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Commentaire de Tristan Valmour

sur Pour un regard objectif sur la TVA sociale


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Tristan Valmour 14 juin 2007 21:15

Ti choutich moï tovaritch

Je suis d’accord avec vous sur certains points, mais le plus intéressant est d’énoncer ceux que je ne partage pas.

Ne pas comprendre les définitions philosophiques du “juste”, du “bien” ou du “mal” ne rend pas pour autant les philosophes abscons. Ils sont très clairs pour moi. A chacun sa formation. Je vais donc vous expliquer très simplement : lorsque je me brûle sur une plaque chauffante, j’ai mal. Ce n’est pas bon pour moi, ni pour tous ceux qui ont à souffrir d’une chaleur importante. Lorsque j’applique une solution apaisante sur ma brûlure, cela me fait du bien. C’est bon pour moi, comme pour tous ceux qui cherchent à apaiser leur souffrance. Ainsi, si la TVA sociale conduit à une augmentation des prix, la douleur sera inversement proportionnelle aux moyens de l’apaiser. Voilà pourquoi la TVA sociale est mauvaise et injuste. A condition bien sûr qu’elle entraîne une augmentation des prix. Mais je ne crois pas en la neutralité d’une mesure économique, sinon quel intérêt aurait-elle ?

Vous écrivez « Or, ces inégalités sont parfaitement normales dans la mesure où elles reflètent la rareté de certains talents ou aptitudes ». Tout à fait d’accord avec vous. Il faut des inégalités. Seulement, ces inégalités ont aujourd’hui dépassé toute mesure, et ne reflètent plus seulement la rareté de certains talents ou aptitudes. Une partie déjà importante - et en rapide progression - de l’activité économique est le fruit de malversations. Il faut vraiment être naïf pour croire en la réalité de la seule loi du marché. De nombreux talents ou aptitudes sont aujourd’hui incapables d’éclore. Mieux encore, les talents et aptitudes les plus reconnus ne sont plus ceux qui répondent aux besoins essentiels de l’Humanité : se nourrir, se protéger, se soigner, enseigner, nettoyer... Combien de fois le salaire de vos enseignants ou de votre médecin gagnez-vous ? N’ont-ils pas un talent et une aptitude qui devraient être autant reconnus que ceux qui font gagner de l’argent aux autres ? Votre médecin comme vos enseignants vous ont fait gagner de l’argent. Il ne faut pas non plus surévaluer les talents et aptitudes. Personne n’est irremplaçable, il y a des milliers de talents et aptitudes en latence. Et un jour on a du talent, l’autre on n’en a plus (Forgeard, Messier, etc.). Mais il est normal que dans une société qui porte aux nues la Star Ac’ on ait pris l’habitude de glorifier l’individu, de le croire irremplaçable.

Vous écrivez aussi « Or, les recettes de cet impôt devraient servir à assurer la continuité des services publics essentiels tels que la santé, l’éducation et la sécurité dont bénéficie l’ensemble de la population indépendamment de la fortune. » Ca, c’est assez malhonnête parce que vous supposez deux choses : d’abord, les services publics sont une charge, ensuite, l’ensemble de la population en bénéficie de manière indifférenciée. Vous oubliez alors de signaler que d’une part, les services publics participent de façon indirecte à la richesse du pays (et directe en ce qui concerne les SPIC), que d’autre part leur accès est différencié. Plus vous êtes fortuné, plus grande sera votre chance d’être soigné par un professeur renommé.

Vous écrivez enfin « Une deuxième approche serait de dire que l’Etat peut aussi taxer les entreprises. Cependant, l’entreprise crée du bien-être pour les clients, le vend à un prix donné et génère des flux économiques qui se répartissent entre principalement deux acteurs : les salariés et les actionnaires. » On observe bien là une déformation inhérente à votre métier qui vous conduit à vous occuper d’importantes entreprises. Permettez-moi alors de vous rappeler que de nombreuses entreprises n’ont pas d’actionnaires. Or non seulement ce sont celles (les TPE/PME) sur lesquelles pèsent les charges les plus lourdes proportionnellement à leur « taille », mais aussi ce sont celles qui bénéficient le moins des aides. Pourtant, ce sont celles qui emploient le plus. J’ajoute que le consommateur est devenu un vrai gogo qui croit aux messages iniques des publicités (encore 2 condamnations récentes pour publicité mensongère), et qu’on crée son bien-être.

La TVA sociale n’est ni un mal, ni une solution, et aucun économiste ne peut plus prévoir les effets des différents mécanismes. Ce dont on peut être sûr, c’est que la démocratie deviendra une coquille vide, que la pauvreté sera de plus en plus criminalisée, que l’Homme sera davantage réduit à sa fonction (produire et consommer), et qu’il en perdra son Essence.

Bonne soirée.

PS : malheureusement, le temps n’est plus aux poètes, il est aux gestionnaires. Pas sûr que nous ayons gagné au change.


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