Un véritable aficionado (né en Andalousie) qui travaille pour le même journal que moi et avec qui j’ai eu une discussion sur la corrida m’a dit qu’il n’avait pas vraiment eu le choix d’aimer ou ne pas aimer puisqu’il est tombé tout petit là-dedans (comme Obélix). Mais il a ajouté : « j’avoue que le plaisir que je prends à voir une belle corrida relève de la psychanalyse. Hélas, je ne me sens pas encore prêt à aller m’allonger sur un divan... »
Bon ; cela prouve qu’il y a aussi des aficionados honnêtes. Tous les autres nous servent un baratin débile ou écoeurant, selon les cas - et toujours mensonger.
Prenons, par exemple, la fameuse excuse du spectacle artistique. D’accord - à partir du moment où vous passez des dizaines d’années à savoir comment danser autour d’un ruminant et à le tuer sans vous faire encorner, ça peut être joli à voir et même artistique, pourquoi pas ? L’ennui, c’est qaue c’est cruel - et qu’un spectacle cruel, même artistique, reste essentielement cruel. Ne pas aimer voir tuer, c’est de la sensiblerie ? Et aimer voir tuer, c’est quoi ? Si vous apprenez pendant vingt ans à danser autour d’un mec obèse, une grosse brute sans cervelle qui n’aura pas été entraînée comme vous à ce genre de jeu stupide, vous pouvez offrir une superbe prestation, très artistique !
Seulement, voilà... c’est interdit, parce que c’est un être humain. Mais moi, les êtres humains me dégoûtent bien plus que n’importe quel animal... pour les raisons précitées, pour leur goût du massacre, pour leur prétention, leur arrogance, leur propension à s’ériger en maîtres du monde. Il n’est que de lire la plupart de ces courriers pour avoir envie de gerber. Alors, pas besoin d’être une mémère à chienchien (le meilleur moyen d’aimer les animaux, ce n’est pas d’en avoir mais de les observer dans leur milieu naturel) pour préférer les animaux, hélas !