je voudrais faire une remarque par rapport au paragraphe en gras, en début d’article : il résume assez bien le propos du débat... mais il a un défaut, que je résumerai par un corrolaire très classique : « à partir de quelque chose de faux, on peut obtenir n’importe quoi même avec un raisonnement juste ».
je souligne donc qu’il y a deux « erreurs » dans ce paragraphe, dont l’une est d’ailleurs confirmées par la suite (discussions comprises) :
« erreur » confirmée : « tant que le recours à l’activité humaine sera nécessaire au fonctionnement de l’industrie ». erreur car, comme cela a été dit plus haut, on automatise de plus en plus, donc on devrait avoir de moins en moins besoin de travailler pour faire fonctionner notre industrie, donc le travail devrait prendre moins de place
seconde « erreur » : « tant que nous nous comporterons comme des consommateurs insatiables » : cela préjuge que le fait de consommer énormément conduit à devoir travailler plus. Or d’une part l’automatisation nous permet de consommer de plus en plus sans faire augmenter proportionnellement le travail (on pourrait même envisager qu’il baisse !), d’autre part il n’est pas nécessaire de travailler plus pour consommer plus : il suffirait de (beaucoup) moins gaspiller
pour illustrer mon propos, je reprendrais une information que j’ai entendue ces derniers jours : nous produisons de la nourriture pour 12 milliards de personnes, soit 2 fois la population mondiale. Alors conclure qu’il faut produire davantage de nourriture, et pour cela travailler plus, me parait totalement absurde : a priori on travaille déjà 2 fois trop au niveau mondial, et bien plus d’ailleurs si l’on considère la fraction de population qui gaspille le plus (en l’occurence, les pays « développés »)
En fait, peut être que si l’on passait la moitié du travail fourni à produire cette nourriture à la redistribuer aux gens qui en ont besoin, on produirait ce qui suffit et tout le monde mangerait à sa faim. Et peut-être même que pour mieux distribuer il n’y a pas besoin d’autant de travail que pour produire la moitié gaspillée de la production mondiale de nourriture...
Tout ca pour revenir sur ces « erreurs » : si l’on part du principe que l’on automatise de plus en plus, ce qui réduit le travail nécessaire pour l’homme, et de l’idée qu’en plus, si on répartissait mieux, on pourrait consommer tout autant en produisant beaucoup moins, alors on peut déduire par logique que le travail devrait prendre de moins en moins de place dans nos vies.
Mais le terme « erreur » n’est peut-être pas le plus approprié pour qualifier les hypothèses de ce paragraphe d’en-tête : on pourrait peut-être plutot parler de... politique ?
Et justement, je me demande si cette manie de dévaloriser les chômeurs, de nous inculquer que le travail c’est ce qui nous valorise, etc., n’est tout simplement pas une politique de gestion des gens, qui permet de relégitimer l’esclavage sous une forme et une dénomination plus moderne : après tout, il y a de la nourriture pour tous, mais celui qui ne travaille pas n’y a pas droit, et il est « réprimé » d’une manière ou d’une autre...