Votre analyse des textes, des miens comme de ceux des autres, me servant souvent de modèle, je dois avouer que vous avez raison et qu’en voulant édulcorer une pilule que je trouvais bien amère, j’en ai fait une mignardise. 
J’aimerais donc modifier cette phrase sur l’amour que vous citez, en disant plus prosaïquement que, dans une société où la spécialisation nous rend indispensables les uns aux autres, il suffit désormais de juste un peu d’intolérance et d’animosité pour que les roues s’arrêtent. C’est une situation nouvelle, qui impose des comportements plus consensuels et confère un pouvoir de nuire énorme à toute contestation. Un pouvoir qui, en effet, peut être mortel.
Je crois, moi aussi, que toute société est la résultante de forces qui se sont heurtées le plus souvent avec violence avant de se joindre. Ce que je vois comme un phénomène nouveau, ce n’est donc pas le recours à cette violence, mais son efficacité accrue et le pouvoir de vie ou de mort dont peuvent disposer sur la société des groupes de plus en plus restreints et donc de plus en plus nombreux. Le terrorisme en est un exemple, mais ce que je veux souligner ici, c’est la fragilité croissante de la société qui rend le terrorisme superflu.
La contestation, non seulement n’a pas à prendre la forme du terrorisme pour être efficace, mais elle n’a même plus à être formellement concertée et organisée pour avoir la société à sa merci. Le pouvoir de l’individu, dans une société de complémentarité, devient si considérable que la société ne pourra s’en préserver qu’en devenant largement consensuelle. Si elle refuse, elle sera contestée avec succès par un adversaire multiforme, égrégore sans visage, utilisant l’approche décrite en réponse au commentaire précédent.
J’ai créé une autre confusion, dans ce texte, en semblant prétendre que le terrorisme n’a pas d’avenir parce que nous vivons dans une société d’amour. Je crois, au contraire, que le terrorisme est contre nature parce qu’il est une violence gratuite et qu’il va vite céder la place à un banditisme axé sur le profit personnel... ce qui est bien dans la nature humaine. C’est la thèse que je défends dans l’article « La brunante » publié aussi sur AV.
Je regrette que mon texte n’ait pas été plus clair au départ et je vous remercie de m’avoir donné cette occasion de le préciser
PJCA