Je suis assez d’accord avec votre article qui révèle une assez bonne analyse de l’échec (ou de la demi victoire) de Ségolène.
Pourtant, il me semble que vous faites une erreur quand vous dites à propos de sa saine colère : « La sanction sociale l’a donc jugée ridicule et impertinente. ». Je suis un homme et je n’ai pas jugé la chose ainsi.
Ségolène a manqué sa réplique parce que, probablement sous lexamil, contrairement à toute attente Sarkozy ne s’est PAS énervé. C’est donc elle qui a attaqué la première, et elle a perdu parce qu’elle a monté le ton à contretemps. Un duel télévisé c’est un peu comme un duel au sabre façon japonaise : il faut être capable de rester de marbre pendant des heures en attendant fermement que l’autre attaque. Et l’autre perd.
Ségolène s’est vraiment très bien défendue en termes d’arguments. Elle est simplement tombée sur plus fort qu’elle en terme de stratégie.
La stratégie est d’ailleurs le point fort de Sarkozy. Pour le reste, on ne peut pas dire que la rupture soit bien claire.
Tout ce qu’il a proposé n’est qu’une continuation de la politique antérieure, mais en pire, je veux dire encore plus rationnelle et axée sur l’économie capitaliste à l’anglo-saxonne, alors que Ségolène nous parlait aussi de NON-rationnel (d’amour et de « cercles vertueux »).
A terme et sur le fond, c’est clairement Elle qui aurait eu raison, mais dans le monde tel qu’il est ce qui parait rationnel et immédiat pèse toujours davantage en faveur des logiques d’affrontement et de concurrence. C’est donc Sarko qui a gagné. On en paiera le prix humain dans les années à venir, car même si la réussite de sa politique économique est envisageable — et il faut souhaiter qu’elle marche !— elle ne rapportera que de l’amertume et de la confusion si les idées de Ségolène (partage plus « juste », « cercles vertueux », rapports sociaux plus humains) n’y sont pas prises en compte.