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Commentaire de Adama

sur Big Brother et fichage génétique


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Adama Adama 11 juillet 2007 12:53

NMP, voici un texte sur ce fameux incendie :

Qui a incendié le Reichstag ? Texte du Nouvel Observateur Le 27 février 1933, Marinus van der Lubbe, un chômeur d’origine néerlandaise, mettait le feu aux poudres de l’Histoire. Ses « Carnets » lèvent le voile sur sa mystérieuse personnalité.

En marge du cinquantenaire de la mort de Staline, l’une des grandes manipulations de l’Histoire trouve son explication avec la parution de ce livre captivant dû à Yves Pagès et Charles Reeve. Il s’agit ni plus ni moins de rétablir la vérité sur un événement crucial de la montée du nazisme : l’incendie du Reichstag.

Dans la nuit du 27 au 28 février 1933, le palais est en feu. Le pyromane est vite découvert. Torse nu, sortant des flammes tel un diable, il se livre à la police. L’homme, d’origine néerlandaise, a 24 ans et se nomme Marinus van der Lubbe (1909-1934). Il est chômeur et déclare avoir agi seul pour des motifs politiques. Bien sûr, on ne le croit pas. Les nazis comme les communistes vont tenter de récupérer politiquement le forfait de l’incendiaire.

Pour les premiers, van der Lubbe est un agent des Soviétiques qui voulait déstabiliser l’Allemagne. Pour les seconds, le prétendu illuminé en rupture de parti est un simple d’esprit utilisé par les nazis qui ont monté cet incendie de toutes pièces pour faire porter le chapeau à Moscou. Bref, d’un côté comme de l’autre on se renvoie van der Lubbe, et, aux élections du 5 mars 1933, les nazis obtiennent 44% des voix et 288 députés.

En août, le « Comité international d’aide aux victimes du fascisme hitlérien » publie en quinze langues le « Livre brun sur l’incendie du Reichstag et la terreur hitlérienne », où Marinus est présenté comme « un jeune pédéraste à moitié aveugle ».

Au procès qui se déroule en septembre 1933, les deux systèmes de propagande s’accusent de menées putschistes. Marinus, l’un des cinq suspects, n’obtient que le rôle de bouc émissaire. Le 10 janvier 1934, il est décapité dans une prison de Leipzig.

Avec Brecht et « la Résistible Ascension d’Arturo Ui », Marinus entre dans la légende. Le dramaturge reprend sans aucune distanciation la version du Komintern qui fait de l’incendiaire un débile manipulé par Goering. En 1962, Fritz Tobias, fonctionnaire allemand et membre du Parti social-démocrate, publie « l’Incendie du Reichstag, légende et vérité ». L’historien amateur démonte les approximations et les montages grossiers du « Livre brun ». Au terme de son enquête, il accrédite l’idée que Marinus van der Lubbe fut le seul incendiaire, poussé par des motivations antinazies. L’ouvrage fait scandale. Via l’Allemagne de l’Est, Tobias est accusé d’être un allié des révisionnistes néonazis. Un homme, et non des moindres, le soutient cependant, Hans Mommsen, l’un des grands historiens du national-socialisme. Grâce à lui l’ouvrage paraît en langue anglaise en 1963. Pour la France, ce n’est toujours pas fait...

On appréciera donc encore plus l’initiative des éditions Verticales de nous proposer soixante-dix ans après les faits bien mieux que l’enquête de Fritz Tobias, à savoir la correspondance et les carnets inédits de Marinus van der Lubbe qui invalident la thèse du simple d’esprit, et surtout le texte intégral de sa déposition, où se manifeste son anarchisme. « Je tiens à dire que mes actes se fondent sur des motivations politiques. »

Aujourd’hui encore la thèse du complot est la plus couramment admise. Dans sa dernière édition, à l’article « Reichstag », le très sérieux Petit Robert indique : « Incendie allumé par un jeune exalté, Van der Lubbe, très probablement à l’instigation des nazis et avec leur aide . »

Texte de Laurent Lemire, LE NOUVEL OBSERVATEUR, semaine du jeudi 24 avril 2003 - n°2007 - Livres.

Photo : Marinus van der Lubbe


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