Ce n’est pas tout à fait vrai ce que vous affirmez et cela mériterait d’être vraiment creusé avec une analyse des catégories de blogs.
Dans ma thèse (en anthropologie sociale), j’ai été amenée à réagir au phénomène des blogs qui concurrençait mon objet « les communautés virtuelles de consommateurs », puisque les blogs ont pris en deux ans le pas sur beaucoup de forums, qui apparaissent comme un support désuet et qui ne renvoient pas cette idée de territorialisation chère aux internautes qui aiment à fabriquer leur espace personnel (impossible ou presque sur les forums). J’ai notamment constaté que les communautés virtuelles ont progressivement rétabli un équilibre dans la répartition homme / femme. N’oublions pas que le net est un phénomène récent en France (moins de 10 ans) et socialement encore plus jeune donc encore instable (5 à 7 ans). Il faut du recul pour apporter des éléments critiques de comparaison et des chiffres sérieux sur les pratiques. On constate dans tous les domaines une féminisation du public des Internautes français à la faveur de la démocratisation de l’internet évidemment, mais aussi de nouvelles pratiques au sein des foyers qui expliquent aussi que les femmes ne sont plus autant exclues des nouvelles technologies comme l’Internet, même si pour des raisons sociales et familiales, elles y consacreront moins de temps et auront tendance à considérer Internet d’un point de vue plus ludique et pratique, alors que les hommes l’investissent pour marquer un territoire (souvent avec les marqueurs de la virilité d’ailleurs), créer des cercles sociaux / des liens qui ne reposent pas toujours sur une base de personnes du cerle de connaissances réels.
Les blogs étaient une évolution logique de l’ère « post-tribaliste » comme l’a définie Maffesoli. La différence se fait au niveau des cercles de production réel. Les filles ont leurs « tribus », bien au-delà du collège, alors que les garçons développent parfois des comportements plus individualistes, qui expliquent que les hommes aient été assez vite séduits par les pages personnelles (pour des raisons essentiellement techniques en réalité, aux origines du web) puis par les blogs. Cependant, les blogs comptent beaucoup de femmes, notamment dans les domaines culturels en effet, simplement parce que le barrage technique ne se pose plus de la même manière. Il ne faut pas oublier la maîtrise de la technologie et l’attractivité des plateformes qui permet de cibler... Le fait que les blogs soient préfabriqués, personnalisables, explique le succès des blogs très rapide auprès des femmes, mais on remarquera toujours la différenciation sexuée des goûts, des centres d’intérêt.