Il me semble que beaucoup de soi-disants citoyens, qui ne sont que des internautes dont les pratiques consistent à commenter l’actualité se prennent très au sérieux sous prétexte que leur site préféré a de bons relais médiatiques et que les usagers les plus populaires s’appuient sur des réseaux qui renforcent une prétendue légitimité, voire une action par la conviction, l’engagement.
Il ne faut pas oublier que ce type d’initiatives comme Agoravox n’est pas aussi original que veulent le laisser croire certains tenants. Qu’Agoravox et ses assimilés sont ni plus ni moins que des communautés de pratiques orientées vers l’échange d’informations (et encore que le terme est discutable, blog collectif conviendrait mieux)... Faut-il y voir un pouvoir, un danger ? C’est se prêter bien plus d’importance qu’on en a et l’utilité ne signifie pas qu’il y ait une légitimité.
Dans une culture ambiante devenue très télévisuelle et internautique et sérieusement mise à mal malgré la multiplication des médias et des sources d’informations et de savoirs, on peut s’interroger sur le nivellement par le bas des traitements critiques des informations ici ou ailleurs et regretter un manque de culture générale (notamment celle que l’on appelle « humanités »). L’enjeu d’Agoravox est simplement de valoriser les contributeurs par un système d’interaction et de reconnaissance qui emprunte aux communautés de consommateurs déjà lancées depuis 7 ou 8 ans. L’axe est un peu différent, car la ligne éditoriale consiste à traiter l’actualité quasi immédiate ; d’où aussi une grande normativité et parfois un côté creux qui est lié à la recherche du scoop, du premier qui dira que... En revanche, sur le fonctionnement, ce site n’est pas plus crédible que la majorité des autres communautés de pratiques, comme celles très en vogue qui participent au consumérisme actuel.
L’article mériterait une véritable analyse critique et sérieuse des sites participatifs et des médias dits « citoyens ».