Je profite de cet article pour vous livrer une réflexion transversale :
Que vient faire un ministère de la justice dans une démocratie moderne ? Jusqu’aux années Mitterrand, il y a eu en France un ministère de l’information, supprimé et remplacé par la haute autorité de l’audiovisuel (maintenant conseil supérieur de l’audiovisuel). Il ne viendrait à l’idée de personne de recréer le ministère de l’information.
En France, malgré la suppression de certaines juridictions (cour de sûreté de l’état, tribunal permanent des forces armées, j’en oublie peut-être...), nous sommes remarquablement pourvus en tribunaux de toutes sortes et de toutes compétences (tribunaux d’instance, de grande instance, correctionnels, cours d’assises, cours d’appel, tribunaux administratifs, conseil d’état, cour de cassation, prudhommes, tribunaux de commerce, de pêche, des affaires de sécurité sociale, et enfin conseil supérieur de la magistrature. Celui-ci ne pourrait-il pas suffire, comme le CSA suffit à l’information ?
Pour moi, la simple existence d’un ministère de la justice fragilise l’indépendance des magistrats, car si la chancellerie prétend ne jamais donner de consignes aux parquets, alors à quoi sert-elle ?
Que doit penser un magistrat devant son téléviseur, lorsqu’un ministre de la justice, après un fait divers sordide et l’arrestation des coupables, intervient devant les caméras et assure qu’il a donné toutes consignes pour que les coupables soient jugés rapidement et avec toute la fermeté qui s’impose ?
Je n’ai jamais eu l’occasion de discuter avec des magistrats, mais j’aimerais savoir si, sans ministre, ils se sentiraient orphelins ou libérés.
Merci pour l’article, Pierre, et cordialement
Fif