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Commentaire de Michel Koutouzis

sur Le risque, première variable du prix des hydrocarbures ?


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Michel Koutouzis Michel Koutouzis 11 juillet 2007 18:21

Le secteur de l’économie énergétique a l’habitude de constituer trois typologies de fourchettes concernant les flux pétroliers et dont résulte sa stratégie d’action.

La première, envisage un prix faible, variant entre 22 et 28 dollars le baril. Dans ce cas, on agit essentiellement, en ce qui concerne l’extraction, au sein des zones de production concentrées, et on investit dans la prospection. Dans la seconde, dite de prix moyen (35-50 dollars le baril), il s’agit de conclure des contrats sur des nouvelles concessions, la surenchère étant possible. Enfin, dans la troisième, qui se situe au-delà des 55 dollars le baril, il devient impératif de sécuriser les ressources proches, de diversifier au possible les sources d’approvisionnement et de jouer sur la concurrence, essentiellement à travers la production hors OPEC et des ressources hors pétrole, gaz essentiellement. C’est aussi dans ce cas que l’équilibre géopolitique entre les trois leaders du marché (Arabie saoudite, Iran, Russie) présuppose une neutralisation des conflits éventuels pour éviter les tensions qui mèneraient à des prix prohibitifs (au-delà de 80-100 dollars le baril). On parle dans ce cas « d’apaisement obligatoire ».

La question du « pic des réserves » (qui concernent la question du reste des réserves par rapport à celles déjà consommées) n’influe, pour l’instant, que marginalement sur les prix. En effet, les découvertes (surtout en gaz naturel mais aussi en pétrole), faites entre 1999 et 2003, « couvrent » la consommation mondiale de la même période (Voir Panorama 2005, IFP, Lyon). Cependant, cela est contrebalancé par les surévaluations des pays producteurs (essentiellement les pays du Golfe).

Par contre, les risques liés aux zones de production influent sur les prix (entre 5 et 10 % du coût total).

Plus les prix sont bas, et plus on préserve sa propre production (politique des « réserves ») et celle de son environnement proche. Plus ils augmentent et plus ces espaces deviennent « compétitifs ». Ainsi, si les prix sont bas, on extrait et l’on investit en Arabie saoudite, on conteste la suprématie russe sur son environnement proche (Caucase, Asie centrale) on peut faire pression au Mexique, voire abandonner la majorité de ses forages au profit du Venezuela (années 1960). Quand les prix montent, il devient impératif de sécuriser un espace productif beaucoup plus large sur l’ensemble du globe, et entrer dans un processus apaisant avec les pays détenteurs stratégiques (aujourd’hui la Russie par exemple).

Les pays producteurs jouent sur ces trois fourchettes pour « garder le monopole » des investissements sans pour autant casser les prix. Ce n’est donc pas un hasard si, en général, les prix sont proches du maximum d’une fourchette et du minimum de la suivante. (Aujourd’hui autour de 65-70 dollars).

Ce mécanisme, arbitrairement « fixe », se met en place entre la fin de la guerre mondiale et le premier choc pétrolier (1973). Il est donc, entre autres, l’enfant de la guerre froide, des pré- carrés (Back yards), qui impliquent la suprématie absolue des Etats-Unis sur le sous-continent latino-américain, de la France en Afrique de l’Ouest, de la Russie sur l’Asie centrale, etc.

L’effondrement du mur de Berlin, l’apparition du fondamentalisme, mais surtout la globalisation économique, changent la donne. Les alliances politiques, tout comme les oppositions frontales, cessent d’être prépondérantes : elles changent, elle baissent d’intensité et, surtout, ne déterminent plus les actions économiques. Paradoxalement, la première « victime » de cette nouvelle situation sont les pré - carrés. Cela est vrai pour la France ou la Russie, mais c’est aussi vrai pour les Etats-Unis.

Parallèlement, les marchés sécurisés existant (Arabie saoudite, Indonésie) et potentiels (Asie centrale, Malaisie, mer de Chine), perdent leur statut d’espaces « sous contrôle ». Soit à cause du fondamentalisme soit à cause de la compétition des compagnies pétrolières des pays émergeants au sein de l’industrie des hydrocarbures (Canada, Chine, Russie, Norvège, Japon, etc.), voir, des anciens pays « sous influence » et qui aujourd’hui s’émancipent (Venezuela, Brésil, Mexique, Nigeria, etc.).

En Amérique Latine, qui procure autour de 45% des besoins énergétiques des Etats-Unis, l’intégration dans cette « nouvelle donne » est spectaculaire. Elle se décline sur deux fronts. Le premier concerne les pays qui ont une industrie pétrochimique et des réserves en gaz et hydrocarbures anciens ou avérés (Venezuela, Mexique, Brésil). Leurs compagnies nationales (et parfois nationalisées) passent des accords entre elles et avec des partenaires autres que les Etats-Unis (Chine, Canada, Russie, Japon, etc).

Le deuxième, concerne des pays « nouveau venus », riches en réserves, mais dont l’économie reste très faible (Bolivie, Equateur, par exemple). Dans ce cas, la question du contrôle des réserves énergétiques, stimulé par l’ouverture du marché et d’une offre non exclusive, devient un enjeu politique primordial. Le problème qui se pose est simplifié pour la compréhension : vendre pour se développer ou garder pour les besoins futurs post développement ? La aussi le (juste) prix joue un rôle primordial pour répondre à cette question. .


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