Un hôtel Formule 1, quelque part entre le périph’ parisien, les puces de Saint-Ouen et un échangeur d’autoroute. C’est là que la préfecture a provisoirement relogé les 70 habitants du squat de la rue de la Fraternité, à Paris, fraternellement expulsés le 2 septembre 2005.
(Un Formule 1 ? Le « boureaucrate » qui avait trouvé cette idée méritait une prime de rendement : pas de cuisine où faire à manger, aucun espace où se réunir à part le distributeur de chips, pas de riverains pour se plaindre, tout ça à un tarif imbattable. Les organisations de soutien aux familles (DAL, LDH...) leur avaient déconseillé cette solution miracle.)
Heureusement, Martin HIRSCH veillait au grain. Le bon Hirsch ! Toujours prêt à remettre de l’huile dans le moteur quand ça tousse trop fort. Avec ça, pas du genre à se faire du mauvais sang. Après l’incendie du boulevard Vincent-Auriol (un immeuble insalubre d’Emmaüs brûlé dans la nuit du 25 au 26 août = 19 morts dont 14 minots), d’autres que lui se seraient exilés dans un ashram avec un sac sur la tête.
...Après tout, Emmaüs était à la fois propriétaire et gestionnaire de cet immeuble notoirement pourri. Après tout, elle extorquait à chaque famille 400 EUROS de loyer en échange d’un entretien inexistant et de réparations jamais effectuées. Après tout, la façon dont la fondation gère son parc de logements « sociaux » est parfois plus proche d’un syndic véreux que des gentils compagnons de l’abbé Pierre...
Comme à Mantes-la-Jolie, où les HLM Emmaüs du domaine de la Vallée sont à ce point déglingués - moisissures, chauffage en panne, ventilateurs cassés, malfaçons diverses, factures EDF exorbitantes - que les locataires ont menacé de bloquer le paiement des loyers.
Mais si on peut à l’aise vilipender les marchands de sommeil, c’est une autre affaire de chercher des poux dans l’honorable tonsure d’Emmaüs.
Les médias, après l’incendie, avaient donc eu la pudeur de ne jamais mettre le HIRSCH sur le gril. À la télé, le fringant patron d’Emmaüs avait carte blanche pour expliquer dans un premier temps que, non, l’immeuble n’était pas du tout insalubre et pas du tout surpeuplé, puis, dans un second temps, que l’immeuble était certes insalubre, mais que c’est précisément son surpeuplement qui empêchait les réparations... Allez comprendre.
En bon émule de Bernard Kouchner, dont il a dirigé le cabinet sous Jospin, l’énarque Martin HIRSCH pense que le paradis est pavé de bonnes intentions. Que la misère se soigne avec des sacs de riz et des taudis inflammables. Que la défunte Constitution européenne annonçait l’avènement « d’une Europe terre d’accueil, prête à partager et à échanger ses richesses » (lire « Le oui subversif d’Emmaüs », Libé, 23/05/2005). Qu’il faut remettre les Rmistes au boulot, comme il le martèle dans un rapport remis en avril 2005 à Douste-Blazy. Ou encore que les JO de Paris 2012 auraient permis à Emmaüs de « bousculer les stéréotypes sur la pauvreté et d’être associée à une manifestation positive qui véhicule une image de performance » (HIRSCH interviewé par l’Essec, juin 2005).
Question performance, HIRSCH n’aura pas à rougir de l’incendie à Vincent-Auriol.
13/07 10:43 - Philippe Vassé
Ryan, Votre commentaire était fort instructif puisqu’il tendrait à séparer, si on (...)
12/07 18:10 - jjl
tu disais , il défendra « bientot » les travailleurs ? mettons le tout au présent... il défend (...)
12/07 17:22 - stephanemot
La pauvreté se mesure plus facilement que la misère, or Hirsch est plus expert en misère (...)
12/07 16:15 - Barbathoustra
il y a ceux qui ont choisi ce mode de vie ,si c’est leur choix, — > J’ai (...)
12/07 15:51 - Reinette
Jean-Michel Aphatie le dit lui-même : « Mon truc, c’est la cuisine » ! Au menu : (...)
12/07 14:37 - clairette
@ Maxim, Je partage tout à fait vos sentiments, et aussi votre questionnement sur les causes (...)
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