Petit RAPPEL...(suite)
[1] Media Control - 8 grands journalistes américains résistent aux pressions de l’administration Bush, par Kristina Borjesson (Éditions des Arènes, Paris).
Morceaux choisis :
LA FAÇON DONT LES MÉDIAS se sont comportés juste avant la deuxième guerre du Golfe et l’invasion de l’Irak est méprisable. Il faut remonter aux années qui ont précédé le Vietnam pour retrouver une presse aussi médiocre. Les médias américains ont gobé, régurgité et amplifié absolument tous les mensonges de l’administration Bush, à commencer par la conférence de presse qu’il a tenue le 7 septembre 2002. Ce jour-là, accompagné de Tony Blair, George Bush évoque un nouveau rapport de l’AIE selon lequel il ne faudrait pas six mois à Saddam Hussein pour acquérir la bombe atomique. Or ce rapport n’a jamais existé. Très peu de journalistes l’ont signalé à l’époque. C’était pourtant un fameux scoop : « Le président cite un rapport imaginaire avertissant de l’imminence d’un holocauste nucléaire. » Mais personne n’en a soufflé mot.
[...] Un bon exemple de ce que les médias américains peuvent produire de pire, c’est l’histoire du déboulonnage de la statue de Saddam Hussein juste après la prétendue libération de Bagdad. Tous ceux qui ont vu la photo sur Internet ont pu constater qu’il y avait très peu de monde sur la place et que c’est l’armée américaine qui a dû abattre la statue. Ce n’était qu’une mise en scène organisée pour la plus grande gloire de nos troufoins, en prévision de la campagne pour la réélection de George W. Bush. Il y a même eu un miniscandale parce qu’un soldat était monté sur la statue pour y planter le drapeau américain avant de s’exclamer : « Oh, je me suis trompé, c’est le drapeau irakien que je devais mettre. » Évidemment, ce n’était pas une erreur mais un geste délibéré. Ils voulaient deux prises de vue pour les spots publicitaires qu’ils comptaient diffuser au cours de la campagne électorale de Bush. Ils ne savaient pas encore s’ils allaient utiliser le drapeau irakien, le drapeau américain ou les deux, et ils voulaient se garder le choix pour plus tard. Tous ceux qui se trouvaient sur la place ce jour-là savaient qu’il s’agissait d’une mise en scène montée de toutes pièces pour la télévision. Pourtant, ils ont tous prétendu que l’événement avait suscité un enthousiasme énorme, que les foules acclamaient la libération de Bagdad et la chute du dictateur. On est en droit de se poser la question : qu’est-ce qui les a poussé à valider cette fable ?
John MacArthur, directeur de Harper’s Magazine :
« Le comportement des médias a été méprisable »