Les discours de Nicolas Sarkozy, c’est un peu comme à la Foir’fouille. On trouve de tout. Un patchwork contradictoire destiné à séduire le plus large public possible.
Ainsi, quand Sarkozy dénonce les réseaux françafricains, il tempère aussitôt : « Aucun pays du nord ne porte autant d’attention à l’Afrique que la France. Aucune nation n’a autant à coeur la stabilité, le développement, la réussite des pays du continent africain. » [1]
Cherchez l’erreur... Et le pillage des matières premières, l’affaire Elf, la Cogema au Niger, Bouygues au Mali, Bolloré partout ? « Il faut cesser de répéter que la France est présente en Afrique pour piller ses ressources car, à tout bien peser, c’est vrai, nous n’avons pas économiquement besoin de l’Afrique [...] La France est en Afrique avec des ambitions plus amicales. » [2]
Et Nicolas Sarkozy de s’ériger en ardent défenseur des multinationales françaises : « Bouygues, Air France, Bolloré, n’ont pas besoin de la diplomatie française pour exister et se développer en Afrique. S’ils y sont dynamiques, c’est grâce à l’ancienneté de leur implantation, ils ont cru à l’Afrique avant beaucoup d’autres. C’est au talent de leur management et de leurs collaborateurs qu’ils le doivent et à eux seuls. » [3]
Cocorico !
Nicolas Sarkozy, alors ministre de l’Économie, offrait plus d’UN MILLIARD d’EUROS de subventions aux entreprises françaises installées en Algérie, record historique.
Raison de plus pour Martin Bouygues de mettre à la disposition de son ami Sarkozy, le temps de la campagne présidentielle, son conseiller Afrique Michel Lunven. Cet ancien ambassadeur de France au Gabon était le conseiller de Jacques Foccart, principal architecte de la Françafrique.
AU FAIT, Nicolas Sarkozy entretient-il des relations avec des dictateurs africains ?
OUI. Il rencontre régulièrement Omar Bongo, dirigeant du Gabon depuis 1967. Omar Bongo, qui est à la démocratie ce que l’arsenic est à l’apéritif, déclarait récemment : « Avec Nicolas Sarkozy, il y a une différence parce qu’on est amis. Si demain il me renie parce qu’il est président, je lui dirai : “Ce n’est pas sérieux Nicolas’’. [...] Je crois que le fondement même de la Françafrique restera, quitte à l’améliorer. » [4]
Si c’est lui qui le dit...
Nicolas Sarkozy est par ailleurs ami de Denis Sassou N’Guesso, parvenu à la tête du Congo par un coup d’État.
Il soutient également la monarchie marocaine de Mohammed VI et le pouvoir militaire de Bouteflika.
Pour s’introduire auprès des oligarchies africaines, le candidat gaulliste s’est entouré d’un directeur de campagne de premier choix : l’ancien bras droit de Charles Pasqua, Claude Guéant, spécialiste des questions africaines.
RESUMONS : Nicolas Sarkozy est ami d’Omar Bongo, apôtre des multinationales françaises, conseillé par un ancien du « réseau Pasqua ». Mais il se déclare « contre la Françafrique ».
Ah, les élections et leur festival de promesses !
De quoi méditer sur ce proverbe africain pour les semaines à venir :
« Ne te laisse pas lécher par qui peut t’avaler. »
[1] Bénin, 19/05/2006.
[2] Jeune Afrique, 05/11/2006.
[3] Africatime, 20/05/2006.
[4] NouvelObs, 18/02/2007