Le travail lui-même n’est pas toujours moral. On peut travailler très dur pour élaborer des plans diaboliques. Le travail de dissimulation des vérités de la part du pouvoir américain pour rentrer dans la guerre en Irak, c’était un travail bien fait, ça a même marché à merveille. Un travail du pro, comme les américains nous ont habitué. Le travail en soi n’est ni bon ni mauvais, mais faire une éloge du travail n’est-ce pas un peu faire l’éloge du laborieux, par opposition au spontané ? La technique nous permet de plus en plus de nous décharger des tâches pénibles. Là où avant il y a eu besoin d’une armée de bureaucrates, une personne avec un ordinateur suffit. On peut raisonnablement supposer que demain les robots élimineront pratiquement la totalité du travail physique et/ou repetitif. De ce fait, toute une nouvelle conception de la vie s’impose : oeuvrer, oui, mais toujours dans le sens du moindre effort. Le travail motivé par la passion plutôt que par l’appât du gain. Les oeuvres collectives spontanées telles Wikipedia, Linux et Open source en général sont de merveilleux exemples de ce que peut engendrer un travail hors économie du marché. Et pourtant, on incite toujours nos jeunes à apprendre des métiers dont on sait pertinemment qu’il vont disparaître. Notre société judéo-chrétienne nous martelle qu’il n’y a pas de récolte sans sueur et qu’il faut faire de constants sacrifices, souffrir car Eve avait mangée la pomme, donc, il ne faut pas se la jouer relax, coco. Et pourtant tout le monde sait que ce n’est pas en travaillant que l’on devient riche, mais au contraire en faisant travailler les autres.