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Commentaire de Raphaël Zacharie de Izarra

sur Le Copyright remis en question : lettre au ministère de la Culture


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Raphaël Zacharie de Izarra Raphaël Zacharie de Izarra 2 septembre 2006 00:25

Vous évoquez avec une canaille éloquence celui qui n’a pas eu l’heur de vous plaire... Si la dignité de mon front vous offense, si la hauteur de mes vues vous dérange, si la majesté de ma tête vous indispose, bref si ma personne entière vous est chose peu aimable, soyez assuré que je ne manquerai pas de croiser avec vous la plume pour mieux rehausser mes couleurs, et faire briller et mon nom et ma chère particule qui sont mes plus sûrs lauriers ici-bas.

Je mésestime ces manières infâmes que vous avez de me considérer, propres à la plèbe. Je ne suis point de ce monde. Dans le coeur et dans l’esprit, je suis pétri de noblesse. Imbu de ma personne devez-vous penser ? Je suis très fier de moi, certes. Est-ce donc péché que de s’aimer et de se sourire à soi-même avec autant de satisfaction ?

J’incarne noblesse, poésie, rêve, aristocratie oisive et pédante. Je prétends faire partie d’une certaine élite de l’espèce française. Je suis fier, hautain, arrogant. J’ignore la modestie, la docilité, la bassesse. Plein d’idéal, je prétends donner des leçons à mes semblables moins fortunés, moins titrés et moins valeureux que moi.

Je ne vous interdis nullement de vous ébaudir en ignoble société, ni de ripailler comme un romain ou bien d’accoucher de la pensée la plus basse qui soit. Cela est votre intime liberté. C’est la mienne également que de me mieux plaire loin de cet univers malséant. Les dentelles et la soie siéent mieux à ma vie que vos petites vérités temporelles et prosaïques.

Il est vrai que je n’ai guère d’indulgence pour la gent déchue que représente la populace, la masse, le commun. Je méprise avec beaucoup de conviction tout ce qui ne vole pas haut : les sensibilités populaires, la religion du matérialisme, la culture du plaisir immédiat, tous ces idéaux temporels, alimentaires, strictement horizontaux (confort matériel, sécurité de l’emploi, assurances en tous genres). Ces affaires domestiques, vitales pour mes ordinaires contemporains ne sont à mes yeux que faux cultes, hérésies, bassesses et quêtes misérables. Moi je parle des dentelles mais surtout des richesses subtiles de l’âme.

Les nécessités temporelles tels que le boire et le manger (que mes semblables prennent tellement au pied de la lettre !) ne me touchent guère en profondeur, tant il est important de donner avant tout la parole à la poésie... Je n’ignore pas que les gens ordinaires sont assoiffés de prosaïsme. C’est certes leur droit. Et je ne leur ôterai nullement cette piètre liberté. Mais les ânes ne savent pas chanter, et le bel oiseau que je suis est bien obligé de le faire à leur place.

Qui, si je ne me faisais l’apôtre de la légèreté, de l’esprit, de la cause poétique, prendrait la parole à ma place pour dénoncer la lourdeur et le prosaïsme du monde ? J’ai le courage de revendiquer ma différence, ma particule, mon mépris, mon indépendance, ma rigueur, mon austérité. Non, je ne suis pas d’un commerce facile. Non, je ne flatte pas toujours ceux qui m’écoutent. Non, je ne défends pas les gens pitoyables. Mon rôle n’est pas là. Ma véritable affaire en ce monde consiste à éclairer les esprits et enrichir les coeurs. Dont les vôtres, triste paltoquet.

Raphaël Zacharie de Izarra


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