Bonjour,
J’ai transmis vos questions au Dr. Marc Andronikof (MA), chef du service des urgences à l’hôpital Antoine-Béclère, Clamart.
« A-t-on des statistiques sur les résultats des greffes ? Les taux de réussite ? »
MA : « Il est très difficile de savoir le gain réel sur la survie des transplantés. Pour la transplantation rénale, du temps où j’étais impliqué, on disait qu’on ne gagnait rien en survie mais en qualité de vie. Ce qui est certain, quand cela marche et le temps que cela marche. J’ai vu des gens transformés par leur greffe rénale et des gens qui n’en pouvaient plus des complications des immunosuppresseurs et regrettaient la dialyse. »
« Y a-t-il eu des évaluations objectives, notamment sur le gain réel, par rapport à d’autres traitements ? »
MA : Pour les transplantations des organes vitaux (comme pour les dialysés du reste) il faudrait tirer au sort les malades (ceux qui seront transplantés contre ceux qui auraient un traitement sans transplantation). Cela n’a jamais été fait me semble-t-il. Ce qu’on sait c’est que dans des cas manifestement désespérés, (hépatite fulminante, cardiomyopathie terminale) la transplantation réussie évite une mort à courte échéance.
Il y a des statistiques officielles de survie après transplantation à 1, 5 et 10 ans par organe (mais non comparatives comme je le disais).
« Comment peut-on parler de don alors que l’on est tous déclarés a priori donneurs ? Ne devrait-on pas parler de devoir ? D’impôt en nature ? Ce procédé ne peut-il s’apparenter à un procédé de renversement de la charge de la preuve ? »
[Catherine Coste] : Je crois que le terme juridique invoqué en cas de refus est : « inversion de présomption » (puisque le consentement présumé est inscrit dans la loi en France. « opt out » est le terme anglo-saxon pour cette forme de consentement, qui s’oppose au consentement explicite, dit « opt in »).
« La nécessité d’’opérer’ d’urgence le ’donneur’ pour préserver l’intérêt du receveur, ne nuit-elle pas à l’efficacité des soins dont il aurait pu bénéficier ? »
MA : « Il est évident, et ce n’est nié par personne, que les soins au ’donneur’ sont profondément modifiés lors de l’optique d’un prélèvement. C’est tout à fait incompatible, à mon avis, (et ce devrait être l’avis de tout philosophe et de tout médecin honnête) avec une prise en charge médicale ’éthique’ ».
« N’arrive-t-il pas qu’un accidenté soit maintenu en survie artificielle, le temps de trouver un receveur ? Autrement dit, l’intérêt des ’donneurs’ n’interfère-t-il pas avec celui des receveurs ? »
MA : « Le ’donneur’ perd sa qualité d’être humain, de malade, il est réduit à l’état de ’moyen’, de pourvoyeur d’organes. La qualité de relation médecin/malade est par là totalement pervertie puisque le médecin ne poursuit plus le bien de celui qu’il a en charge. Au mieux, on est au pire de l’acharnement thérapeutique. Je ne comprends toujours pas que nos philosophes et chantres de l’éthique à tout crin n’aient jamais exposé ’ex cathedra’ ces considérations simples. Ce silence est lui aussi scandaleux. »
« Ne peut-on voir dans toutes ces dispositions la main des lobbies des professions concernées ? L’intérêt des receveurs et celui des lobbies étant a priori convergents ? »
MA : « Pour les lobbies : oui, oui et oui. Si vous supprimez la greffe, c’est tout un pan de l’économie suisse et mondiale qui s’effondre et des services hospitaliers, et des nominations etc. etc. »
« Le ’donneur’ est-il toujours anesthésié ? »
MA : « Le ’donneur’ est anesthésié, c’est aussi ouvertement écrit dans les manuels : pour empêcher les sautes de tension, les contractions musculaires etc. tout cela sur quelqu’un de soi-disant mort ! »
J’espère être en mesure de communiquer des statistiques ultérieurement. Merci pour votre compréhension.
Salutations,
Catherine Coste