" Si l’expression quotidienne et banale de l’homophobie ne se résoudra pas uniquement à coup de textes de lois, il va de soi que l’égalité des droits pour le mariage comme pour la filiation est une étape fondamentale vers la visibilité et la « normalisation ».
L’évolution de la famille fait qu’aujourd’hui des centaines d’enfants sont élevés par deux parents dont un des deux n’a aucun statut légal.
Rappelons à cet égard que notre nouveau président est un fervent opposant à l’homoparentalité. Et que Christian Vanneste, condamné en janvier pour injures homophobes, est candidat CNI-UMP aux législatives.
Mais il ne sont pas les seuls. Et certains de mes confrères s’illustrent avec brio à cet exercice.
Depuis que les homosexuels n’incarnent plus la race maudite du pervers sublime cher à Foucault ou à Genet, et que leurs aspirations peuvent s’exprimer davantage en termes d’intégration, de couple, voire de famille, une nouvelle forme d’homophobie, bien plus sournoise s’énonce en effet au nom d’un savoir scientifique qui ne repose que sur des opinions et des a priori affectifs.
Les homosexuels sont des clones, atteints de troubles narcissiques, incapables de respecter la différence anatomique des sexes. Les anathèmes fleurissent et les pires catastrophes sont prédites à la société occidentale. Des psychanalystes parmi les plus sérieux se sont lancés dans une véritable croisade médiatique au nom d’une paternité symbolique menacée par le nouvel ordre homosexuel. "
Serge Hefez, Psychiatre et psychanalyste, responsable de l’unité de thérapie familiale dans le service de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent à l’hôpital de la Pitié-Salpétrière à Paris.