La Constitution, citée par l’auteur, déclarait avec grand bon sens et générosité que la contribution de chacun à la vie sociale, elle doit être également répartie entre les citoyens, en raison de leurs facultés."
C’est là-dessus, sur l’interprétation de l’expression « en raison de leurs facultés » que les opinions divergent. Clairement, l’expression rejette le financement des dépenses publiques par un impôt fixe par tête. Mettons pour l’instant de côté l’impôt dégressif. Mais alors, le choix est entre un impôt progressif et l’impôt proportionnel. Et, comme toute expression linguistique, il s’agit d’un hiéroglyphe qui attend son hiérophante !
Mis à part le fait que l’auteur tortille de la rhétorique pour montrer combien il est agile, on remarque surtout que la morale lui paraît être un gros mot. Est-ce une raison pour tordre la Constitution de la République ?...Sans doute.
La phrase qu’il cite ne laisse pas d’ombre. « Egalement répartie » ne fait pas de distinction entre les uns et les autres. Et comme tous n’ont pas la même fortune, les rédacteurs ont ajouté « en raison de leurs facultés », pour signifier que celui qui a dix millions d’euros doit payer, comme celui qui n’en a que dix. On ne peut concevoir qu’un paiement en pourcentage des facultés, pour respecter l’égalité de traitement. Mais chez Goldmann Sachs on le devoir moral de brouiller les cartes.
Ainsi, refusant le sens commun, l’évidence égalitaire, l’auteur amène du dégressif et du proportionnel. La première notion induit que celui qui a plus, et donc paye naturellement plus, aura une réduction. Le principe est faussé, l’égalité de traitement est brisées, les riches sont favorisés deux fois.
Et même si le degressif est inversé. Il permet aux pauvres de payer un tout petit peu moins et, surtout, aux riches de ne donner qu’une fraction très minime de ce qu’ils devraient réellement contribuer, si l’on respectait notre texte fondateur.
Ensuite, comme si c’est première sape ne suffisait pas, l’appointé des banquiers Goldmann Sachs rameute le proportionnel.
En proportion on convoque l’harmonie, pas l’égalité. La proportion est un jugement, pas un calcul. Ou comment se faire prendre à son propre piège. Ainsi la deuxième sape réintroduit le jugement, le juste et l’injuste, alors que notre docteurs es-restructurations les vouait aux gémonies. Le hiérophantes s’emmêle les hiéroglyphes.
On n’oublie pas que d’emblée, en totale contradiction avec le texte, l’auteur assène « Clairement, l’expression rejette le financement des dépenses publiques par un impôt fixe par tête. » Alors que l’article « les » signifie, à l’évidence, l’ensemble des citoyens.
Toute cette logorrhée tend, naturellement, à nous enfoncer dans la tête les idées suivantes.
Un, il ne faut pas juger de l’impôt. C’est un calcul rationnel. Il n’y a pas d’impôt juste ou injuste, juste un différentiel d’où l’Etat doit sortir bénéficiaire. Et la complexité du truc est telle que seul l’expert habilité par les personnes en charge des habilitations pourront...Juger de qui doit payer et quoi.
Et c’est évidememnt l’exercice qu’enchaine aussitôt l’auteur, dans sa démonstration parsemée de petites lettres pour bien nous la jouer rapport impartial de synthèse, genre Gaymard évaluant la faculté d’un citoyen-ministre à payer loyer sur un logement de fonction lambda.
Alors, qui doit payer ?..
Pas les ménages, si l’on reste fidèle à la Constitution que notre gentil financier s’est employé en toute attaque concertée, à bien démolir. Si l’on respecte « en raison de leurs facultés », les ménages aisés devrait payer plus de TVA.
Et bien ce n’est pas normal...Qui a dit « on est encore dans le juste et l’injuste, m’enfin !!.. » ?..Non, c’est juste pour la bonne cause. En effet, « Une imposition trop forte décourage les personnes qui produisent des services à très forte valeur ajoutée (et qui souvent gagnent bien leur vie). », nous explique l’auteur. En français normal : les riches n’aiment pas payer l’impôt, ça les agace. Imparable. On est tenté de leur répondre : « si ça vous embête, faites comme nous, gagnez des miettes. ». Mais peut-être savent-ils déjà que, si on gagne des clopinettes, on paye quand même.
La TVA frappe tout le monde, mais plus durement ceux qui n’ont comme « faculté » que de consommer le minimum, sans pouvoir faire autre chose que de se soumettre à une augmentation de 23%, bientôt, de leur budget conso déjà au cordeau. Alors que les ménages « ennuyés » par l’impôt TVA, peuvent, on va dire, « pondérer » leurs achats. Elle est donc, comment dire sans fâcher, particulièrement injuste, cette TVA. Pour les 80% de français qui ne se partagent que 55% des revenus.
Taxer les entreprises ?..Pas bon.
« Cependant, l’entreprise crée du bien-être pour les clients, le vend à un prix donné et génère des flux économiques », nous affirme sans rire l’auteur, qui ne fait pas d’extras à Disneyland, à ma connaissance. Remarquez, il n’en a peut-être pas besoin.
Donc, ça va pas le faire, en clair.
L’auteur prend même la peine de nous expliquer. Taxer les entreprises, ça équivaut à « transférer l’impôt vers les clients par une hausse des prix ». On pourrait penser qu’au moins les entreprises à grosses « facultés », multinationales et autres chaînes nationales, pourraient lisser à peine leurs bénéfices sans toucher au prix. Mais non, c’est la loi du marché, que des bénéfices ne puissent que monter et qu’en dernière instance, le cochon qui paye ne voit que des prix à la hausse. Mais trop d’évidences, tue l’évidence sans doute...
Et il continue à nous expliquer, notre expert en restructuration. TVA entreprise, pas bon, = baisse de « la rentabilité pour les actionnaires, et donc la valeur de leur patrimoine ».
Putain, j’avais oublié ! Merde ! Mon tonton qui dort sur ses placements, le pauvre ! Ca risque de baisser et il risque de ne plus toucher grand-chose, un peu moins que les 31,6 milliards d’euros de dividendes qui ont été versés par les groupes du CAC 40 en 2007 au titre de l’exercice 2006. Ca compte ! Pauvre tonton, pauvre entreprise. C’est parfaitement...injuste.
Au cas où on aurait pas compris, nous qui n’avons pas l’ontologique connaissance, mesure, habilitation de Goldmann and Sachs, on nous explique enfin qu’assujettir l’entreprise, cette entreprise qui nous livre rien moins que du bien-être (!), à la TVA nouvelle va obliger cette même entreprise à trouver des têtes aptes à recevoir la merde qui doit tomber du haut des cieux.
Et l’auteur sait où elle s’écrasera : « tout en accroissant le risque de licenciement pour les salariés ». Eh oui !... On est dans la merde, le risque va augmenter.
On crie « TVA » dans les bois, et le risque augmente. C’est comme ça. Tout seul, comme un grand. Le risque, c’est un truc concret le risque. C’est comme la télé, ou l’aspirateur, le risque. Aucune chance qu’on nous le change le risque. On va pas transformer un aspirateur en réveil. On va pas nous malaxer le risque pour qu’il vise en premier les salariés. Non, le risque c’est un truc si tellement abstrait, que c’est concret, tu vois ? C’est comme le marché, naturel tu vois, le truc. Allez, essuies-toi la gueule.
Alors qui ? QUI ?...
Ben, c’est tout simple. On se demande comment on y avait pas pensé plus tôt. Dans ma prochaine incarnation, je veux le Dharma de Goldman and Sachs.
Ben, oui quoi ! « les importations, qui, avec près de 28 % du PIB, démontrent que les Français consomment beaucoup de produits étrangers ».
Juste avant de nous clouer avec ce coin de bon sens, l’auteur a pris soin de donner le cap. Cap sur le patriotisme économique. Le président a pris « acte, et c’est historique, que la France exporte près de 27% de sa production ». On leur balance 27%, cocorico ! Et donc, il faut renforcer, muscler la croissance, submerger l’étranger. Le mieux, c’est quand même de le bouter hors. On l’aime pas l’étranger, c’est même plus du lepénisme honteux, c’est, comme dit l’ange de GS, « intéressant sur le plan de la logique ». Alors boutons, avec la TVA.
Ainsi, les étrangers vont cesser de nous bouffer la croissance sur le dos, nos entreprises vont croître et embellir ; nos salaires, nos emplois...Non, celle-là on la refait, coco.
Sur le strict plan de la logique, on s’étonnera qu’on convoque une hausse de la croissance à partir d’une baisse programmée de la consommation. Sur le strict plan des « facultés », on s’étonnera d’un appel d’air pour les entreprises cocoricos, générant un appel à dividendes en hausse et bénéfices croissants, soit programmé sans aucune incitation corrélative à hausse des salaires, ou pondération des prix, voire, soyons fous, obligations des mêmes entreprises à répercuter socialement le cadeau.
Sur le strict plan de la logique, on peut placer dans le lot des actionnaires (gros) un petit banquier comme le Crédit Agricole.
Ce banquier bien près de nos préoccupations a vu ses plus-values croître de 25%/an, depuis quatre ans, m’a avoué fièrement la chargée de clientèle qui traitait le prêt que je la suppliais de m’accorder, afin de changer ma caisse en un modèle qui roule.
Ce délicat actionnaire paye-t-il en raison de ses facultés ?...N’est-il pas « contre-productif » de s’attirer la colère des estrangers, plutôt que de, d’abord, amener à un niveau logique la contribution d’une banque comme celle-ci, que ce soit par voie de TVA, ou par pigeon voyageur, mais qu’elle paye, donc, un impôt, « en raison de ses facultés ».
Sur le strict plan quotidien, je sens que les bananes à 0, 99€, chez ED, vont augmenter.
24/06 07:34 - JPL
à l’auteur 1) S’il existe des besoins de financement, il y a plusieurs voies à (...)
24/06 07:09 - JPL
à frédéric lyon Qui va partout répétant que la TVA serait un impôt progressif... et ne se gêne (...)
20/06 14:35 - Fred
Le caractere juste ou non est subjectif. Est-ce normal que quelqu’un qui a monte son (...)
18/06 16:59 - seb48
Et les dépenses !! L’état vit au dessus de ses moyens, à qui la faute ?? Premièrement, (...)
18/06 15:04 - aurelie
Effix, le document vers lequel pointe votre lien ne classe pas les dépenses par taux de TVA... (...)
18/06 12:44 - Eponymus
Pour info, trouvé sur un blog ( http://www.koztoujours.fr/?p=376#comment-30802 ) : "Je croyais (...)
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