C’est assez juste, dans l’ensemble. Cependant les dernières phrases laisseraient penser qu’il s’agit au fond d’un dévoiement au regard de standarts culturels. Je ne suis pas tout à fait persuadé de ca.
Je crois que ce parti-pris pour la vitesse et l’action contre la réflexion, contre la figure de l’intellectuel qui incarne aux mieux cette réflexion, s’affiche dans le vocabulaire courant qu’utilise Sarkozy et, par esprit moutonnier, dans celui de sa cour élargie.
Mais il ne faudrait pas oublier que ce choix est avant-tout calculé. Sarkozy n’est pas Devedjian et ne laissera pas ses élans de satisfaction décomplexée prendre le pas sur sa stratégie.
Le calcul est, comme souvent chez lui, il me semble, effectué au niveau symbolique.
Un langage courant peut ne rien dire, ne rien produire en termes de sens. Cependant il a une sorte de fonction phatique. Il signale l’écoute, l’écoute du Président à chaque français. De plus, il relie dans une communauté culturelle ou le jeton d’adhésion s’avère être un degré de rejet.
Degré de rejet toujours présent dans le parler « peuple », de par la connotation majeure que ce parler : exclusions de l’intellectualisme, l’intellectuel, la réflexion.
Ainsi Sarko parlant au peuple l’enferme avec lui dans le cercle de cette connotation permanente : on est pas des intellos, mais des êtres simples amateurs de solutions transparentes, carrées, rapides et directes.
Ainsi, il faut voir dans le parler relaché, comme dans les postures de Sarko au regard de la culture, des livres, une volonté, une démarche politique, plus qu’une sorte de marque identitaire.
Dans la lignée des gouvernants autoritaires, il tente de lier le peuple à lui par un lien proprement communautaire et exclusif, censé pré-exister aux mesures qu’il prend et prévenir, affaiblir ainsi les doutes sur les mesures. Sarko, c’set un gars de chez nous.
A ne pas oublier non plus que les grandes figures de l’intellectualisme des decennies récentes sont de gauche, à de rares exceptions près. La communauté du peuple Sarkozien est, donc, une communauté là encore, contre. Contre cette fraction d’individus qui semblent, incompréhensiblement, faire partie pour certains du peuple et apprécier les intellos.
Mais nous sommes là dans des constructions, des stratégies assez superficielles et impositives. La méthode Sarko, si elle a sans doute raison de tabler sur la méfiance du peuple vis-à-vis des intellos, à tort d’ignorer que ce même peuple a porté et porte encore des intellectuels dans son esprit et dans son coeur et, surtout, que son attrait pour les solutions simples ne veut pas dire que son analyse est simpliste.
Ainsi, après réflexions, maturations lentes, nul doute que ce peuple mesurera à leur juste valeur et la réalité de sa communication privilégiée avec son chef, et le souci que celui-ci lui porte, sur des actes concrets, rapidement constatables et évaluables, sans se prendre la tête.