Je voudrais réagir d’une manière un peu détournée au problème qui fait débat et auquel le Modem de François Bayrou aspire à répondre, en copiant ici le billet que j’ai transmis à France Culture ce matin.
« Comme d’habitude Mr Slama voudrait nous faire prendre des vessies pour des lanternes. Selon lui »la droite est pour la liberté et la gauche pour l’égalité, et c’est une très bonne chose". Je fais très court mais tout le monde comprend.
Mr Antonio Négri, l’invité d’Ali Baddou ce matin infirmait cette vision en déclarant que la dialectique entre la liberté et l’égalité, incontournable certes, ne constitue pas le clivage de nos société mais que le réel clivage se trouve entre dominants et dominés. Cette remarque de Mr Négri rejoint l’analyse de Thorstein Veblen exposée avec clarté dans son ouvrage « Théorie de la classe de loisir », ainsi que la règle bien connue que « entre le faible et le fort, c’est la loi qui protège et la liberté qui opprime ».
De tout temps, il y a eu des dominants, grands prédateurs ou petits racketteurs. Et il est facile de démonter qu’historiquement c’est bien un clivage « dominants dominés » qui a produit ce discours droite gauche, et pas du tout l’inverse, un clivage « libertaires égalitaristes ». Les libertaires ne sont pas devenus dominants ni les égalitaristes dominés, ce sont les dominants qui sont devenus libertaires, des anarchistes de droite (bel oxymore) et les dominés qui se sont associés afin que le nombre les protège.
Le conflit entre socialisme et capitalisme n’a plus aucun sens, le clivage politique d’aujourd’hui se manifeste entre le monde du travail (dominé) et le monde de la finance (dominant). Le libéralisme mondialiste, bien que farouchement opposé à toute idée de restriction de la liberté et de redistribution, n’est ni de droite ni de gauche, bien au contraire puisque gauche et droite sont manifestement des concepts nationalistes inventés par les dominants historiques en France. Droite et gauche ne sont plus aujourd’hui des concepts archaïques cependant qu’une politique libérale est tout simplement une politique de baisse du coût du travail, peu importe comment les états s’y prennent. Le libéralisme dont la seule idéologie est de n’en pas avoir ignore la morale, les notions de gauche, de droite, de liberté, d’égalité !
François Mitterrand est l’exception qui confirme la règle : la présidence de la Cinquième république, pouvoir monarchique, ne saurait échoir à un leader de gauche appartenant nécessairement aux classes dominantes : il y aurait là comme un hiatus, une incongruité.