématique du solidarisme. Or, avec les mesures voulues par Sarkozy, visant à réduire la progressivité de l’impôt et d’instituer un bouclier fiscal, c’est le principe du solidarisme qui est mis en cause. Tous les politiciens ancrés dans le radicalisme l’ont remarqué, notamment au centre. Le résultat du 22 avril et les 19 points de Bayrou en sont le résultat pour partie.

Une question sur le radicalisme. A-t-il un avenir ou bien son retour n’est-il qu’une dernière sortie historique avant que le pragmatisme capitaliste n’enterre définitivement les anciennes doctrines pour cause d’obsolescence ?

En un coup d’œil sur l’axe des temps, nous pouvons comprendre ce qui s’est passé récemment. La France a écrit entre 1940 et 2007 une période de son histoire. Cette prestigieuse nation s’est trouvée face à un destin de résistance face à un système totalitaire à la puissance meurtrière jamais égalée dans l’Histoire de l’humanité. Après la Libération, deux mouvances se sont opposées, le gaullisme et le communisme, les deux se revendiquant de l’héritage de la Résistance. Du coup, le socialisme français a péché par excès de collectivisme à ses débuts, puis après 1981, un chassé-croisé entre droite et gauche sous la présidence de deux personnalités assumant cet héritage, Mitterrand et Chirac. Evidemment, d’autres nations ayant une histoire différente n’ont pas vécu ce schème politique unique au monde et dès la chute du mur, l’Europe et le monde ont pris le plis du pragmatisme économique. Sarkozy assume la sortie de cette Histoire (1940-2007), bien qu’il s’en réclame pour un usage cosmétique.

Une formule dit que les vainqueurs écrivent l’Histoire. Ne pourrait-on inverser cette formule, un peu comme Foucault renversa celle de Clausewitz, et dire que ceux qui parviennent à écrire l’Histoire deviennent les vainqueurs, à l’âge démocratique. Mitterrand et de Gaulle, des écrivains. Sarkozy ? Non, mais un habile scénariste, un merveilleux acteur qui a fait rêver les Français et une équipe de seconds rôles correcte, avec de bons metteurs en scène et des cadreurs impeccables. Le scénario socialiste, plutôt flou, n’a pas été bien reçu par les figurants de l’Histoire que sont les électeurs.

Voilà donc une conclusion qui se dessine peu à peu, prenant en compte la toute-puissance du national-capitalisme géré par Sarkozy et un entourage UMP allié aux affairistes. Le national-capitalisme, c’est la concentration des richesses par une caste qui peut s’affranchir pour partie des règles du travail et vivre une vie démente alors que pour une vie décente, les plus précarisés doivent opter pour le tout-travail. Prenant acte de l’éclatement d’un PS explosé par les tendances économiste et pragmatique des puissants (système dont il ont bien profité, eux et leurs amis de gauche), et d’un MoDem en voie de collapse congénital faute de positionnement clair et substantiel, quelques intellectuels en ce pays se demandent si une autre Histoire est possible en convoquant une réactualisation, voire une transfiguration du radicalisme, qui pourrait insérer les aspirations de Mai 68 et des années suivantes. Il est en effet de notoriété presque publique que les loges maçonniques, héritières des doctrines humanistes, n’ont pas su intégrer les promesses de cette nouvelle société, ni saisir les richesses spirituelles en germes parmi les gens. L’amour du pouvoir, du confort, et l’affairisme ont semble-t-il emporté cette vénérable institution. Les prochains maçons n’ont pas besoin de tablier.

Les lignes ont bougé parce que les frontières étaient brouillées. Cet affrontement gaullistes-communistes, puis PS-RPR, puis PS-UMP, a clarifié les choix électoraux pendant trente ans, mais cette clarification a été accompagnée de brouillages. Sarkozy a tenté de débrouiller la situation. Il a donné l’impression de le faire. Son appareil œuvre pour une certaine idée de la société. En face, il n’y a pas d’alternative radicale. Alors s’il n’y en a pas, à nous, citoyens épris de liberté, de spiritualité, d’humanisme, de solidarité, d’inventer ce radicalisme révolutionnaire du XXIe siècle.

Oui, la solution de cette alternative repose autant sur l’état des consciences que l’aptitude des écrivains à faire bouger les lignes intérieures des âmes, puisque les lignes objectives ont tremblé et que la tectonique des recompositions est amorcée. Il manque au radicalisme révolutionnaire une doctrine. C’est la seule alternative authentique au pragmatisme de Sarkozy décliné selon les principes du national-capitalisme visant à l’asservissement du peuple au profit d’oligarques et de stars.

Ce n’est pas simple, en effet, que d’être radical révolutionnaire, car il faut construire, s’investir, trouver les failles du systèmes et servir la lumière qui filtre des consciences affranchies, des âmes nobles et vertueuses capables de s’opposer à ce système apparemment moral mais véritablement sans vergogne, incarné par le pouvoir en place. Il faut aussi prendre en considération la nouvelle donne technique, celle des hypertechnologies, celle du XXIe siècle, si bien que le principal obstacle au destin affranchi de l’homme, c’est cette technique et ceux qui en jouent pour asservir le genre humain et en profiter. Sans prendre note de cette conjoncture, il est certain que toute aspiration humaniste risque de rester lettre morte.


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25 réactions à cet article    


  • zets zets 21 mai 2007 11:02

    bayrou, radicaliste révolutionnaire ?


    • Bernard Dugué Bernard Dugué 21 mai 2007 11:05

      Je ne pense pas, mais comme je ne lui ai pas posé la question...


    • La Taverne des Poètes 21 mai 2007 11:54

      Un pragmatisme déconnecté du dogmatisme, c’est bien s’il s’agit de se détacher du dogmatisme qui prétend imposer une vérité universelle et du système clé en main qui va avec. Mais c’est mauvais si c’est pour se déconnecter de toute perspective historique (rejet de la repentance et, avec, du pardon...), de l’humanisme (et il ne sert à rien pour ce gouvernement d’invoquer ce mot en toutes occasions comme pour endormir les esprits), de la richesse de la culture et des idées (identité nationale)...


      • La Taverne des Poètes 21 mai 2007 11:59

        Le radicalisme du MODEM consiste à proposer des députés qui ne voteront pas les lois les yeux fermés en appliquant une discipline stricte de parti : toujours oui si l’on est dans la majorité, toujours non si l’on est dans l’opposition. Un parlement non soumis au dogmatisme des partis, c’est du radicalisme.


      • chamoniard 21 mai 2007 11:57

        Le réalisme ne peut être la nouvelle panacée.

        1)Comment estime-t-on la réalité du chômage, en premier lieu, et de la pauvreté, en second lieu (et ce ne sont que deux exemples) ?

        2) Comment estimer un miveau de vie ? Les chiffres ne suffisent pas : quand j’explique à un sino-philippin les prix du logement et de la nourriture (voire de l’énergie, etc), il en est effaré, au point qu’avec 600€ de revenus il vit mieux là-bas qu’avec quatre fois plus en France.

        Il y aurait encore bien des questions, mais la principale est bien celle-ci : Si LE REALISME EST UNE ABSOLUE NECESSITE, COMMENT L’ATTEINDRE ? Comment connaître la réalité


        • CAMBRONNE CAMBRONNE 21 mai 2007 12:02

          BONJOUR MONSIEUR DUGUE

          Le pragmatisme c’est Guizot : Enrichissez vous , c’est Pompidou aussi. Ce n ’est intellectuellement pas satisfaisant mais les doctrines politiques ?

          Nous en avons quelques exemples en tête et qui ne sont pas trés lointains , je ne vous ferais pas l’injure de les citer .

          Je préfère le pragmatisme avec autant que possible une vision pus lointaine que la prochaine élection mais surtout pas de doctrine .

          Vive la république quand même .


          • La Taverne des Poètes 21 mai 2007 12:08

            Le pragmatisme est ici la doctrine de ceux qui ne comprennent pas les doctrines et se montrent incapables d’incarner une politique à dimension historique, visionnaire et humaine. En ce sens, on peut dire que le sarkozysme est un pragmatisme borgne.


            • Bernard Dugué Bernard Dugué 21 mai 2007 12:21

              Pragmatisme non pas borgne mais borné, avec des oeillères


            • La Taverne des Poètes 21 mai 2007 12:27

              Oui mais je disais « borgne » pour les raisons que l’on sait... smiley


            • La Taverne des Poètes 21 mai 2007 12:25

              Le pragmatisme chez Sarkozy se manifeste bien souvent par l’attachement à l’argent et au pouvoir. Il se traduit par des incohérences forcément : la morale lui fait déclarer dans Le Figaro que Christian Vanneste ne sera pas investi par son parti (le député UMP auteur de l’amendement sur les bienfaits de la colonisation, et condamné pour avoir déclaré l’infériorité morale des homosexuels) mais il le présente dans la 10ème circonscription du Nord, par pragmatisme ! « Christian est un homme de terrain (...) Il a le soutien des militants locaux » (Thierry Lazaro, secrétaire de l’UMP-Nord) : pragmatisme toujours ! Au diable la repentance, soit, mais au diable la moralité ?

              Nous en aurons d’autres des déclarations vertueuses (trop ?) proclamées la main sur le coeur et des contradictions aussitôt après. C’est aussi cela la politique de courtes vues, le pragmatisme borgne du sarkozysme.


              • CAMBRONNE CAMBRONNE 21 mai 2007 13:47

                TAVERNEUX et Bernard DUGUE

                Je suis éffaré par le mépris que vous jetez à la face de ceux qui ne pensent pas comme vous .

                Taverneux méfiez vous , depuis des semaines vous vous plantez dans toutes vos prospectives ? continuez .

                BAYROU votre réfèrence n’a pas fini de faire Pchitttt ;

                Vive la république quand même .


              • Bernard Dugué Bernard Dugué 21 mai 2007 17:32

                Où voyez vous du mépris de ma part. J’exprime mon désaccord et mon inquiétude de citoyen face à l’arrivée au pouvoir de Sarkozy, cet homme actif au bras longs

                Tribute to Antoine and Johnny, vous allez apprécier, Cambronne

                Sarkozy, bras longs mais idées courtes !


              • Francis, agnotologue JL 21 mai 2007 12:45

                Bon article. Mais concernant le pragmatisme, ne jetez pas le bébé avec l’eau du bain.

                L’opposé du pragmatisme ce n’est pas (seulement) l’idéologie, c’est (aussi) l’opportunisme.

                Je m’explique : Le dogmatisme est relatif au sacré, l’idéologie est relative aux valeurs humaines. Le pragmatisme est relatif aux faits scientifique. L’opportunisme est relatif aux rapports humains.

                Lisez : « Portrait de l’homme d’affaire en prédateur éd. La Découverte ». On y trouve illustrant l’essai, le portrait de nombreux hommes d’affaires : ces gens ne sont ni des idéologues, ni des pragmatiques. Non, ils laissent cela aux ingénieurs. Ces gens sont des opportunistes qui ont eu de la chance et du culot.

                Le pragmatisme est le contraire de la pensée magique, qui ignore les relations de cause à effet, pensée qui sied parfaitement aux nantis, puisqu’ils n’ont eu qu’à vouloir.


                • Francis, agnotologue JL 21 mai 2007 13:44

                  «  »Le pragmatisme est le contraire de la pensée magique, LAQUELLE ignore les relations de cause à effet, pensée qui sied parfaitement aux nantis, puisqu’ils n’ont eu qu’à vouloir"

                  nb. Cette pensée magique (les superstitions, la connaissance de « recettes »), sied aussi aux déshérités. C’est ainsi que fonctionnait (très bien) le « Sud », avant l’abolition de l’esclavage.


                • Francis, agnotologue JL 21 mai 2007 18:43

                  Pensée magique ? Savez-vous qu’en Australie le gvt a appelé à la prière, afin de faire venir la pluie ?


                • LE CHAT LE CHAT 21 mai 2007 14:53

                  Jennifer voit la révolution dans le refus de la constitution européenne et du mondialisme exacerbé , avec ce chant révolutionnaire : « ma révolution , porte ton NON » smiley smiley


                  • Sulim 21 mai 2007 15:00

                    Il me semble qu’il y a méprise sur François Bayrou qui n’a rien d’un radicaliste révolutionnaire mais plus d’un démocrate chrétien qui aurait redécouvert le manifeste du MRP :

                    "Nous voulons une révolution.

                    Nous voulons une Révolution qui permette avant tout une élévation morale et spirituelle de l’ensemble des hommes

                    Nous voulons une Révolution qui garantira à chacun le droit de vivre dans la sécurité et la dignité

                    Nous voulons une Révolution qui fera de la démocratie politique et sociale une pleine réalité

                    Nous voulons une Révolution qui donnera à la France les moyens de réaliser totalement sa destinée."

                    (Extrait du manifeste du MRP).

                    Reste que le Modem cherche a resuscité la troisième force de la IVe république (l’alliance des socialistes, des démocrates chrétiens et des radicaux contre les partis anti-système : PCF et RPF).

                    La politique que doit construire le modem pour le XXIe siècle est celle d’un libéralisme humaniste contre l’anti-libéralisme de l’extrème gauche ou le libéralisme matérialiste de la nouvelle droite.


                    • CT 21 mai 2007 16:59

                      Justement le pragmatisme de Sarkozy c’est le libéralisme humaniste et par ce système et pour le peuple, il rend obsolète et inutile le dogmatisme pur et dur et la gauche socialiste. Les intellectuels peuvent se taper la tète contre les murs, c’est le chemin de ce debut du 21 siècle.


                      • Bernard Dugué Bernard Dugué 21 mai 2007 17:29

                        C’est bien ce qui m’inquiète, ce long sommeil des intellectuels et leur lent divorce avec les politiques de gauche, d’où ce billet.

                        Quant au pragmatisme humaniste de Sarkozy, permettez-moi de ne pas y croire. Mais attendons la suite.


                      • Nicolas Nicolas 21 mai 2007 17:21

                        Il me semble que le Socialisme comme la Sociale-démocratie on échoué, faute de financement durable. Rien ni Personne ne peuvent les financer. C’est triste à dire, mais c’est ainsi. Et toutes les réflexions du monde n’y changeront rien. Surtout qu’en plus, les gens commencent sérieusement en avoir marre du matracage fiscal. Dés lors la gauche devra, comme dans les autres pays, se revendiquer surtout de symbole capable de fracturer la société, et plus d’un autre modéle économique, si elle veut donner de l’espoir au Peuple de Gauche. Bref sur le fond, le PSF de demain sera le RPR d’il y a 20 ans (le Chirac des années 86, pas celui de gauche de 95/2007), avec quelques gadgets.


                        • arturh 21 mai 2007 18:22

                          La seule issue pour la gauche est de repenser la question de la démocratie.


                          • torr-ben 21 mai 2007 21:59

                            Ne te fatigue plus à philosopher Dugué ! Notre siècle a perdu le sens... C’est le triomphe de la matière et de l’absurde. Matière de droite ou de gauche ? Matière. C’est pas Lénine qui disait « s’il y avait eu un François D’Assise » ?


                            • Bernard Dugué Bernard Dugué 21 mai 2007 22:10

                              Perdu pour perdu, autant rester philosophe et écrire. Mon analyse n’est pas si idiote, pour preuve cette tribune sur le centre radical publiée dans Marianne

                              L’impératif de la République : le Centre républicain radical Par Stéphane Baumont, ancien premier vice-président du Parti Radical, Gérard Benhamou, ancien secrétaire national du Parti Radical, et Alexandre Dorna, ancien secrétaire national du Parti Radical de Gauche.

                              L’existence du Centre est une pièce indispensable au bon fonctionnement de la République. On peut en voir la preuve du « manque de Centre » à travers l’envie de le faire exister qui est partagée aussi bien par Nicolas Sarkozy pour sa majorité présidentielle que par les responsables socialistes les plus enclins à moderniser leur propre parti et ses alliances.

                              Pour autant, la question de l’existence du Centre reste une énigme non résolue dont la solution est pourtant simple puisque arithmétique ; mais la question de sa nature se pose simultanément et elle exige de la clarté et du courage. On le voit quand François Bayrou réunit 18 % au premier tour présidentiel qui reste inutile ; en effet une légitimité d’expression momentanée reste morte sans élus pour faire vivre une force politique dans la durée. On le voit aussi quand Jean-Michel Baylet, Président des Radicaux de Gauche, appelle, à la sortie d’un entretien avec Nicolas Sarkozy, à la réunification des deux familles radicales mais ne peut maintenir sa proposition sous peine de perdre à gauche ses élus comme Bayrou a perdu les siens à droite.

                              Il faut que la question de la nature du Centre soit clairement établie. Au fil des années, la démocratie chrétienne s’est localisée sur son aile droite par des aménagements raisonnés de ses valeurs. Aujourd’hui, une partie des successeurs du socialisme sont prêts à recréer l’aile du centre gauche en rompant avec l’alibi d’un humanitaire mondialiste qui restera le refuge des idéologues archaïques ou des révolutionnaires de salon. Mais au Centre, c’est la volonté du radicalisme par des lois prospectives et leur pédagogie, qui a fait de la République une utopie pragmatique et qui a réalisé la société républicaine. On le voit quand, à chaque élection, les grands candidats vont puiser leurs références dans ce gisement d’idéaux moteurs d’actions. Cet acteur et médiateur manque encore et le Centre sera donc aussi Radical ou ne sera pas, faute de quoi il abandonnerait à tous les populismes des principes devenus seulement cosmétiques. Mais la famille radicale, divisée par le vieux prétexte de l’alliance désormais obsolète avec les communistes, a deux appareils partisans qui ont déjà semé tant d’orphelins entre leurs deux routes et qui, empêtrés dans leurs marchandages, ont démontré pendant trente ans leur incapacité à réussir ce qu’ils appellent la « réunification ». C’est donc par les militantismes de base que les républicains radicaux en appellent à la création de « Comités de Réunion », partout où c’est possible, pour réincarner leur famille, selon ce que le philosophe Alain appelait « le citoyen contre les pouvoirs ».

                              Il ne reste alors que la question de l’arithmétique. On l’a vu, le premier tour de la présidentielle ne sert à rien le lendemain ; il ne donne que l’illusion de l’expression proportionnelle de toutes les opinions des Français et le deuxième tour passe à la trappe celles qui ne se prêtent pas à l’addition forcée sur deux noms. Il en sera de même au lendemain du premier tour des élections législatives immédiates. Une fois de plus, le premier tour laissera la Chambre des Députés incomplète et le deuxième tour donnera deux tiers des sièges à un tiers des voix, laissant à des millions d’électeurs désormais sans députés, au mieux l’amertume de la sous représentation, au pire celle de la non représentation.

                              Présidentiel ou législatif, il n’y a pas de scrutin national qui rende toute leur expression aux Français. Au nom de la stabilité ce mal est donné pour nécessaire mais dangereusement, il évacue le droit au contre pouvoir du débat politique légitime vers l’irrationnel des médias et de la rue ; la république aboutie recule devant la démocratie simplifiée. Cependant, dans sa lente avancée vers une république pour tous, la France dispose déjà de scrutins où les voix ont un sens et un résultat proportionnel à leur nombre : les élections municipales, régionales, européennes. Dans ces élections, les candidats ne peuvent exister que grâce à des listes liées avec les électeurs par des contrats d’idées et non en solitaires, otages capables de changer de postures pour une assurance contre l’angoisse de leur devenir. En attendant des élections législatives modernisées, c’est donc par là qu’il faut commencer pour unir les Républicains Radicaux et faire exister un Centre libre de ses alliances sur des programmes précis. C’est cette méthode qui fera reconnaître la nécessité d’un scrutin législatif ultérieur ouvert par la proportionnelle et conduira à une expression d’un Centre digne et volontaire dans une Assemblée Nationale qui réduise enfin l’écart « entre le Pays légal et le Pays réel ».

                              Républicains radicaux -valoisiens, de gauche, orphelins du radicalisme- la longue marche doit commencer pour la Réunion ; elle ne durera pas cinq ans.


                            • arturh 22 mai 2007 09:27

                              C’était la rubrique : « Chronique de la survie des sectes politiques en France au début du 21ème siècle ».


                            • Francis, agnotologue JL 24 mai 2007 10:47

                              à Torr Ben qui écrit : «  »Notre siècle a perdu le sens... C’est le triomphe de la matière et de l’absurde«  ».

                              Et un ancien directeur d’un grand quotidien a dit : « Après Sarkozy, les mots n’ont plus de sens ».

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