Jack Lang sur son blog, le 26 Juin 2006 :
Je ne suis pas de ceux - ils sont d’ailleurs de plus en plus rare - qui attendaient de l’intervention insolite du Président de la République, hier soir, la moindre surprise. Mais l’on pouvait attendre, à tout le moins, un minimum de lucidité. Il n’en n’a rien été. L’exécutif français est bel et bien sourd et aveugle. Seule exception : l’hyperactivisme de Nicolas Sarkozy, qui n’en finit plus d’intervenir, de verrouiller, de déborder de ses prérogatives, bref, de faire main basse sur tout ce qui tente de lui échapper. C’est un comportement dangereux dans une démocratie et qui relève de l’anachronisme. La France d’après, pour le Ministre de l’Intérieur omniprésent et omnipuissant, c’est une France d’après la république, je ne crains pas de le dire. Je ne sais pas comment l’on pourrait qualifier la dérive dans laquelle le Président de l’UMP précipite ses troupes. Mais je sais que nous lui porterons un coup d’arrêt franc et massif.
C’est heureux qu’en de telles circonstances pour la France, à proprement parler stupéfiantes, Lionel Jospin prenne la parole. La clarté et la hauteur de vue dont l’ancien Premier ministre et chef de la majorité plurielle fait preuve est une chance pour tous les Socialistes et par-delà, pour l’ensemble des forces du progrès. Si ma reconnaissance va à lui à titre personnel, il en est de même en tant que responsable du PS que je suis, et qui souhaite, sans relâche, que nos débats prennent la hauteur qu’ils méritent. Nous sommes en mesure, portés par un élan populaire, de gagner les élections présidentielles de 2007. Nous serions en mesure de remporter, dès à présent, des élections législatives ou présidntielles, j’en ai l’absolue conviction. Mais hélas, au contraire de toute démocratie moderne, notre pays est tenu par un pouvoir qui a une pratique abusive et scandaleuse des institutions, qui tient tout un pays en otage pour une rivalité à trois ou quatre. Pour en finir une fois pour toutes avec cette époque, nous devons nous garder de toute esprit de conservatisme. Et c’est bien cela qui tranche singulièrement entre les deux interventions, celle de Jacques Chirac hier, celle de Lionel Jospin aujourd’hui. De Laurent Fabius à Dominique Strauss-Kahn, de François Hollande à Martine Aubry, de Ségolène Royal à Arnaud Montebourg, d’Henri Emmanuelli à Jean-Pierre Chevènement, et la liste est si longue, nous sommes tous, au-delà de nos distinctions, portés par une conscience aigue de ce que signifie pour notre pays l’échéance en préparation. Hélas pour l’UMP, un tel casting n’existe pas chez elle : son culte du héros est sa marque de fabrique, héritée de temps autoritaires.