J’ai aussi, plus grave, ceci qui donne une idée du degré de dé-identification : Sujet de Bac technologique de 2005 sur la chanson de Pierre Perret : Lily.
http://www.sauv.net/ctrc.php?id=715
Séries technologiques : rééducation civique
Quelques réflexions sur le sujet 3, l’« écriture d’invention ».
« Lily, un an après son installation à Paris, écrit à sa famille restée en Somalie. Elle dénonce l’intolérance et le racisme dont elle est la victime. Vous rédigerez cette lettre en tenant compte des situations évoquées dans le texte de Pierre Perret et en développant l’argumentation de Lily. »
Commentaire de cet enseignant que je ne juge pas :Ce n’est pas une véritable épreuve de baccalauréat de français.
Le niveau demandé et forcément obtenu est celui d’une rédaction de cinquième. Le devoir proposé n’a aucun rapport avec le moindre cours de français, et ne procède à aucune vérification des connaissances ni du travail d’expression des deux années de lycée. L’épreuve est par ailleurs méprisante pour les élèves qu’elle prétend certifier : simple transposition d’un texte de chanson en texte de lettre - encore une ! -, conseil implicite de l’utilisation d’une langue familière voire incorrecte alors les travaux de second cycle cherchent à en écarter les élèves, impossibilité de la moindre réflexion (la matière est contrainte et orientée par le libellé et les deux lignes d’introduction du texte de Perret, et le sujet ne permet aucune possibilité de contenu dialectique ou d’exercice de l’esprit critique).
Ensuite on charge le cours et l’épreuve de français de morale : le candidat, découragé par la dissertation (libellé mal rédigé) et le commentaire (mal guidé) devait, complètement manipulé et contraint, endosser le personnage de l’immigrée somalienne (toujours mieux quand c’est une femme) victime du racisme, pour mieux « intérioriser » ses souffrances et se sentir ainsi immédiatement, pour l’avoir compris, ennemi du racisme et définitivement tolérant - le libellé liait les deux. Bref du catéchisme et de la rééducation, avec au passage l’idée implicite que le racisme n’est dû qu’aux comportements individuels qu’on va rectifier vite fait grâce au bac de français, et sans aucun rapport avec toutes les conditions sociales, économiques et politiques qui l’entretiennent. Le français évacué comme matière et récupéré comme citoyenneté bêlante et culpabilisation individuelle.
Conclusion : le but de l’opération est un devoir impossible à corriger - contenu infernal, expression à l’avenant, moral des profs en berne...