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Commentaire de rodrigue

sur Droit de vote en question


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rodrigue (---.---.185.122) 1er septembre 2006 22:07

@Thierry Crouzet

Pour m’en tenir à un seul aspect mais sans doute d’importance, je partirais de cette remarque du texte initial :

« Nous vivrions dans une démocratie ? Mais la plupart d’entre nous passent le plus clair de leur temps dans des entreprises qui n’ont rien de démocratique. Votez-vous dans votre boîte ? Excepté pour les délégués syndicaux, votez-vous pour les décisions stratégiques, les recrutements, les licenciements, les promotions ? Non, ces choix s’effectuent suivant un mode plus ou moins dictatorial. Parfois la dictature est éclairée, mais elle reste dictature. Et comme dans toute dictature, les coups d’État sont monnaie courante.Alors, pourquoi la démocratie et le droit de vote ne se sont-ils pas étendus à l’ensemble de la société ? Pour moi, il y a une réponse évidente : ça ne fonctionne pas. Et pourquoi ça ne fonctionne pas ? Parce que voter revient toujours à choisir entre deux possibilités... comme si le monde était blanc ou noir. »

D’abord, rapporter les choix politiques et le vote à un choix binaire c’est quelque peu simpliste. C’est déjà contestable dans le type d’élection qui consiste à désigner des représentant(e)s mais ça l’est encore d’avantage paradoxalement quand il s’agit de consultations exigeant une réponse binaire (OUI ou NON) quand elles portent sur des CONTENUS comme cela a été le cas par exemple pour le referendum sur le traité constitutionnel européen (TCE) . Dans ce dernier cas on a vu une masse considérable de citoyens s’emparer de questions fort techniques, fortement politiques et de société, fort complexes dans un débat passionné et passionnant. Et dans ce cas si la réponse terminale était binaire la confrontation avec la complexité (non-déléguée à une soit-disant « élite ») se situait EN AMONT de la décision. Dans ce cas ce qui est binaire c’est la réponse finale mais pas du tout le cheminement qui y conduit et cet effort d’appropriation résulte de l’existence même de la consultation (combien parmi nous s’étaient intéressés de près à la chose européenne dans ses aspects institutionnels avant le referendume de 2005 ?).

Par ailleurs, considérer que l’absence de démocratie dans les entreprises découlerait du constat de son innéficacité dans les autres champs de la société c’est franchement ne pas comprendre grand chose aux enjeux politiques et sociaux et que pour des raisons de classe et d’intérêt, les détenteurs du pouvoir dans l’entreprise n’ont pas le désir de le partager et considèrent les choix stratégiques comme un domaine réservé ; hors de portée donc de toute consultation.

Mais pour prendre en compte ces aspects encore convient-il de se référer au fonctionnement réel de la société et aux contradictions qui la traversent. Comme il convient de prendre en compte les données historiques, nationales, régionales... concrétes dont la culture fait cruellement défaut aux technophiles technocrates prompts à faire table rase du passé pour une révolution au final conservatrice.

L’état de la démocratie dans notre pays (et ailleurs sans doute) est loin d’être satisfaisant, mais les chemins d’une authentique démocratie associant participation du plus grand nombre à la compétence et à la maîtrise de la complexité des problèmes à traiter ne passe pas par un retrait individualiste (fut-il réticulaire) et une abstention qui laisserait de fait les coudées franches à la main invisible du marché, aux lobbies les plus puissants et aux multinationales !


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