• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile


Commentaire de Philippe Vassé

sur La morale anarchiste face à l'individualisme


Voir l'intégralité des commentaires de cet article

Philippe Vassé Philippe Vassé 7 juillet 2007 04:27

Frédéric,

L’article que vous avez écrit est d’un grand intérêt sur les origines et l’histoire des courants se réclamant de l’anarchisme.

Il a aussi l’avantage de rappeler des grandes figures de ce mouvement, qui a connu, il est vrai, son développement le plus explicite entre les années 1850 et 1939, pour cerner l’essentiel de ses apports historiques dans les processus sociaux contemporains marquants.

Certes, on peut regretter ici ou là quelques erreurs et/ou oublis manifestes : sur les positions et l’oeuvre d’Elisée Reclus et de quelques autres figures publiques, sur la place exacte des anarchistes dans la Commune de Paris, sur les positions et divergences internes dans le cours de la révolution russe et la guerre civile qui s’en est suivie, comme en Espagne (là, les oublis sont bien plus « graves » car il y a eu pour la première fois des anarchistes (gouvernementaux) qui ont bien réprimé d’autres anarchistes (non-gouvernementaux), etc....

Il y manque même les anarchistes américains (au sens continental), chinois, indiens, indochinois et japonais, que l’article aurait pu sortir d’un oubli immérité parce que se focalisant(un peu trop ?) sur la seule Europe continentale. C’est un peu dommage car cela retire de la chair vivante et un large horizon à un article humaniste et fécond en informations.

L’article aurait pu s’épargner, ce qui est beaucoup plus ennuyeux, de « mélanger » les périodes, les contextes historiques et les forces sociales en cause entre, par exemple,la révolution de 1789 et les révolutions espagnole ou russe, qui suivent ce qu’on a appelé la révolution industrielle alors que la première l’a précédée et permise, tout en mettant en place les principes démocratiques élementaires qui ont permis l’éclosion du mouvement anarchiste.

Il est des raccourcis qui, au lieu d’expliquer, obscurcissent la compréhension recherchée du lecteur...comme de qualifier Staline de « chef d’empire mongoloïde » alors qu’il est d’origine géorgienne, donc caucasienne ou Lénine de « monarque », ce que même les anarchistes de l’époque ne lui ont jamais reproché !!! Là, on verse dans les mauvais clichés passés du plus triste effet !

Comparer l’incomparable (1789 avec 1917 par exemple) manque singulièrement ici de sérieux et de profondeur historique. Ce qui tranche avec le ton et la nature très documentés de l’article.

J’ai été aussi frappé par l’absence de références aux naissances des divers courants anarchistes et aux personnalités qui les ont « façonnés ». Il aurait été utile, même en quelques mots rapides, de travailler les rapports entre « penseurs » et « militants » au sein des mouvements anarchistes, car on y retrouve bien des caractéristiques « hiérachiques » non-dites (problématique des personnalités cultivées face aux militants « sans culture » ou moins « instruits »). Ce point est abordé, mais un peu trop vite pour bien le comprendre et en mesurer l’impact réel sur les mouvements eux-mêmes.

Ceci dit, ces remarques constructives faites, j’ai beaucoup apprécié que vous ayez eu l’énergie, le courage et la patience d’aborder ce sujet complexe en un seul article. Ses manques ne lui retirent pas ses qualités intrinsèques.

Si vous rédigez un livre sur le sujet, soyez attentif à éviter les raccourcis nuisibles qui ne sont que des pièges d’apparence et surtout, c’est un voeu qui se veut fructueux pour votre étude, essayez d’ouvrir le sujet vers le monde entier car l’Europe n’est pas le centre de la Terre, même pour le courant que vous étudiez.

Bien cordialement vôtre,

PS : comme Tetsuko plus haut, je regrette le premier commentaire signé Lerma qui, outre le fait de ne rien apporter au débat, utilise un « on » qui me semble ici déplacé pour marquer son refus personnel du dialogue. Les anarchistes, comme tout courant politique, ont le droit d’exister et de concourir au débat public, que certains les aiment ou non. Il s’agit là d’humanisme vrai, d’intelligence sociale et de démocratie concrète. Et de liberté tout simplement !


Voir ce commentaire dans son contexte





Palmarès