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Commentaire de Philippe Delbauvre

sur Droit de vote en question


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Philippe Delbauvre (---.---.67.253) 2 septembre 2006 04:49

Cet article est probablement à mon sens l’un des plus essentiels parmi ceux présents sur Agoravox. La raison en est simple : plutôt que de donner un avis sur un problème ponctuel, l’auteur prend de la hauteur et, en osant mettre en cause les idées reçues quitte évidemment à se faire rappeler à l’ordre, tire les conséquences politiques consécutives à l’apparition de la postmodernité.

La vie sous l’ancien régime fût communautaire : quelques paysans travaillant dans un champ.

L’industrialisation à engendré ‘ l’ère des masses ’ : république, fascisme, communisme. (Je ne prétends pas que ces trois modèles sont équivalents mais qu’ils postulent toutes les trois la vie collective) : le travail dans les grandes usines.

Troisième étape, l’arrivée du tertiaire voit sombrer ( dans les faits comme dans les esprits ) ces trois idéologies. (la république est morte depuis longtemps, ne subsiste que l’intitulé) : l’homme ou la femme seuls devant son écran.

L’idée du suffrage universel suppose la participation active des électeurs à la Politique, le vote n’étant paradoxalement qu’un aspect mineur. En effet, pour voter il faut comprendre, ce qui suppose une recherche documentaire quotidienne de la part de tous, conséquence de cette participation.

Est ce conforme à la réalité ? Evidemment non.

On pourrait objecter que voter c’est accorder sa confiance à un homme ou à un parti et que donc chacun pourrait légitimement s’exprimer. Ce serait ne pas tenir compte de ce que j’ai déjà écrit : ce sont justement les moins informés (c’est à dire la grande majorité) qui sont les plus manipulables. Il faudrait également au passage inclure nombre de militants dont la pensée est close.

Si d’ailleurs on est démocrate, on est bien forcé de d’admettre que le système actuel dans ses structures générales est très majoritairement accepté. Il fût une époque où dans l’opposition populaire la volonté de détruire l’ordre existant dominait (fascisme, communisme). Aujourd’hui, les démunis dans leur grande majorité n’aspirent qu’à être munis. Façon comme une autre de reconnaître que ce n’est pas le système qui est contesté mais la position où l’on où on est placé. Coluche en faisait la remarque voilà un quart de siècle avec le côté crû mais réaliste qui était le sien : ‘ Les ouvriers c’est les gentils et les patrons c’est les méchants ; et tout le monde veut être méchant ‘.

On comprend mieux l’importance accordé aux politiques à l’image. On comprend également les numéros d’équilibrisme d’un parti qui n’a de socialiste que le nom. ‘Il faut changer la société’. Combien de nationalisations ? Silence. On pourrait à nouveau m’objecter que l’on peut changer de société sans nationalisations. Voire. Un changement d’importance ne peut que passer par une modification radicale des structures économiques. Il n’y aura donc pas de changement sensible et le grand soir n’est pas pour demain. A ce titre, Ségolène Royal n’est pas plus floue que les autres présidentiables du parti. Ils pourront certes engager des réformes en cas de succès mais rien d’essentiel ne pourra être effectué, le français ne le souhaitant pas. Plus précisément, le français souhaiterait que certains problèmes soient réglés mais refuserait d’en payer le prix si la facture était présentée. Les présidentiables de tous les bords le savent, la majorité des électeurs non.

Les hommes politiques savent t-ils beaucoup ? Non. On ne me fera pas croire qu’ils connaissent en profondeur les sujets, tant ils sont divers et nombreux, qu’ils ont à traiter. C’est la raison pour laquelle ils s’entourent d’experts, de spécialistes. Qu’ils peuvent se tromper n’est pas contestable, ce sont quand même les mieux placés pour juger et statistiquement ce sont eux qui commettront le moins d’erreurs. Je commencerais à croire en la démocratie le jour où les diplômes de chirurgien ayant été donnés par un suffrage populaire, les français accepteront d’être opérés par ce type bien démocratique de spécialiste.

Le français se plaint de ne pas comprendre le vocabulaire médical ; il n’a pas à l’évidence écouté une discussion de métaphysiciens, de mathématiciens et de tous les autres. Le boucher dispose dans son espace de travail d’un nombre impressionnant de couteaux : qui en connaît les noms et les fonctions ? Pratiquement personne. Qui connaît avec tout l’investissement nécessaire que cela suppose simplement les bases de la fiscalité, de l’économie, de la sociologie, de l’armement, de la géopolitique ? Pratiquement personne.

On a le droit de contester ce que j’écris tout comme ce qu’a écrit l’auteur de l’article tout comme on a le droit d’être de mauvaise foi.

Seulement il y a problème.

Et pas qu’un petit.

Si le suffrage universel est la pire des choses (Socrate : dictature du plus grand nombre sur le plus petit), il est aussi un contre pouvoir redoutable pour les gouvernants. S’il va de pair avec la démagogie, il évite aussi la conservation du pouvoir par les élites du moment.

En quoi les alternances aux Etats Unis des partis démocrate et républicain au pouvoir marquent t-elles des changements ? Changement de politique ou changement d’équipe ? Tony Blair passera t-il dans l’histoire comme celui qui a rompu politiquement avec la dame de fer ?

Existe t-il fondamentalement une différence entre ump, nouvelle udf et ps ?

La fusion udf/rpr ne consacre t-elle pas la disparition du gaullisme et de facto de l’idée de nation ? N’est ce pas là la preuve de la libéralisation de la droite ?

Dans quel sens a évolué le parti socialiste depuis vingt cinq ans et quel est le profil de ses nouveaux adhérents ?

On pourrait y voir une contradiction avec l’analyse que j’effectuais dans la première partie : puisque la société fait consensus ou presque, il est normal que l’on constate une homogénéisation. Le problème est plus complexe : ce qui fait consensus ou presque, c’est une position hiérarchique que l’on a ou pas au sein de ce système. Chacun considère et bien à tort qu’il peut accéder à cette place tant convoitée. Les analyses socio-économiques montrent le contraire.

Il faudrait pour cela les avoir lues.

On revient à la question essentielle de la nécessaire information pour tous, condition nécessaire pour l’obtention d’une part de liberté.

On n’entame pas une partie d’échecs avec quelqu’un qui ne connaît pas les règles : question de probité.

J’ai cru entendre (certains croyaient voir un gros minet) qu’Agoravox ne faisait pas l’unanimité chez les politiques alors qu’il s’agit bel et bien d’un phénomène démocratique. Liberté oui, mais très conditionnelle.

Est ce si surprenant. ?


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